Droit

La dérive des incontinents .. par l'agathois Michel Ogier

A combien va nous revenir la réfection des colonnes de Daniel Buren au Palais…

A combien va nous revenir la réfection des colonnes de Daniel Buren au Palais Royal ?… Ou… La dérive des incontinents…
Un temps viendra où, après avoir copulé virtuellement sur Internet, nous fredonnerons du Boulez sous la douche pendant que la télé restera fixe sur le carré blanc sur fond blanc de Malevitch et que, pour s’endormir, nous aurons la chance de feuilleter des livres ne comportant que les numéros de page ! Nous vivrons alors dans la plus totale abstraction. Nos vessies seront devenues des lanternes et nos urines, des bulles flottantes dans l’espace…

Si monsieur Soulages n’avait pas été traumatisé par les taches de sa plume sergent major, si monsieur Pollock n’avait pas regretté les gribouillis de son enfance et si Marcel Duchamp avait su utiliser normalement les urinoirs, on s’emmerderait ferme ! Sans l’art dit conceptuel, sans l’abstraction complaisante, dans quel ennui pictural serions-nous ! La beauté ne fréquente guère l’humour. Heureusement, ils sont là et bien là les clowns facétieux du grand cirque Babaglione. Tout récemment, dans une revue d’art qui fait autorité, on pouvait lire, « Rien mieux que les anthropométries ne permettent de comprendre cet aller retour qu’Yves Klein construit entre visible et invisible, matériel et immatériel, chair et esprit. » « Après avoir atteint cette extrémité qui consiste à vendre du vide, Klein va continuer à créer des oeuvres visibles. » « En associant des bleus à ces monochromes rose et or, il crée sa propre trinité qui renvoie sans beaucoup d’ambiguïté au catholicisme et au trois couleurs primaires. » C’est authentique ! Si, comme il a été dit, les Klein, Mondrian, Kandinsky, Klee et autres, sont des sortes de mystiques, je sais maintenant, et j’en suis bien content, que lorsque je vais me goinfrer de boudins noir, je suis en pleine ascèse spirituelle… Avant, quand j’entendais mystique, je pensais Jean de la Croix, Ramakrisna. Aujourd’hui, je vois Klein et son bleu céleste. Depuis que nous l’avons découvert, ma femme ne porte de culotte que bleue I.K.B… Il fut un temps où les artistes « s’emmerdaient » pour que les spectateurs s’amusent. Aujourd’hui, ces artistes s’amusent et les spectateurs « s’emmerdent ». C’est le temps des concepteurs. L’oeuvre sensible, vibratoire, s’efface derrière le concept, derrière l’idée.
Ces grands cerveaux opportunistes, ces incontinents de l’art, ont trouvé dans l’abstraction le terrain idéal pour vivre de la vacuité dans laquelle ils sont plongés. Une grosse tache de couleur sur une toile blanche ne veut rien et tout dire à la fois. L’oeuvre devient un objet libre de méditation. Il n’est plus nécessaire qu’elle ressemble à quelque chose, au contraire, elle ne doit rien révéler, rien susciter, rien représenter pour ne pas limiter l’imaginaire de son observateur. Comme les mystiques, ils se meuvent dans l’inanité. Faut-il, pour autant, les comparer ? Sont-ils semblables ? Hélas, la vanité qu’ils exhibent et cette agitation permanente dont ils font preuve pour qu’on parle d’eux, exclue cette hypothèse. Pour bien saisir l’importance de leur message subliminal, livrez-vous à une petite expérience toute simple.

Placez-vous devant une toile d’un de ces merveilleux précurseurs. Pour être parfaitement actuel, une de Damien Hirst, par exemple, un des artistes contemporains le plus cher au monde qui eut, entre autre, la géniale idée de coller des gommettes de couleur différentes sur une toile blanche. Fixez-la et laissez vagabonder votre esprit. Puis, faites de même avec votre pantoufle. Alors vous comprendrez mieux ce que l’art dit nouveau, dit avant-gardiste doit à la charentaise !… Ces faux marginaux subventionnés, que sont nombre d’artistes contemporains, se croient subversifs mais ce ne sont, en fait, que des révolutionnaires bien talqués et langés par la hiérarchie en place. Ils se considèrent comme les grands artistes de leur époque.

Mais, qu’est-ce qu’un artiste qui non seulement n’irrite plus le politique mais s’en ai fait son mécène et qui doit sa cote mirifique qu’à des placements financiers ? Qu’est devenu le mouvement salutaire qui fit sauter le verrou du monde figuratif réel ou imaginaire pour s’adonner à l’abstraction des lignes, des formes et des couleurs ? Il a été une véritable perfusion pour le corps déshydraté du conservatisme. Il a bousculé la statue sclérosée du conformisme. On aurait pu penser que son audace, ses découvertes, allaient s’ajouter au patrimoine, hélas il n’a fait que le remplacer ! Les descendants de ce mouvement révolutionnaire, qui sévissent actuellement dans les sphères de la culture officielle ont très vite établi leurs propres lois, peut-être encore plus étriquées que les précédentes. L’abstraction systématique, le non figuratif obligatoire, l’avant-gardisme comme religion et ceci, autoritairement imposé à tous par le biais de l’enseignement des beaux-arts et des médias au service d’un pouvoir qui nous indique ce qu’on doit aimer ou ne pas aimer. A quel saint se vouer ? L’histoire nous prouve que les critiques d’art se sont presque toujours trompés. Ils sont devenus les chroniqueurs de l’évènement. Ils ont perdu tout repère et pour ne plus passer à côté, ils ont trouvé la parade en acceptant tout et n’importe quoi. Dieu reconnaîtra les siens !…

Dans un musée d’art moderne, deux choses nous guettent ; la convulsion due au rire ou, la dépression due au vide. On nous fait sucer des cailloux en nous faisant croire que ce sont des ortolans et, pour ne pas paraître plus naïfs que nous sommes, nous trouvons cela succulent. Le plus dramatique ou le plus hilarant, selon l’humeur dont on dispose, c’est qu’en dehors de quelques inévitables faussaires, ils croient dur comme fer en ce qu’ils font. Ils sont sûrs d’être des prophètes. Les prophètes de l’art progrès. Comme si art et progrès pouvaient être associés. Il est vrai, hélas, que l’on associe volontiers, justice et exemplarité. On n’est pas à une contradiction près… Ils ont la foi des kamikazes nippons, des croisés chrétiens, des fanatiques musulmans et l’assurance des délinquants en col blanc à la sortie des palais de justice… Ces avant-gardistes sont allés tellement loin dans le futur qu’ils ne sont pas encore revenus du pire. S’ils sont réellement les témoins des temps à venir, prions sainte Rita, patronne des causes désespérées. Leurs œuvres seraient autant de signes prémonitoires de ce qui nous attend ?
Effectivement, c’est bien possible ! Brrr… Ca vous glace le dos ! Peignent-ils l’agonie de l’art ou l’agonie d’une société à bout de souffle ? Dans les deux cas, reconnaissons-le, ce sont de gais et intrépides fossoyeurs. Je ne vais pas m’étendre davantage sur cette planche savonneuse qu’est l’art dit de demain, l’art conceptuel qui me laisserait totalement indifférent s’il ne portait pas un tel dédain aux autres. Il m’irrite seulement par son abus de pouvoir et par sa prétention. Je n’ai rien contre ceux qui le pratique et ceux qui le propage, mais qu’ils ne s’avisent pas à nous donner des leçons. Les ligues artistiques ont en commun avec les ligues de vertus, le besoin viscéral de convertir. Dussé-je zigzaguer jusqu’à la fin des temps dans les méandres sidéraux des astres voués au chaos, je me tiendrais hors de l’art business, hors des croyances institutionnalisées. Ne me cherchez ni parmi les piliers ni chez les marchands du temple. Au temple je ne serais pas ! Ma peau suffit à mon enfermement.
Michel Ogier

… A propos des merveilleuses colonnes de monsieur Buren, on ne peut les enlever la S.P.A. s’y oppose prétextant que les chiens du quartier ne sauraient plus où aller pisser !…

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