Entreprises

La croissance des PME achoppe sur le recrutement

Les PME connaissent des difficultés à recruter, confirme le baromètre Bpifrance Le Lab et Rexecode. Potentiellement, cela constitue un véritable frein pour ces entreprises qui déclarent avoir des projets d'investissement.

Plus d’une PME sur deux éprouve des difficultés à recruter. Tel est le constat du baromètre trimestriel Trésorerie, investissement et croissance des PME de Bpifrance Le Lab et l’institut d’études économiques Rexecode, publié le 18 avril dernier, et qui consacre un focus aux difficultés de recrutement de ces entreprises.

D’après les dirigeants interrogés, les difficultés à l’embauche tiennent moins aux caractéristiques de leurs entreprises qu’à…

… des tensions sur le marché du travail, qui rendent rares les candidats compétents. Ainsi, en tête de la liste des problèmes rencontrés, huit entrepreneurs sur dix évoquent l’absence d’un candidat adapté à leurs besoins. Ensuite, ils sont 45 % à citer le niveau de qualification des candidats, 26 % leur manque d’expérience, 22 % leur adaptabilité à l’entreprise, et 20 % leurs exigences salariales. Cette proportion était de 23 % en juin 2017.

Les éventuels freins au recrutement inhérents à l’entreprise cités par leurs dirigeants ne viennent que loin derrière. Par exemple, 11 % d’entre eux évoquent l’implantation géographique de l’entreprise, rébarbative pour certains candidats, 9 % son organisation du travail, 6 % son manque de notoriété, 5 % les perspectives de carrière qu’elle propose, et 3 % les avantages offerts, tels les tickets restaurant ou les assurances santé.

Pour faire face à ces difficultés, les PME mettent en œuvre des stratégies diverses, faisant évoluer leur manière de recruter et le contenu de leurs offres d’emploi. Autre voie suivie : modifier l’organisation générale de l’entreprise pour trouver des ressources supplémentaires en interne. C’est ce que font 64 % des chefs d’entreprise interrogés. Par exemple, 26 % des entrepreneurs s’efforcent de tirer le meilleur parti des salariés déjà présents dans l’entreprise, en ayant recours à une augmentation du temps de travail. Et ils sont 23 % à former davantage leurs salariés, pour les rendre polyvalents. En revanche, une plus faible proportion de dirigeants investissent dans l’automatisation des tâches (13 %). Ils sont encore moins nombreux à mettre en place des solutions de mobilité de la main-d’œuvre ou du télétravail (4 %).

Des recrutements plus coûteux que prévu

En ce qui concerne la procédure de recrutement même, 60 % des chefs d’entreprise multiplient les initiatives pour trouver les ressources humaines nécessaires. Par exemple, plus de la moitié d’entre eux ont recours aux réseaux sociaux ou à des cabinets de chasseurs de tête, quitte, dans 18 % des cas, à consacrer des moyens financiers plus importants que prévu au recrutement.

Par ailleurs, les dirigeants font aussi preuve de souplesse sur leurs exigences : la moitié d’entre eux adaptent les caractéristiques du poste à pourvoir, 27 % augmentent le niveau de salaire décidé initialement et 21 % réduisent leurs exigences en termes de qualification. Et au final, 48 % de ceux qui ne sont pas parvenus à trouver le candidat idéal recourent à de la main-d’œuvre extérieure, via l’intérim, le travail détaché ou l’appel à des sous-traitants.

Ces difficultés à recruter sont loin de constituer un détail : d’après l’étude, elles sont même perçues par les dirigeants comme le principal frein à l’activité, cité par 52 % des entreprises – en augmentation – devant le niveau de la concurrence (47 %). De fait, 46 % des dirigeants déclarent que les problèmes de recrutement affectent déjà l’activité de leur entreprise. Et ils sont presque autant à le craindre pour l’avenir. Or, 86 % des entreprises de l’échantillon déclarent avoir des projets d’embauche, liés au déploiement de leur activité. Car les autres paramètres économiques les y encouragent : débouchés en vue et accès facile au financement aidant, au premier trimestre 2018, 66 % des chefs d’entreprise pensent investir cette année, contre 64 % à la même période en 2017.

D’après Bpifrance, si de nombreuses entreprises rencontrent des difficultés de recrutement, les PME et les ETI apparaissent comme les plus vulnérables : les candidats ont tendance à leur préférer les plus grandes entreprises.

Anne DAUBREE

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