INONDATION: Les malheurs de la Ville d'Agde - Volet 1 par Henri Gleizes
Ce dossier sur l'histoire des inondatiuons de la Ville d'Agde, sur les risques et…
Ce dossier sur l’histoire des inondatiuons de la Ville d’Agde, sur les risques et les solutions que nous pourrions envisager comporte trois parties qu’ Henri Gleizes a bien voulu porter à la connaissance des lecteurs d’Hérault Tribune.
Nous diffusons cette semaine la premiére partie et vous invitons à faire part à Monseziur Gleizes de vos expériences, remarques et appéciations afin que la mémoire collective s’enrichisse de l’expérience de tous.
« On classe les inondations parmi les catastrophes naturelles, mais elles résultent de l’imprévoyance des hommes dans l’aménagement des rivages – Robert Kandel directeur de recherche au C.N.R.S., membre de la N.A.S.A. et de l’E.S.A. pour l’observation de la terre »
Agde peut s’enorgueillir de « tenir le pompon dans ce domaine ».
Année 1869 : Un projet ridicule sorti des cartons de l’Administration des Ponts et Chaussée eut pour objet de diminuer la largeur de l’Hérault dans la traversée de la ville , en comblant une partie du fleuve. Ainsi disaient ces messieurs, le courant deviendra plus rapide et la rivière se creusera elle-même. Les digues furent élevées de 0,30 m seulement au-dessus de la moyenne des eaux, de sorte qu’il suffit d’une crue de 0m30, ce qui est insignifiant pour l’Hérault, pour que ces digues ne jouent plus leur rôle. Comme leur efficacité contre le dépôt d’alluvions ne pouvait s’exercer qu’en temps de crue, il est facile de comprendre que l’influence qu’on en attendait a été nulle.
« Histoire d’Agde. Le livre d’histoire par le Cdt André Vidal »
Mais ces digues ont servi d’embase à la construction de quais, donc la largeur du fleuve a été réduite à 40m environ dans la traversée de la ville, alors que la largeur du fleuve d’Agde à la mer est de 60 à 80m.
Cette décision malheureuse réduit le débit du fleuve, et augmente évidemment la hauteur d’eau dans la traversée de la ville en cas d’inondation.
Remèdes : Compenser en partie cet aléa en essayant de ralentir la crue en amont d’Agde, (nous verrons cela avec le chapitre relatif aux Verdisses volet 2), et en l’accélérant en aval d’Agde. Mais malheureusement cette réduction de débit dont il est question dans la traversée de la ville n’est pas le seul aléa sur le trajet jusqu’à la mer.
Le fleuve d’Agde à la mer :
Partant de la ville, il est facile de constater que le nettoyage du fleuve est une nécessité, il faut redonner au fleuve la capacité de son lit mineur. (voir mon article : Plaidoirie du fleuve Hérault ). Il faut rattraper la limite des anciens quais, et draguer lorsque nécessaire pour avoir plus d’écoulement laminaire.
Autre élément freinant le débit du fleuve : l’implantation de la criée carrément dans le lit du fleuve pour avoir le tirant d’eau nécessaire aux chalutiers, alors qu’une autre solution était prévue. De plus en cas d’inondation la dalle sur laquelle a été bâtie la criée, crée de grands remous, donc ralenti le courant et facilite le dépôt d’alluvions en amont. Pour terminer l’énumération de ces aléas, la photo aérienne du clôt de Vias, (photo A), https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=283 montre parfaitement l’existence dans le temps d’un bras du delta de l’Hérault. La forme des deux étangs et leur profondeur confirmée, l’attestent. Au cours des ages et entre deux crues, périodes longues quelquefois de plusieurs années, la route bordière d’Agde à la Tamarissière s’est construite et élevée, endiguant le fleuve en lui supprimant son exutoire naturel vers les Verdisses et la Mer.
La seule possibilité de parer aux conséquences de ces erreurs qui réduisent de façon importante le débit du fleuve entre Agde et la mer, est de reconstituer le bras de l’Hérault supprimé par la route bordière Agde/ Tamarissière. Ce délestage accélèrera la crue dans la traversée de la ville, donc abaissera de façon importante l’inondation. Son tracé (à étudier) pourrait être le ruisseau de Montmorency jusqu’au confluent des ruisseaux du Grand Rudel (ruisseau des Panthènes) et du ruisseau de l’Ardaillon, il suivrait alors le tracé de celui-ci jusqu’au chenal du canal du Midi. (photo B) https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=284
Plusieurs raisons m’amènent à proposer cette solution :
Il faut d’abord remarquer que le clôt de Vias actuellement propriété du Conservatoire du Littoral, est l’endroit le plus bas des Verdisses, que la plage entre le bois de la Tamarissière et les jetées du chenal du canal du Midi à la mer (ancien delta de l’Ardaillon) est l’exutoire incontestable des crues s’écoulant par les Verdisses (photo C).
https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=285
Ce chenal peut être conçu de la façon suivante : Sa rive nord aménagée sans levées de rives, sa rive sud aménagée avec des déversoirs (échancrures) afin que, en cas d’inondations, l’eau puisse s’écouler vers son exutoire naturel entre le bois de la Tamarissière et la jetées Est du chenal du canal du Midi.
Avantages : Ce chenal serait réalisé entièrement sur le territoire de la commune d’Agde avec un parcellement foncier très faible. En période d’étiage, la présence permanente d’un courant éviterait l’ensablement du chenal du canal du Midi. L’intérêt touristique de ce chenal pourrait porter sur son utilisation par de petits bateaux à moteur. Enfin ce chenal délimiterait mieux le domaine de l’ADENA.
Estimation du débit : La carte du PPRI établie pour une crue moyenne, donne pour l’embouchure de l’Hérault un débit de 1500m3/s, pour le clôt de Vias un débit de 600 à 700 m3/s. Si nous comparons les Plus Hautes Eaux indiquées du Nord au Sud des Verdisses, au Nord du canal du Midi les PHE sont de 5m60, sitôt passé le canal, la voie du chemin de fer et les routes, les PHE sont encore de 4m50, ce qui s’explique par le ralentissement du débit par ces obstacles, puis elles vont en décroissant et se stabilisent entre 3m et 2m20 jusqu’au niveau des étangs de la Tamarissière. L’altitude de cette zone du clôt, constituée de marres temporaires, c’est-à-dire étant pratiquement au niveau de la mer, peut favoriser un écoulement plus important vers l’exutoire de l’ancien delta de l’Ardaillon, d’où l’importance de concevoir, comme expliqué plus haut, la rive sud du chenal équipée de nombreux déversoirs. Cette évacuation directe, comme cela existait au temps où l’Hérault et l’Ardaillon confondaient leur delta, doublerait le débit du fleuve et serait bénéfique aussi bien à Agde qu’aux Verdisses. (photo D) https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=286
Caractéristiques du chenal et travaux : Tenant compte des particularités citées plus haut, aucun obstacle ne venant ralentir la crue qui pourra s’évacuer à la mer bien plus tôt, on peut se référer à une estimation du lit mineur de 200m3/s. Ce qui donnerait une largeur de 25 à 30m et une profondeur de 3m. Le seul ouvrage d’art serait la modification du pont de la route bordière pour laisser un tirant d’air de 3 m environ. Ce projet intégré dans un programme de valorisation de l’espace des Verdisse, serait un élément important pour remettre en cause le contenu de l’arrêté du 23 novembre 1999.
Henri Gleizes
Ecrivez lui : henry.gleizes@wanadoo.fr
Qui est-ce ? – Fiche TrominosCap : https://www.herault-tribune.com/?p=p04&action=view&Tr_Id=510