Environnement — France

La transition écologique, un enjeu économique

La transition écologique, un enjeu d'argent ? Un enjeu économique en tout cas, a montré une journée de réflexion organisée par le Medef.

Le cadre de politique publique sera déterminant. Mais pour les nouvelles générations, croissance économique et transition écologique ne font pas bon ménage… La transition écologique questionne fortement l’économie, du point de vue des politiques publiques et du modèle de développement. Le 15 avril, le Medef consacrait une journée d’échanges à la transition écologique. Un sondage réalisé par l’IFOP, présenté pour l’occasion, montrait la manière dont, aux yeux des Français, enjeux écologiques et économiques sont liés. Et une table ronde, « Et si ce n’était qu’une question d’argent ? » illustrait l’importance de la variable de la politique publique. A la base, néanmoins, la transition écologique est aussi une question d’argent : les dépenses d’assurance liées au climat se sont élevées à 136 milliards d’euros, en 2017, dans le monde. La Commission Européenne estime qu’il faut mobiliser 270 milliards d’euros supplémentaires, par an, pour atteindre les objectifs environnementaux qu’elle s’est fixés pour 2030.

Pour autant, la question financière ne représente pas l’enjeu, ou la difficulté première, d’après Jean-Pierre Clamadieu, président d’Engie, qui intervenait lors du débat. « L‘argent est là (…). Les entreprises ont accès à beaucoup de ressources ». Pour lui, les enjeux pour réussir la transition écologique sont ailleurs que dans le financement. Globalement, ils relèvent de la mise en place d’un cadre commun, en particulier au niveau européen. A Bruxelles, se discute actuellement la « taxonomie », qui liste les énergies jugées écologiquement vertueuses, un classement lourd en conséquences pour les entreprises et les investisseurs. Et le nucléaire est en cause, au désarroi de la France.

Il faut avoir « des objectifs clairs », avec une trajectoire et des étapes précises, plaide Jean-Pierre Clamadieu. Dans le même sens, « il est nécessaire d’avoir des règles du jeu qui soient claires », ajoute-t-il. Exemple, avec le prix du carbone. « Il faut établir un signal prix du carbone, qui soit une réelle incitation pour les investisseurs de moyen et long terme. Et il faut également traiter le sujet de l’ajustement aux frontières ».

Les plus jeunes, adeptes de la décroissance ?

Autre enjeu crucial, « il est nécessaire d’avoir des soutiens pour rendre viables des technologies qui ne le sont pas encore », juge Jean Pierre Clamadieu, citant le biogaz et l’hydrogène. Pour lui, l’enjeu ne réside pas tant dans l’aide au financement des investissements initiaux que dans la mise en place de soutiens à l’exploitation, avec des mécanismes d’ajustement entre le prix de l’hydrogène vert (vertueux) et l’hydrogène gris (carboné). La question des technologies est d’ailleurs complexe : « Les technologies sont là, nous sommes dans des phases d’investissement. Mais il faut rester ouvert. Personne ne sait quelles seront les technologies disponibles en 2050 », met en garde le président d’Engie.

Sur le sujet des politiques économiques, Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, plaide pour des normes européennes. Le Medef milite pour une « taxe carbone aux frontières », au nom de « l’égalité de concurrence ». « L’industrie française a baissé ses émissions de CO2 de 20 % alors que l’empreinte carbone du pays a augmenté de 11 % (…) Le risque de ne pas mettre de taxe, c’est qu’on ne sauve ni la planète, ni les emplois », argumente Geoffroy Roux de Bezieux.

D’après le sondage publié par le Medef, les Français vont dans le même sens. Ils ne sont pas prêts à renoncer au modèle économique actuel : 72 % estiment que la poursuite du développement économique est nécessaire à la transition écologique. Ils ne sont que 28 % à considérer que cette dernière nécessite de stopper la croissance économique. Mais l’effet générationnel se fait sentir : 40 % des moins de 35 ans défendent l’idée d’un nécessaire freinage économique.

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