Entreprises

L’activité des TPE a poursuivi sa légère décrue en 2018

D’après l’Observatoire de la petite entreprise, l’activité des TPE est restée quasiment stable en 2018. Pour la suite, l’imprévisibilité de la conjoncture liée aux mouvements sociaux rend les prévisions complexes à établir.

Il n’y a pas eu de grosse chute d’activité pour les très petites entreprises en 2018. La FCGA – Fédération des centres de gestion agréés, qui réunit une centaine de centres auxquels adhèrent quelque 300.000 petites entreprises – et la Banque Populaire (groupe BPCE) ont rendu publique la version 2018 de leur étude annuelle Activité et tendances, tops & flops des TPE, le 30 avril, à Paris.

« L’année est marquée par une stabilité globale, mais avec des disparités selon les secteurs », constate Yves Marmont, président de la FCGA. En 2018, l’indice moyen d’activité des TPE s’est établi, en effet, à -0,8 % de croissance du chiffre d’affaires, après un taux de -1 % l’année précédente. Cette évolution s’inscrit dans le cadre du ralentissement de la croissance nationale, passée de 2,3 % de hausse du PIB en 2017, à 1,5 % l’an dernier.

« Les TPE résistent plutôt bien par rapport à la conjoncture », estime Yves Marmont. En effet, le mouvement social des « gilets jaunes » a provoqué un « coup d’arrêt » de l’activité à partir du mois de novembre, une période de fin d’année cruciale pour le commerce de proximité, et s’est ensuite installé dans le temps. Pas de quoi améliorer une tendance de long terme, qui, depuis cinq ans, a vu les TPE afficher des taux d’évolution globale négatifs, même si la situation s’est améliorée depuis 2014. Cette année-là, l’activité des TPE avait diminué de 3,2 %. « Depuis 2016, on reste sur une tendance légèrement négative », note Yves Marmont.

En 2018, au sein des TPE, cinq secteurs sur les douze analysés ont connu des taux d’activité positifs, trois améliorent relativement leurs performances, et quatre enregistrent un recul de leur chiffre d’affaires. Parmi ceux qui progressent figurent, en tête, les transports – taxis compris – dont l’activité a crû de 2,5 %, succédant à une hausse de 1,1 % l’année précédente. Suivent les métiers de la santé, avec un taux de croissance de 1,6 % – il s’agit d’un secteur « assez régulier », note Yves Marmont – puis, à +0,5 %, les cafés, hôtels, restaurants et la vente et la réparation automobiles.

La charcuterie de quartier a le vent en poupe

Le commerce de détail alimentaire continue aussi de croître (+0,6 %). « Depuis 2007, c’est le secteur qui a le mieux résisté à la crise. Il a tiré profit du comportement de consommation liée à la crise, comme le fait de ne pas surstocker », commente Nasser Negrouche, rédacteur en chef de L’Observatoire de la petite entreprise. Toutefois, au sein de ce secteur, certaines professions ont souffert, comme la boulangerie-pâtisserie (-0,1 %), car la concurrence des chaînes est rude. Les bonnes tendances sont notamment enregistrées par la charcuterie (+2,3 %) et les détaillants de fruits et légumes (+2,1 %).

Dans la deuxième catégorie de secteurs, celle dont les entreprises améliorent relativement leurs « performances », figurent la beauté et l’esthétique (secteur qui passe de -1,1 % à -0,5 %), la culture et les loisirs (de -4,4 % à -2,9 %), ainsi que l’équipement de la maison, qui évolue de -2,7 % à -0,8 %, boosté par l’effet de la Coupe du monde de football, pour les télévisions.

Dernière catégorie, enfin, les secteurs dont le chiffre d’affaires a reculé. Dont l’artisanat du bâtiment, « locomotive des TPE », commente Yves Marmont. L’évolution de ce secteur qui représente environ le tiers des TPE dévisse de -1,3 à -1,7 %. Pour la FCGA, cette évolution est le fruit à la fois de la concurrence des autoentrepreneurs et d’un changement des pratiques des consommateurs, qui réalisent des petits travaux par eux-mêmes. Autre secteur en baisse, l’entretien des parcs et jardins, passé de +2,2 à +1,7 %. Les services, eux, reculent de +1,6 % à -0,3 %. Quant à l’équipement de la personne, il a connu une chute brutale (de -2,2 à -4,9 %) : « ce secteur connaît une dégradation régulière, car il est très concurrencé », note Yves Marmont. La concurrence vient à la fois de l’Internet, des grands magasins, des offres de la grande distribution, des marchés de l’occasion et de l’émergence de nouvelles pratiques, comme la location.

Une année 2019 très incertaine

Pour 2019, la FCGA prévoit une relative stabilité de l’activité des TPE, de l’ordre de -0,3 %. Mais, cette fois, prévient Yves Marmont, l’exercice de la prévision s’avère particulièrement « difficile ». En effet, l’estimation réalisée en février dernier ne prenait pas en compte la pérennisation du mouvement social des « gilets jaunes ». Par ailleurs, les effets mêmes de ce phénomène ne sont pas simples à évaluer. « On verra avec le recul quel sera l’impact réel (…). Le commerce de proximité est impacté en premier, mais il y a aussi un contrecoup pour les producteurs », commente le président de la FCGA.

Autre point, s’il est délicat de relier directement la faillite d’une entreprise au mouvement social, « dès qu’il y a une crise, les plus fragiles en pâtissent », note Yves Marmont. Son analyse rejoint celle du cabinet d’études Altares. En 2018, 54.600 entreprises ont fait faillite, précise son bilan 2018 des défaillances et sauvegardes d’entreprises en France. Le chiffre est en légère baisse, mais la tendance est repartie à la hausse depuis le milieu de l’année dernière. Elle pourrait se poursuivre en 2019, malgré le léger repli inattendu du premier trimestre (-1,1 % par rapport à 2018). Si le mouvement des « gilets jaunes » ne semble pas avoir eu de véritable impact sur les défaillances en 2018, il a pu néanmoins fragiliser des TPE qui se retrouvent avec une trésorerie à sec.

Au-delà de cette situation générale, en 2019, pour la FCGA, les prévisions diffèrent selon les secteurs. Par exemple, pour celui du commerce de détail alimentaire, l’année ne devrait pas réserver de « surprises », estime Yves Marmont, qui évoque un secteur « en équilibre ». Cela devrait également être le cas de l’hôtellerie-restauration et de la santé. En revanche, le bâtiment devrait poursuivre une trajectoire négative. Quant à l’équipement de la maison, il ne bénéficiera pas cette année de l’effet de la coupe du monde de football.

Anne DAUBREE

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