Jumelage Montpellier-Fès : "Au-delà d'une amitié, d'un vol, c'est un pont entre nos ambitions"
Montpellier et Fès, deux villes aux charmes bien distincts mais pourtant liées par une complicité, un jumelage, depuis plus de vingt ans. Un lien qui, au-delà des formalités, est un vecteur d'échanges et de projets concrets.
Une relation tissée au fil des rencontres
Ahmed Sentissi, président du Conseil Régional du Tourisme (CRT) de Fès-Meknès depuis février, est un ambassadeur de cette coopération. Ancien étudiant montpelliérain, le Marocain incarne ce pont entre les deux sœurs méditerranéennes. Et, si il est un modèle de ce qui peut être, il est aussi à l’origine d’un tremplin vers ce qui sera.
Tout a commencé par un coup du destin. Ahmed Sentissi se souvient : “J’étais engagé dans une association à Montpellier et j’avais eu l’occasion de rencontrer le maire Georges Frêche. Quelques années après mon retour au Maroc, je suis tombé sur lui à Fès, par hasard, dans une rue de la médina, avec sa famille. On a échangé, je l’ai invité à déjeuner. Il ne s’attendait pas à se retrouver à table avec le maire de Fès. C’est là que l’idée du jumelage est née.”
Une rencontre fortuite, un déjeuner convivial… et voilà qu’en 2003, ce qui semblait être un échange amical se transforme en jumelage. Et pas question pour Ahmed Sentissi de se contenter des symboles : “Ce n’est pas qu’une histoire de plaques ou de cérémonies officielles. C’est une vision partagée. Nous avons des défis communs : le tourisme durable, l’attractivité économique et l’éducation.”
Résultat, au fil des années, Fès et Montpellier ont su tisser des liens dans des domaines variés :
- éducation et recherche : des partenariats fructueux entre universités ont permis des échanges d’étudiants et de professeurs.
- culture et artisanat : festivals partagés, échanges d’artisans, et promotion des savoir-faire locaux
- développement économique : Montpellier devient un tremplin pour les entrepreneurs marocains, tandis que Fès inspire grâce à ses innovations.
Les deux villes explorent ensemble des voies innovantes : numérisation, technologies vertes, agriculture durable… Le président du Conseil Régional du Tourisme résume cette dynamique et cette entente : “Nous regardons vers l’avenir, mais avec des racines profondes. Montpellier nous inspire dans son urbanisme et son innovation, et nous partageons avec elle notre authenticité et nos traditions. Ensemble, nous construisons des ponts, pas seulement entre deux villes, mais entre deux cultures. Ce qui nous unit, c’est cette vision partagée : un développement harmonieux, respectueux de nos identités, mais tourné vers l’innovation”.
Une connexion aérienne et stratégique
La coopération entre Montpellier et Fès prend une nouvelle dimension… dans les airs. En 2008, le lancement des vols Air Arabia Maroc entre les deux villes change la donne. Ce vol direct, d’à peine 2h20, devient un catalyseur d’échanges et de rencontres. Yassine Ajjoul, Key Account Manager d’Air Arabia pour la France et la Suisse, ne tarit pas d’éloges sur cette ligne aérienne devenue essentielle dans ce partenariat : “Montpellier, c’est l’ADN d’Air Arabia Maroc. C’est ici que tout a commencé. Nous avons dépassé les 3 millions de passagers l’an dernier et Fès reste la destination phare.”
Un coup d’accélérateur pour le tourisme, les liens familiaux et les affaires : “En rendant Fès plus accessible, nous participons au développement local, que ce soit à travers le tourisme, l’artisanat ou même l’agriculture.” Et quand on lui demande si la compagnie pourrait un jour partir de l’Aéroport de Montpellier, une peur qu’Emmanuel Bremher, président du directoire, évoqué il y a quelques semaines, ce dernier préfère voir pour Montpellier un avenir encore plus radieux : “Difficile de savoir ce qui nous attend mais si nous investissons, c’est pour augmenter notre flotte un peu partout. Cela nous permettrait de prévoir davantage de vols, et même de nouvelles destinations comme Marrakech ou Tanger. Fès restera toujours au cœur de notre stratégie.”