Entreprises

Léger recul des défaillances d’entreprises

En dépit d’un contexte social tendu, sur fond de crise des « Gilets jaunes », les défaillances d’entreprises se sont légèrement repliées en début d’année, selon les derniers chiffres de la société Altares. Eclairage

C’était plutôt inattendu : au cours des trois premiers mois de l’année, 14 146 procédures collectives ont été ouvertes, soit une baisse de 1,1 % par rapport à la même période de 2018. Dans le détail, au premier trimestre 2019, 4 050 redressements judiciaires ont été prononcés par les tribunaux, relève Altares, société spécialisée dans l’information aux entreprises. Elle précise que le nombre de liquidations judiciaires ne recule que faiblement pour atteindre près de 9 840 jugements, soit – 1,3 % par rapport à la même période de 2018. Cette légère diminution s’explique par « une meilleure résistance des sociétés faisant l’objet d’un plan de sauvegarde ou de redressement » . En effet, plus de 610 liquidations ont été prononcées sur résolution du plan au cours de la période, contre 740 un an plus tôt. Quant aux procédures de sauvegarde, encore peu nombreuses, elles reculent de 10,6 % pour atteindre le nombre de 252.

Les TPE de moins de 10 salariés toujours les plus en souffrance

Représentant près de 94 % des défaillances, les TPE de moins de 10 salariés sont les plus impactées par la conjoncture économique, peu favorable. Selon Altares, la sinistralité des TPE s’est stabilisée à moins de 13 400 procédures. A contrario, la tendance s’améliore du côté des PME de 10 à 49 salariés, dont le nombre de défaillances diminue nettement (- 12 %) pour atteindre 708, soit une centaine de moins qu’un an plus tôt. Toutefois, ce chiffre encourageant ne doit pas occulter la réalité, marquée par une forte augmentation des liquidations judiciaires directes de PME de 10 à 19 salariés (278, contre 264 en 2018). La situation est identique pour les PME de 50 salariés et plus. « La relative stabilité du nombre de procédures masque une accélération des liquidations judiciaires directes », souligne Thierry Millon, directeur des études Altares.

Plus inquiétant, les liquidations de sociétés de plus de 100 salariés sont passées d’une par mois début 2018 à deux cette année. Dans l’absolu, cela peut paraître peu, mais les conséquences sociales sont importantes. Résultat, dans ce contexte encore assez précaire, près de 45 000 emplois sont menacés ce trimestre, soit un peu plus d’un millier supplémentaire par rapport à début 2018. « En moyenne, cela correspond à 3,2 emplois par entreprise, contre 3,1 il y a un an et 2,8 début 2017 » précise Altares.

Des situations très hétérogènes en régions

Au niveau territorial, les régions Corse et Grand-Est enregistrent les plus fortes hausses de défaillances d’entreprises, au-delà de 10 %. Celles-ci retrouvent leur niveau de sinistralité de 2017. En particulier, le territoire lorrain accuse même une hausse de 24,7 %, annulant ainsi la baisse de 22 % de début 2018. En Bretagne et Centre-Val-de-Loire, le nombre de défaillances augmente d’environ 8 %. Quant à la Région Nouvelle-Aquitaine, celle-ci a réussi à contenir les défaillances à 1 277, contre 1 261 au premier trimestre 2018, soit une augmentation de 1,3 %. Néanmoins, celles-ci restent encore en-dessous de la sinistralité de début 2017 (1 412). A contrario, les autres régions métropolitaines poursuivent une bonne orientation avec des reculs de procédures de 1,3 % en Occitanie, 3,1 % en Normandie, 3,4 % en Ile-de-France ou 4,2 % dans les Hauts-de-France. L’amélioration est encore plus nette en Bourgogne-Franche-Comté (- 5,3 %), Pays-de-la-Loire (- 6,1 %), Auvergne-Rhône-Alpes (-6,4 %), et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (- 7,2%).

Les principaux secteurs rebondissent

Concentrant les deux tiers des défaillances, les secteurs de la construction, du commerce, de l’industrie et des services aux entreprises enregistrent un recul du nombre de défaillances. Dans le détail : la construction, dans son ensemble, avec 3 521 procédures, affiche une baisse de 5,4 %. Le commerce résiste, qu’il s’agisse du détail ou du gros, avec 3 095 défaillances, soit une diminution de 2,5 %. Sous le millier de procédures (944), les défaillances d’industriels chutent aussi nettement à – 8,1 %.

Sans les liquidations techniques relevées à La Réunion, les services aux entreprises suivent une tendance positive, soit – 2,9 %. A contrario, toujours grevé par les taxis, le secteur des transports connaît une situation plus vulnérable avec une hausse de 5 % (570 défaillances), tout comme les activités à destination du consommateur, qui enregistrent de nettes augmentations, en particulier dans la coiffure (+ 17 %), la restauration rapide (+ 11 %) ou encore les cafés. Enfin, le nombre de défaillances reste stable dans l’agriculture avec près de 340 procédures, excepté chez les éleveurs, note Altares.

Reste que, pour les mois qui suivent, un rebond n’est pas exclu : les trésoreries des entreprises sont toujours tendues. Si le dispositif d’aides aux entreprises mis en place par le gouvernement suite au mouvement des « Gilets jaunes » et la compréhension dont ont fait preuve les fournisseurs ont contribué à maintenir hors de l’eau les entrepreneurs en difficulté, Thierry Millon redoute un rattrapage ce printemps, ces mesures n’étant qu’exceptionnelles et temporaires, rappelle-t-il.

Romain MILLET et B.L.


Un climat des affaires stable en avril

Le climat des affaires est resté stable en avril, selon les dernières données de l’Insee. Calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs marchands, l’indicateur s’est maintenu à 105 points, encore supérieur à sa moyenne de longue période (100 points), soutenu par un léger rebond dans le commerce de détail. L’opinion des dirigeants s’est en revanche dégradée dans le bâtiment et chez les industriels. L’évolution de la demande globale et à l’export que prévoient ces derniers chute nettement pour atteindre, respectivement, les plus bas niveaux observés depuis janvier 2015 et juillet 2016, souligne l’Institut de statistique. Dans le secteur des services, les dirigeants se montrent plus optimistes quant à leurs perspectives générales d’activité. B.L


 

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