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La distribution...du Marché U à La Capucière .. par Dominique ANACHE Dernier patron de Marché U Agde

La distribution Lorsque je faisais mes études en école supérieure de commerce la distribution…

La distribution

Lorsque je faisais mes études en école supérieure de commerce la distribution moderne naissait ; Boussicot avait bien créé les magasins populaires avec le Bon Marché où le prix était unique et non à la tête du client, et même si le libre-service existait, ce n’est qu’en fin 1959 que le « discount » franchit l’Atlantique dans les valises de trois français les deux plus jeunes Jacques et Denis Defforey de Lagnieu et le plus âgé Marcel Fournier d’Annecy. C’est par essais  qu’ils ont lancé Carrefour dans leur quartier avant de tenter l’Aventure en banlieue parisienne puis de créer le premier hypermarché à Vénissieux en banlieue lyonnaise. C’est ensuite que les hommes de Carrefour ont inventé les règles de ce nouveau métier qui venait de se créer dans une anarchie inventive certaine. Et j’ai eu la chance de faire partie de cette première vague avant que des écoles françaises réputées voient le jour. A cette époque, chez Carrefour on pouvait tout tenter, tout expérimenter car on avait le droit à l’erreur et je l’ai vécu dans quatre magasins dont deux créations de 7 et 12.000m² puis j’ai été patron de Marché U Agde pendant 21 ans.

Très rapidement la distribution a fait sa place et a tellement dévasté le petit commerce que Jean Royé, maire de Tour, a fait voter une loi pour bloquer son expansion jusqu’à ces derniers temps. En effet, si le discount est la base de travail, ce qui attire la clientèle c’est d’abord le « tout sous le même toit » et ensuite le parking gratuit.
Les centres commerciaux ont de leurs côtés redessiné dans leurs halls des rues ou des places pour recréer l’image de nos petits bourgs avec ses magasins et même ses marchés sachant que chaque commerce indépendant qui prend une marge trop importante est une cible pour les distributeurs qui ont pour atouts supplémentaires de bons prix d’achats grâce à leurs centrales où ils travaillent et d’où des volumes sont éclatés et, ensuite, dans les magasins une mutualisation des coûts et des dépenses entre les rayons.

Ces derniers points expliquent pourquoi le petit producteur local a toujours des difficultés pour s’introduire dans ces temples de la consommation  et même si de nombreux magasins font des efforts pour leur ouvrir les rayons ils restent des « problèmes » à chaque commande, chaque livraison, chaque facture et chaque règlement car la multiplicité génère des frais supplémentaires. On peut en conclure que si les prix sont plus bas en grande surface cela est dû à une vente de masse et une simplification de la gestion.

A l’inverse, dans le commerce traditionnel, dont je suis natif, mis à part les magasins tenus par une famille, les salariés y sont très nombreux par rapport à la grande surface qui, quand on en construit une, crée de l’emploi qu’elle puise dans le « petit commerce » créant ainsi un système de vase communicant par un tuyau percé. A l’inverse, en recherchant la vente de masse la distribution ne conserve que la marge nécessaire à son fonctionnement abandonnant le reste à ses clients pour finir avec un résultat à peine bénéficiaire, ce qui est impensable dans le traditionnel.

Et comme l’augmentation de surface de vente d’une ville n’augmente pas les revenus de ses habitants, alors qu’on pourrait s’attendre à une baisse liée au jeu de la concurrence, la multiplication des grandes surfaces va créer une augmentation de leurs ratios de fonctionnement ce qui va engendrer une hausse de leurs prix de vente au dépend des consommateurs. Par ailleurs, et depuis le moyen-âge où on a vu la création des quartiers et des rues regroupant les artisans par corporation, on peut constater que lorsque les grandes surfaces sont proches elles augmentent leurs rayons d’attractivité au lieu de le diviser quand elles sont implantées aux opposés d’une ville ce qui serait le cas de La Capucière, sans compter qu’un Castorama comme celui de Béziers drague sa clientèle à plus de quarante km …

En conclusion, il m’apparait que la construction d’une zone commerciale à la Capucière est nuisible aux commerces agathois petits comme grands et qu’on assiste là aux exercices d’un apprenti sorcier qui ne maitrise en rien notre avenir pourvu qu’il en tire un profit, surtout quand il nous apprend qu’il « donne » la gestion de cet espace à une société dont une « bonne » réputation reste encore à prouver.

Une ville sans commerces c’est comme un corps vidé de son sang, priver une ville de circulation c’est poser un garrot jusqu’à la nécrose, supprimer des parkings ou les rendre payants c’est interdire l’accès à la ville au lieu d’accueillir les clients en amis, une ville mourante c’est une ville sans défense livrée à la merci de toute invasion !

Ne parlons pas de l’emploi et soyons clairs : la balance entre les créations et les pertes ne peut être que négative pour les agathois et les villes de l’agglomération ; Il y avait tant de choses à faire sur cette zone autres que du commerce, si seulement l’A75 y avait rejoint l’A9 sur un plan logistique, Il y a tant d’industries qui cherchent un site propre à ne pas polluer ; A ce propos, pourquoi Système U a-t-il construit une plateforme (150 salariés) à Clermont-L’Herault plutôt qu’à Bessan ? Question de mentalité des élus locaux sans doute …

Si le maire d’Agde a maintes fois prouvé qu’il était nul en arithmétique, il est encore loin de comprendre qu’en chimie « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » ; A moins qu’il n’ait acheté la pierre philosophale qui lui permet de tout transformer en or …

 

Dominique ANACHE

Dernier patron de Marché U Agde

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