La FFB 34 entre avancées et inquiétudes
L’état de santé du bâtiment en cette rentrée 2017
Thierry Ducros explique : « Sur les six derniers mois, la durée des carnets de commandes de nos entreprises a augmenté de trois semaines. On semble aujourd’hui sortir de la crise. Mais il ne faudrait pas couper cet élan en modifiant des mesures qui fonctionnent, comme le PTZ ou le Pinel, ce qui risque à nouveau de ralentir cette reprise… Exemple : avec les nouveaux critères Pinel en zones moins tendues, la ville de Béziers pourrait sortir du dispositif ! ». Le président de la FFB 34 pense également à l’IFI, qui doit se substituer à l’ISF. Mais aussi au CITE (exonération fiscale pour certains travaux), qui exclurait notamment les menuiseries de son champ d’application. « C’est oublier un peu vite les investissements financiers et de formation consentis par les entreprises du bâtiment. 80 % de nos entreprises se sont formées au label RGE pour répondre aux exigences du législateur ! » assène Thierry Ducros
Solidarité avec les bailleurs sociaux
D’une manière plus globale, Thierry Ducros regrette que le marché public de la rénovation, soit quasiment au point mort. « Il y a un gisement d’emplois énorme. Le secteur contribue pour 6 % au PIB et pourrait contribuer davantage ». Il pointe également les annonces faites en matière de logement social. « Les bailleurs sociaux représentent 12 % de l’activité construction. Aujourd’hui s’ouvre une double crainte : que les Offices ne puissent plus faire face au financement de l’entretien de leurs parcs de logements, et que la baisse de construction, estimée à 50 000 logements sociaux, n’impacte fortement nos entreprises. S’y ajoute le risque de faillite pour les plus petits Offices».
Thierry Ducros reste toutefois optimiste, mais d’un optimisme mesuré : « Le bâtiment peut être au cœur de la reprise. Il nous faut pour cela davantage de lisibilité, et dans la durée. Les marchés existent ; il faut continuer à les soutenir par des mesures fiscales adaptées ». Autre paradoxe, si le bâtiment dispose d’une bonne image auprès de 82 % des Français, il peine à recruter. Les années de crise ont eu raison de l’emploi et de l’apprentissage. « Depuis 2010, le CFA de Montpellier a perdu près de 50 % de ses effectifs, passant de 900 jeunes à seulement 500 aujourd’hui. Avec la reprise, l’effort de formation des entreprises doit reprendre. Il faut également sortir de l’image de la bétonnière et de la brouette. Le bâtiment vit à l’ère du portable, de la tablette et bientôt du BIM ».
La carte BTP généralisée à la fin de l’année
Le nombre de salariés liés au bâtiment dans l’Hérault est, pour sa part, passé de 21 500 en 2008 à 17 500 au plus fort de la crise, pour remonter à plus de 18 000 salariés aujourd’hui. Thierry Ducros relève l’impact des travailleurs détachés illégaux, un véritable traumatisme en voie de résolution, estime-t-il. « La carte BTP que tout salarié du bâtiment doit avoir sur un chantier sera complètement déployée dans l’Hérault à la fin de l’année. Les sanctions vont être appliquées dès 2018. Les entreprises risquent une amende de 2 000 euros par salarié non porteur de cette carte (4 000 euros en cas de récidive). » Et les maîtres d’ouvrage sont coresponsables et solidaires financièrement en cas de fraude avérée. Optimisme donc, mais « pas béat ». Le secteur du bâtiment doit s’adapter pour rester le plus gros employeur du privé du département de l’Hérault.
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Interview publiée dans son intégralité dans édition hebdomadaire du jeudi 19 octobre 2017 n°3173
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