Jan Fabre grave les sciences et l’art dans le marbre et le silicone, à la Fondation Maeght

Artiste contemporain multifacettes, le Belge Jan Fabre est sculpteur, dessinateur, chorégraphe et metteur en scène de théâtre. Il est passionné par l’art mais aussi par les sciences, le corps, l’entomologie, les rêves, la pensée… Ces différentes composantes de sa création se retrouvent dans son exposition magistrale, intitulée "Ma nation : l’imagination", qui se tient jusqu’au 11 novembre 2018 à la Fondation Marguerite et Aimé Maeght, à Saint-Paul-de-Vence, sous le commissariat d’Olivier Kaeppelin.

La noblesse du marbre, la souplesse du silicone et la simplicité du dessin et du collage permettent d’accéder au plus près à la vérité-fiction de Jan Fabre. Son imaginaire est nourri de fantaisie, d’humour, de découvertes scientifiques, de beauté et de spiritualité…

Des cerveaux fictionnels et ritualisés

La fiction selon Jan Fabre emmène vers des réalités parallèles où le cerveau ressent des émotions et où le cœur réfléchit, comme dans la sculpture The brain as a heart ou dans son film Do we feel with our brain and think with our heart ? Le cerveau est une thématique récurrente dans son œuvre, qu’il soit décliné en marbre, en bronze ou en silicone. Il devient un motif inlassablement répété. Ses veines, sa substance, sont admirablement reproduites par le silicone. Et la variante sous forme de jambes-cerveaux, pleine d’humour, produit son petit effet. Ne dit-on pas que quand on n’a pas de tête, il faut avoir des jambes ?

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Jan Fabre. Vue de l’exposition «Ma nation : l’imagination» Fondation Maeght © Angelos bvba / Jan Fabre / © Adagp Paris 2018.

Les variantes de cerveaux prennent chacune un sens différent selon les animaux, insectes, fleurs ou objets avec lesquels le cerveau est mis en relation. Poussé par trois tortues, voici le mythe de Sisyphe réinventé. Surmonté d’un couteau, on peut Couper la mémoire. Avec une banane, c’est Le cerveau avide du singe de laboratoire… Des méninges remplacent parfois la carapace des tortues. A moins qu’un homme juché sur une cervelle ne la creuse à la pelle pour en extraire les pensées ou l’intelligence supposée ?

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Jan Fabre. Vue de l’exposition “Ma nation : l’imagination” Fondation Maeght © Angelos bvba / Jan Fabre / © Adagp Paris 2018.

Egalement metteur en scène de théâtre, Jan Fabre a théâtralisé cette exposition de bout en bout. Les alignements de sa série Sacrum Cerebrum – des cerveaux tout de même ! – d’une blancheur fulgurante et d’une pureté totale, en marbre de Carrare, produisent un effet subjuguant sur les visiteurs. Ajoutés aux autres alignements en bronze éclatant, ils pourraient évoquer un rituel. D’ailleurs, la religion est omniprésente. Comme dans la sculpture en marbre Sacrum Cerebrum XIII, également intitulée Le tabernacle du cerveau, où une cervelle est précieusement enchâssée dans un tabernacle surplombé d’une croix catholique. La sacralisation est poussée à son maximum.

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Jan Fabre. Vue de l’exposition «Ma nation : l’imagination» Fondation Maeght © Angelos bvba / Jan Fabre / © Adagp Paris 2018.

Les Pietàs

Autre rituel mis en scène par l’artiste, celui des cinq Pietàs monumentales présentées sur un socle doré dans la Cour extérieure. Réalisées pour l’église Santa Maria della Misericordia à l’occasion de la Biennale de Venise en 2011, il s’agit de quatre sculptures de cerveaux menant à une Pietà, l’impressionnante Merciful Dream, où la Vierge revêt le visage de la Mort, et où le Christ décédé est remplacé par Jan Fabre, tenant dans sa main un cerveau. Cette dernière Pietà est une pièce maîtresse de l’artiste belge. Ô le macabre cheminement ! Mais quelle beauté dans tout cela ! L’artiste revendique d’ailleurs le titre de « guerrier de la beauté ». On ne peut nier à Jan Fabre un sens de l’esthétique et de la dramaturgie extrêmement poussé.

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Les cinq Pietàs sur leur socle doré © Angelos bvba / Jan Fabre / © Adagp Paris 2018.

Hommages à la science

Jan Fabre signe également tout un cycle d’hommages à des personnalités connues. Notamment au commandant Cousteau via Cyclichtys Spilostylus, une sculpture de poisson sur un cerveau tout en marbre. Et à la neuroanatomiste américaine Elizabeth C. Crosby et au zoologiste et  éthologue Konrad Z. Lorenz, mais cette fois-ci sous forme de gisants particulièrement saisissants. Ces vanités sont chacune à sa manière des hommages à l’exploration, à l’esprit d’aventure, à la science et à l’intelligence, à la découverte et à l’ouverture d’esprit. Jan Fabre vise à la complémentarité des savoirs scientifiques.

Motifs récurrents et symboles

Fasciné par l’entomologie, Jan Fabre parsème ses œuvres de références aux insectes, comme le scarabée, celui-ci étant son insecte fétiche. Le chevalier, l’ange et le hibou reviennent aussi régulièrement dans ses créations. Des symboles passionnants à approfondir pour les visiteurs !

Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com

 

Informations pratiques

> Fondation Maeght – 623, chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul-de-Vence – Tel. : 04 93 32 81 63 – www.fondation-maeght.com

> Ouverte tous les jours, sans exception de juillet à septembre : 10h-19h / d’octobre à juin : 10h-18h.

> Informations et réservations pour les groupes par courriel envoyé à : accueil@fondation-maeght.com

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