Droit

HERAULT - La tribune de Patrick Vignal, député « Liberté, égalité, fraternité »

« Liberté, égalité, fraternité »Il est venu le temps de faire de ce rêve…

« Liberté, égalité, fraternité »

Il est venu le temps de faire de ce rêve une réalité

« …] Mon corps c’est mon corps, ce n’est pas le tien. Tu as ton corps alors laisse-moi le mien1 ».

Cet air lancinant est malheureusement toujours d’actualité. Plus de trente ans après la campagne de prévention des abus sexuels dont est extraite cette chanson, et quelques jours seulement après que l’affaire Weinstein ait éclaté, des centaines de milliers de femmes ont rappelé qu’il n’y a pas besoin de faire partie du show-business pour se faire caresser la fesse.

Ces #metoo et #balancetonporc lancés sur les réseaux sociaux ont été suivis par des – plus ou moins jeunes – femmes et a provoqué ce que certains appellent tantôt une hystérie collective et généralisée tantôt une prise de conscience de la réalité. Ce que ces femmes revendiquent, c’est le droit de disposer à nouveau de leur corps et de marcher, courir, danser en toute liberté et dans un respect intégral de leur dignité.

Je ne vais pas commenter la tribune publiée la semaine passée et co-signée par Catherine Deneuve et une centaine d’autres femmes qui défendent une liberté d’importuner qu’elles estiment indispensables à la liberté sexuelle. En tant que représentant du peuple, je me réjouis de cette liberté de penser et de cette liberté d’expression qui permettent à des femmes de donner une opinion différente de celle qu’on entend dans les médias depuis des semaines. Elles vont d’ailleurs de pair avec celle de déranger.

Les évènements de ces dernières semaines m’ont permis, non pas de découvrir, mais de prendre conscience de la réalité du quotidien de nos concitoyennes, de réfléchir et de m’interroger : depuis Hobbes, l’homme – avec un petit h – est-il devenu un loup pour la femme ? J’espère que non, je veux croire qu’il n’est pas un animal.

J’ai appris lorsque j’étais écolier que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits2 » et qu’ « ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité3 ». Aujourd’hui, il me semble qu’il nous faut passer de la théorie à la pratique.

Mais quoi faire ? Ne plus parler à une femme sans la présence d’une tierce personne ? Enregistrer les échanges ? Proposer des stages d’immersion où les hommes seraient grimés en femmes et « lâchés » dans des environnements considérés comme hostiles par les femmes ? Transport en commun, boîtes de nuit… ?

Homme – femme, noir – blanc, gauche – droite… Plutôt que de se construire les uns contre les autres, ne pourrait-on pas mettre à profit nos différences ? La diversité a toujours été synonyme de richesse – personnelle ou économique. Il n’est pas question de créer une société lisse et aseptisée mais bien de changer de mentalité et de remettre la fraternité au cœur de nos relations.

La bienveillance envers les uns et les autres vaudra toujours mieux que la plus coercitive des mesures de sûreté. Eduquer les jeunes, et moins jeunes, qu’ils soient hommes ou femmes. Leur apprendre cet indispensable à la vie en société : le respect de soi passe aussi par le respect de l’autre et inversement, à tout âge. Se respecter c’est d’une part ne pas agresser, oralement ou physiquement, un autre individu. Mais c’est aussi d’autre part pouvoir se défendre en cas d’agression.

La fraternité est la base pour atteindre plus d’égalité. A mon sens, la question : « ferais-je cette réflexion-là / me comporterais-je de cette façon-là si la personne que je vise était de l’autre sexe ? » est un bon moyen d’y parvenir. Dans une société fraternelle et égalitaire, la liberté d’aller boire un verre en terrasse, de prendre les transports en commun, de porter une jupe, de demander une

augmentation, de rire à gorge déployée ou pleurer en public, de voyager… pourra enfin s’exercer pleinement – sans que le genre de la personne concernée importe. « Liberté, égalité, fraternité », il est vraiment venu le temps de faire de ce rêve une réalité !

1 Chanson extraite de la campagne de prévention des abus sexuels au Canada. 2 Article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
3 Article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. 

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