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Hommage à Pierre RACINE - L'aménageur du Cap d'Agde est décédé le 7 Aout dernier

Le 4 juillet 2011 Pierre RACINE fêtait ses 102 ans . Il est décédé le 7…

Le 4 juillet 2011 Pierre RACINE fêtait ses 102 ans . Il est décédé le 7 août 2011.

Tout le monde ne connaît pas cette figure emblématique du Cap d’Agde.

Pierre RACINE est né le 4 juillet 1909. Issu du Conseil d’Etat, où il était entré en 1935, il est l’un des fondateurs de l’Ecole Nationale d’Administration dont il fut le Directeur des stages de 1945 à 1956 avant de la diriger de 1969 à 1975.
Proche de Michel Debré, il devient entre temps son Directeur de Cabinet à Matignon de 1959 à 1962. C’est le moment où la Vème République se met en place et où de nombreuses réformes sont engagées. Michel Debré dira dans ses mémoires de son collaborateur qu’il était l’âme de son cabinet et pour tout dire, un autre lui-même.
Mais c’est à partir de 1963 qu’il accomplit sa grande œuvre. Il est en effet nommé cette année-là Président de la Mission Interministérielle pour l’aménagement touristique du littoral du Languedoc- Roussillon.
Pendant plus de 20 ans (en tant que Président de la Mission Interministérielle puis, de 1982 à 1986, du Syndicat Mixte d’Aménagement Touristique du Languedoc Roussillon), il sera ainsi chargé de conduire une opération d’une ampleur exceptionnelle, qui donnera naissance à 6 stations balnéaires : Port Camargue, La Grande Motte, Gruissan, Port Leucate, Port Barcarès et naturellement le Cap d’Agde.
Cette formidable aventure, il la relatera en 1980 dans un ouvrage intitulé “Mission Impossible ” qui fait depuis référence et dont nous vous proposons ici quelques extraits relatifs à l’aménagement du Cap d’Agde.

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Pierre RACINE entouré à sa droite de Jean MIQUEL et à sa gauche de Pierre BROUSSE, respectivement Directeur et Président de la SEBLI


Extrait de “Mission impossible ?”
L’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon raconté par Pierre Racine


“Le 18 juin 1963, l’aménagement touristique du littoral du Languedoc- Roussillon est décidé. Le même jour, la Mission interministérielle pour l’aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon est créée (…). Une extraordinaire aventure commence. Une aventure chargée d’inconnu et de risques (…). Tout était nouveau et l’opération se présentait comme un pari audacieux. Jamais jusque là, l’Etat (…) ne s’était aventuré lui-même dans le domaine de l’aménagement touristique et, pour son premier essai, il prétendait transformer une région toute entière, un littoral de 180 km de long. Et quel littoral !”
C’est ainsi que Pierre RACINE, Président de la Mission interministérielle pour l’aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon, introduit son propos dans son ouvrage “Mission impossible ? L’aménagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon”.

“On est libre de contester les choix qui ont été faits, mais une œuvre immense a été accomplie”.


Un aménagement, à quel prix ?
En décembre 1963, le coût de l’opération est évalué à 700 millions de francs, valeur 1963, sur la base d’une estimation très précise faite par les administrations techniques, de chacun des équipements projetés. Au 31 décembre 1979, 868 millions de francs ont déjà été dépensés, mais il s’agit cette fois de francs courants, de valeur très inégale et nettement inférieure à celle des francs de 1963. En francs constants, ces 868 millions ne représentent plus que 589 millions. Au final, écrira Racine, “l’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon (…) coûtera, en valeur réelle, une somme nettement inférieure à la prévision initiale. De quelle autre grande opération peut-on en dire autant ?”.

Au Cap d’Agde,un problème d’ordre social…
Alors qu’ailleurs, la Mission a “affaire à de grands propriétaires”, au Cap d’Agde, elle se retrouve “face à plusieurs centaines de petits propriétaires. A vrai dire, avant l’aménage- ment, la plupart se souciaient fort peu de leurs terrains, dont beaucoup étaient incultes, inondables et dépourvus de tout équipe- ment. Mais l’aménagement leur donne des idées et certains se prétendent par la suite, sans aucune justification, frustrés, écrit Racine. Nous cherchons néanmoins à les associer à notre action et à les en faire bénéficier en leur appliquant les dispo- sitions d’une loi, alors toute récente, sur le bail à construction, qui permet à l’admi- nistration de construire des immeubles sans obliger le propriétaire à vendre son terrain. Malheureusement, en dépit d’innombrables réunions avec les propriétaires, ce projet ne peut aboutir, car les mécanismes du bail à construction, imaginés pour faciliter l’édification d’immeubles d’habitation collective dans les grandes villes ne sont manifestement pas adaptés à la situation locale. Il faut donc se résoudre à faire l’acquisition du sol dans les conditions ordinaires, à des prix qui correspondent à la valeur réelle des terrains, telle qu’elle est habituellement appréciée par les tribunaux, sans la moindre spoliation évidemment”.
Le Cap d’Agde, un aménagement audacieux
“Au Cap d’Agde, le site (…) est confus et nous avons profondément transformé le rivage en faisant hardiment avancer la mer dans un sol à demi marécageux. Dans le fond, le Mont Saint-Loup domine le paysage dans un cadre de collines. Le site se présente donc comme un amphithéâtre, Jean LE COUTEUR le traite, en urbaniste de talent, et nous soumet un projet qui s’y intègre parfaitement. La ville sera construite en plans étagés autour d’un port sinueux, auquel le visiteur accède par des placettes à l’italienne et des rues piétonnières.
Pour l’architecture, il propose d’abord des maisons sans toit, en terrasse comme en Algérie, Pierre BROUSSE, Sénateur-Maire de Béziers, alors Président de la société d’aménagement du Cap d’Agde, est un farouche partisan des toits méditerra- néens en tuiles romaines et ne veut pas de terrasses à l’arabe. J’aime les tuiles autant que lui, étant moi-même Provençal, mais j’aurais volontiers laissé sa liberté à l’architecte. Nous en discutons tous puis, pensant que le président de la société d’aménagement est aussi responsable et a autant son mot à dire que moi-même, je m’incline et aujourd’hui la station a rallié tous les suffrages”.
Au final, le Cap d’Agde est tel ou presque que Pierre RACINE le décrit. 40 ans après, la station est la première de France en termes d’accueil et fait figure de proue dans l’univers des stations balnéaires méditerranéennes…

Pierre RACINE peut être fier de son œuvre.

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Commentaires

  1. Bonjour,
    Je suis en train d’écrire un roman qui se déroule à Leucate dans les années 60-70. Je suis particulièrement intéressé par le livre de Pierre Racine. Mais il est épuisé sur tous les sites internet.
    Pouvez-vous m’aider?
    Cordialement.
    Michel Barbe

    1. Bonjour, nous n’avons pas d’autres informations de notre côté et nous en sommes désolé. Nous vous invitons à voir directement avec l’éditeur. cdlt

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