Le Parti Radical de Gauche n’est pas foncièrement opposé à des modifications de l’organisation territoriale.
Conseil régional du 23 mai 2014 - Réforme territoriale Le Parti Radical de Gauche n’est…
Conseil régional du 23 mai 2014 – Réforme territoriale
Le Parti Radical de Gauche n’est pas foncièrement opposé à des modifications de l’organisation territoriale. Il y faut cependant un but et des moyens adaptés, et surtout respecter les Régions qui ont du sens et une identité économique.
On voit bien qu’il s’agit surtout de faire des économies budgétaires. Pourquoi pas. Mais c’est un peu court, surtout si cela doit être finalement contreproductif. Une réforme peut viser des économies, mais à condition que la finalité soit de respecter deux objectifs qui ne devraient pas souffrir la moindre contestation :
1. Donner les moyens du développement économique des régions françaises au profit de l’emploi ;
2. Favoriser la réduction des inégalités entre les régions.
Une région, c’est un territoire, une histoire, une économie, un projet commun. Pas une variable d’ajustement.
Pour réussir la réforme nationale annoncée, il faut respecter trois conditions :
1. Faire un bilan précis des faiblesse, mais aussi des réussites de l’existant ; un état des lieux et une analyse nous semblent indispensables.
2. Observer ce qui se passe chez nos partenaires européens, mais de façon précise, objective et sans méconnaître nos histoires et nos traditions qui ne sont pas identiques.
3. Prendre en compte la réalité concrète de chaque Région, en s’éloignant des schémas théoriques, technocratiques, hors sol. On ne peut pas mettre toutes les Régions sur le même rang, en fermant les yeux sur les réalités économiques.
La Région Languedoc Roussillon est une vraie Région qui a son histoire, ses réussites, son équilibre. Elle réunit les conditions pour assurer son développement. Cela a été entrepris depuis des dizaines d’années par l'ensemble de toutes nos filières professionnelles, accéléré par notre institution depuis 2004. Notre dynamisme économique est un critère incontournable. Nous avons droit au respect de notre identité, non seulement au nom de ceux qui l’ont forgée au fil du temps, mais surtout pour ceux qui vivent aujourd’hui de nos spécificités, pour ceux qui viennent nous visiter ou s’installer en raison même de notre “ identitat ”.
Quelques exemples ?
1. La région Languedoc Roussillon est une vrai destination touristique, la 4ème destination touristique française, proposant sa diversité et sa cohérence.
Elle offre, et c’est sûrement pour cela qu’elle réussit :
• la mer, avec ses plages et ses ports de plaisance, parmi les plus grands d’Europe ;
• différents types de montagne pour les sports d’hiver comme pour la randonnée et les sports extrêmes toute l’année ;
• une très grande diversité de paysages ;
• des monuments historiques parmi les plus visités d’Europe, certains inscrits au patrimoine mondial de l’Humanité ;
• une gastronomie reconnue, dans le boire comme dans le manger ;
• une grande richesse de musées complémentaires, dans la capitale régionale, mais aussi dans de très nombreuses villes plus ou moins grandes ;
• toutes les formes d’hébergements.
Cela vient de très loin, bientôt 50 ans, propulsé par l’Etat par la Mission Racine. La Région Languedoc Roussillon est une destination touristique aux multiples facettes dont la personnalité la différencie des autres.
Pourquoi la nier, la dissoudre ou l’écarteler ?
Soit dit en passant, la Région Languedoc Roussillon n’a attendu ni l’Etat, ni d’autres régions pour inventer le Parlement de la Mer.
2. La région Languedoc Roussillon est reconnue par son vignoble :
• C’est bien sûr le plus grand vignoble au monde.
• C’est principalement un vignoble qui offre diversité des cépages, des sols, des climats,… donc des vins !
• C’est surtout un vignoble qui, au prix de très grands efforts – des vignerons, des œnologues, des cavistes, des commerciaux,… mais aussi des Collectivités locales – s’est hissé parmi les meilleurs, et propose un rapport qualité prix exceptionnel, aujourd’hui distingué parmi les grands crus.
• Mieux reconnu d’année en années, c’est le vignoble le plus vendu à l’international en 2013.
• C’est aussi l’investissement dans notre marque ombrelle, Sud de France. Grâce à un travail marketing, à des campagnes de communication, Sud de France a acquis une notoriété nationale et qui progresse aussi à l’international, favorisant l’identification de nos vins, donc leur vente, donc l’emploi et la notoriété de la région avec ses retombées économiques collatérales sur le tourisme et l’attractivité globale.
• La création des Maisons de la Région Languedoc Roussillon, vitrine commerciale de nos spécificités dans plusieurs pays européens et extra-européens, est un investissement dont les retombées financières n’en sont qu’à leur commencement.
• La vigne, dans notre région, c’est aussi un axe touristique – l’œunotourisme – dont les effets montent en puissance.
Quel que soit le respect que l’on ait pour les vins des régions qui nous environnent, diluer notre viticulture dans une autre région n’a pas de sens. Au delà du respect dû à nos viticulteurs, il y a une filière économique à ne pas mettre en danger ; le vin est un marché suffisamment fragile par lui-même.
Plutôt que de profiter de la montée en notoriété de Sud de France, nous serions obligés de perdre tout l’investissement fait, l’argent public, l’intelligence et la sueur des femmes et des hommes ? Exit Sud de France avec ses bénéfices présents et à venir ? Et cela parce que quelques technocrates auraient redécoupé la carte de France à coup de serpe, comme jadis leurs ancêtres ont dessiné les frontières de l’Afrique avec le succès que l’on sait ? Non. Trois fois non.
3. La Région Languedoc Roussillon, c’est aussi la richesse de ses Universités
La faculté de Médecine de Montpellier est la plus ancienne de France et la plus ancienne en activité dans le monde.
Elle ne se contente pas de cela : elle rayonne par sa renommée, elle accueille nombre d’étudiants étrangers. Fidèle à sa tradition, elle conserve une place éminente dans le mouvement médical contemporain, par la qualité et la diversité de ses enseignements et aussi de sa recherche. C’est d’ailleurs pourquoi notre Région a décidé de donner à cette université des moyens matériels dignes des exigences du siècle présent. Faudrait-il abandonner cela pour être un satellite de l’université d’une autre région ?
L’université ne se limite pas à la médecine. Notre Région – Montpellier, et aussi Nîmes, Perpignan et même Béziers – offre une palette de formations universitaires très larges, avec plusieurs grandes écoles ( comme SupAgro ). Elle n’est en manque d’aucune grande sœur, d’autant plus qu’elle sait construire la fusion entre deux de ses universités phares, porteuse d’une qualité et d’une notoriété en croissance.
4. La Région languedoc Roussillon, c’est aussi des entreprises en pointe sur la recherche et les technologies d’avenir
Rappelons tout d’abord que le Languedoc-Roussillon occupe le quatrième rang des régions métropolitaines pour l'intensité des activités de recherche et développement. En 10 ans, le budget des entreprises consacré aux travaux de recherche et développement a plus que doublé en Languedoc-Roussillon. C'est la seconde plus importante évolution régionale de cette décennie.
INRA Montpellier, CIRAD Montpellier, IRD, etc … Plusieurs secteurs de recherche sont des références comme l’agronomie. Rien que Montpellier compte 6 000 chercheurs.
Le 1er Centre spatial universitaire s’installera à Montpellier. Pas besoin de nous noyer dans une méga région artificielle.
Nous nous contenterons de citer aussi Medtech dont l’inventeur et patron d’entreprise a été qualifié de “quatrième entrepreneur high-tech le plus révolutionnaire au monde », après les fondateurs d’Apple et Facebook.
Chacun pourra ajouter sa liste, mes deux exemples n’épuisant pas le sujet.
5. La Région Languedoc Roussillon a amélioré son attractivité auprès des entreprises : elle commence d’en recueillir les fruits.
Cette attractivité est due à notre climat et à notre environnement privilégié, à notre vignoble, à nos université et à notre Recherche, mis en synergie par notre Institution.
Exemple d’actualité : une entreprise suisse vient récemment d’engager son implantation sur les bords de l’étang de Thau car elle y trouve l’environnement qu’elle n’avait pas en Turquie où elle était jusqu’ici.
Contentons-nous de citer le numérique qui est l’un des marqueurs de notre Région en sa capitale.
Le 4ème salon Hydrogaïa vient de fermer ses portes avec un grand succès. Pourquoi se tient-il à Montpellier, en attirant tant d’entreprises et de responsables de 28 nations ? Nous le devons à l’excellence de la filière régionale de l’eau ( BRL, le cluster Sweilia, Aqua Domitia, Egis eau, etc… ).
6.La région Languedoc Roussillon, c’est une cohérence autour d’une capitale régionale
Montpellier est devenue, sous l’impulsion d’une volonté politique, la 8ème ville de France. Elle est la 5ème ville française qui, d'après les cadres, allie le mieux qualité de vie et dynamisme économique.
Signalons que Montpellier a été désignée comme la ville la plus sportive de France. Elle accueille aussi de grandes manifestation, comme le FISE dans quelques jours ou un grand tournoi de basket l’automne prochain. D’ailleurs, Tony PARKER qui a décidé de faire ce grand tournoi de basket à Montpellier, nous l’a rappelé encore hier.
N’oublions pas les festivals culturels aussi – pas seulement à Montpellier – multiples et reconnus !
Pour l’anecdote, rappelons que le jardin des plantes – un des plus anciens d’Europe – créé par un Edit d’Henry IV en 1593 a servi de modèle à celui de Paris 40 ans plus tard !
La France peut-elle éliminer la capitale régionale la plus attractive, Montpellier la surdouée ? Montpellier peut-elle devenir une sous-préfecture d’une méga-région ?
7. La Région languedoc Roussillon, c’est une politique de développement et de cohérence menée depuis 2004
Notre Conseil a développé depuis 10 ans une politique d’investissement incomparable, quelques 500 millions par an. La qualité de sa gestion est saluée. Faudrait-il briser ces efforts, cet élan ? Pourquoi ? Pour favoriser d’autres régions ? Pour s’en remettre de notre développement à d’autres ? Non, trois fois non.
Conclusion :
Des réformes, il peut en être faites.
Si l’on veut que les régions françaises soient plus dynamiques, il faut commencer par ne pas briser ce qui a été entrepris. Le développement économique a besoin de temps, de cohérence et de continuité pour produire ses effets. Nous avons engagé, ici, un travail qui doit être poursuivi.
Si l’on veut que les régions françaises soient plus dynamiques, il faut qu’elles aient plus de pouvoirs et plus de moyens.
Certains montrent en exemple la régionalisation d’autres pays européens. Mais ce qui nous différencie jusque là, ce n’est pas la taille ! C’est l’étendue des pouvoirs, particulièrement dans le domaine de l’impulsion économique. Ce qui nous différencie aussi, c’est l’autonomie fiscale. Que l’Etat nous donne plus de responsabilités et de moyens ! Mais quand l’Etat nous transfère des responsabilités, qu’il ne garde pas une partie des moyens, comme cela a été le cas dans le passé… Et qu’il regarde vers ce qui fera doublon entre les Collectivités locales et l’Etat centralisé ou déconcentré.
Nous le disons à nos amis du gouvernement : l’endettement public de la France, ce n’est pas celui des régions ou des départements : c’est celui de l’Etat par les gouvernements qui l’ont précédé.
Il y a vraisemblablement des régions qui souhaitent se regrouper et elles ont surement de bons arguments les concernant. Qu’elles le fassent. Notre région n’a pas ce besoin : sa cohérence est en action. Et quand il faut, sur certains sujets, mettre en place des coopérations régionales, notre Région a su le faire, même avec la Catalogne.
Il faut faire les choses de manière rationnelle et cohérente et garder la cohérence de notre région. Il faut aussi garder une certaine proximité pour la démocratie.
Non à la suppression de notre Région. Non, trois fois non.
Dire non, ce n’est pas protéger la poignée d’élus régionaux que nous sommes, c’est défendre l’intérêt général, c’est respecter l’ensemble de nos filières professionnelles qui sont assurément les chevilles ouvrières de notre Région. C’est servir l’intérêt des concitoyennes et concitoyens de notre Région !
Frédéric LOPEZ
Président du groupe Radical de Gauche du Conseil régional Languedoc – Roussillon