Faits divers

La Légende de l'Ephèbe d'Agde ... Et si … Par Thierry Gausserand

Une drôle d'aventure m'est arrivée en 1989, 1990 que je n'ai osé révéler qu'à…

Une drôle d’aventure m’est arrivée en 1989, 1990 que je n’ai osé révéler qu’à peu d’agathois tant elle remettait en cause la légende de l’Ephèbe. Son inventeur, quelques-uns de mes proches m’ont écouté à l’époque ; certains ont souri, d’autres ont rugi, mais aucun n’a pu oublier mon histoire.

Une visite du château Laurens comme introduction
Depuis de longues années et certainement comme bon nombre de curieux, une envie irrépressible me poussait à visiter ce lieu, étrange et dont on disait qu’il avait été une des fiertés de la cité agathoise au début du siècle dernier. Le hasard et une bonne dose d’entêtement m’avaient permis alors de rencontrer le gardien du château qui m’introduisit dans ce lieu. J’étais accompagné de mon amie du moment et tous deux furent saisis par les richesses qu’il contenait. Point de trésors, mais les décorations, les vestiges de salle de bains avec baignoire-piscine décorée de faïences des ateliers de Sarreguemines due à Eugène Simas, les petits appartements signés Eugène Simas et Théophile Laumonnerie, les systèmes de chauffage, la majestueuse salle de musique, le laboratoire, les caisses de livres, la fumerie d’opium, nous laissèrent l’étrange impression d’avoir visiter un lieu hors du commun.
Nous partîmes convaincus que l’histoire du château Laurens renfermait des zones d’ombre. Notre guide nous fournit quelques indications qui devaient plus tard nous plonger dans un brouillard qu’il est difficile aujourd’hui encore de dissiper. Et pourtant…

La vie de château
Quelques recherches nous permirent aisément de découvrir que le château connu des heures fastes, d’autres plus lugubres. Monsieur Emmanuel Laurens était un homme éclairé, devenu richissime suite à un héritage colossal qu’il doit à un lointain cousin, le baron de Fontenay, décide de construire une villa. Cette bâtisse est une véritable folie des temps modernes, dans l’esprit Art Nouveau et à Agde, tous les villageois s’enorgueillissent des réalisations et des succès de ce jeune docteur, fils du directeur de l’usine à gaz et se prennent d’affection pour le couple qu’ils forment avec la cantatrice, Louise Blot. Les Laurens organisent de nombreuses fêtes dans leur demeure où sont conviées de nombreuses personnalités du monde. Les intellectuels se retrouvent à Agde grâce à un train spécialement affrété à cet effet par Emmanuel Laurens et le personnel de service est pris au sein de la population agathoise. C’est la vie de château, la bonne fortune, Agde (agathé tyché) portait alors, on ne peut mieux son nom. Pourtant des jours obscurs se profilaient à l’horizon. Les coffres se vidaient, Emmanuel, certes docteur, n’excellait pas en économie. Et la seconde guerre vient clore une époque faste…

Une histoire de plumeau dans les années les plus sombres
Nous avons retrouvé, mon amie et moi, une vieille dame. En 1990, elle est installée à l’hôpital d’Agde. Mais elle a encore toute sa tête et quand elle raconte ces années d’occupation, sa gorge se serre d’émotion. Elle se souvient de sa mère, qu’elle allait épauler au château Laurens. Cette dernière lui confiait parfois son plumeau pour épousseter les nombreuses œuvres d’art qui garnissaient la grande demeure. « Je me souviens parfaitement de cette époque, j’étais gamine, explique-t-elle, mais il est des moments difficiles que l’on ne peut oublier ». Nous l’avons longuement écouté, elle ne manquait pas d’histoires sur le château Laurens qu’elle avait connu avant-guerre : « C’était une époque heureuse, nous ne manquions de rien, les Laurens étaient généreux, trop peut-être ». Enfin, son visage devint malicieux, elle souriait, espiègle. « J’ai une histoire à vous raconter, nous souffla-t-elle, comme si elle nous confiait un secret ; le fameux Ephèbe d’Agde, celui que l’on a repêché dans l’Hérault, je peux vous dire que je lui ai passé de nombreux coup de plumeau. Je souris quand certains disent qu’il est dans le lit de la rivière depuis les Grecs ou je ne sais trop quand ». Mon ami et moi sommes restés interdits. La légende de l’Ephèbe semblait s’envoler. « L’Ephèbe, termina notre mamie, ce sont les Allemands qui l’ont jeté dans la rivière quand ils se sont enfuis, et tout ce qu’ils ne purent emporter. Voilà l’histoire de cette statue. Qu’elle soit grecque, c’est sûr, je veux bien le croire, mais qu’elle soit dans les eaux du fleuve depuis autant de temps que le prétendent nos scientifiques agathois, c’est une bêtise ».

Cette vieille dame est aujourd’hui décédée. « Paix à son âme ».
Il est des révélations qui doivent parfois être rapportées. Notre jeune femme de ménage se serait-elle trompée de bronze ? Les Allemands, à l’époque, étaient des passionnés d’art et ont pillé durant la guerre de nombreuses collections. Si notre agathoise s’est trompée, nul doute qu’il doit demeurer dans les limons de l’Hérault quelques pièces de valeur.
La chasse aux trésors est ouverte, à moins que ces trésors soient déjà repêchés et,… Mais, cela est une autre histoire.

Thierry Gausserand
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