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Les avocats s’invitent à l’audience solennelle de rentrée du tribunal judiciaire de Montpellier

Première rentrée solennelle tout à fait inhabituelle pour le tribunal judiciaire de Montpellier. Depuis…

Première rentrée solennelle tout à fait inhabituelle pour le tribunal judiciaire de Montpellier. Depuis la rue jusqu’à l’entrée dans l’enceinte du tribunal, toutes les personnes venues assister à l’audience solennelle de rentrée ont dû passer entre deux rangées d’avocats silencieux. Un accueil à la fois digne et marquant la gravité de la situation, telle que la vit cette profession.

 

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© HJE, Yves Topol

A l’intérieur de la salle d’audience bondée, fait inaccoutumé, la parole a d’abord été donnée au bâtonnier Rémy Lévy. « C’est la première fois dans l’histoire du barreau de Montpellier que le bâtonnier en exercice prend la parole. Ce n’est pas dans le cadre d’un changement protocolaire. C’est dans le cadre d’une situation extrêmement grave et aujourd’hui, le barreau de Montpellier est présent avec le bâtonnier, avec le conseil de l’Ordre et avec une immense majorité des confrères qui sont présents dehors et qui manifestent avec silence et dignité », a-t-il souligné.

Les avocats de Montpellier et des 164 barreaux de France qui manifestent contre le projet de réforme du système de retraite en sont à leur troisième semaine consécutive de grève.

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Le discours du bâtonnier Rémy Lévy au TJ de Montpellier

 

Me Lévy : « Aujourd’hui, la profession est menacée, et le message que je veux faire passer, c’est que nous ne sommes pas dans un débat technique, nous ne sommes pas dans un combat corporatiste comme il est dit parfois. Nous sommes dans un combat pour la survie de la profession à la suite d’un projet de réforme des retraites qui est un projet inflexible, brutal et dogmatique. 

Pour la première fois dans l’histoire de la République française, cette grève touche le contentieux liberté, c’est-à-dire l’activité pénale, la présence en garde à vue, la présence devant le juge des libertés et de la détention, les tribunaux correctionnels et les cours d’assises, puisque les trois dossiers d’assises ont été renvoyés à Montpellier depuis le 6 janvier. Nous agissons ainsi à contre-cœur, parce que notre ADN, c’est de défendre nos clients, surtout en matière pénale. Mais aujourd’hui, devant l’absence de retour du gouvernement sur notre questionnement face à l’impact catastrophique du projet de retraites pour la profession, nous n’avons que ce moyen pour agir. Ce dossier, qui est un dossier politique et non technique, est désormais entre les mains du Premier ministre. 

Le gouvernement propose de supprimer la caisse autonome des barreaux français, soit une confiscation de nos avoirs. Or cette caisse, qui n’est pas un régime spécial et ne coûte pas un centime à l’Etat ou aux contribuables, reverse tous les ans, au titre du mécanisme de solidarité, 100 millions d’euros au régime général. Ce mécanisme de solidarité fonctionne bien pour les avocats, puisque nous avons quatre cotisants pour un retraité et que notre équilibre démographique est assuré pour de nombreuses années. 

Le gouvernement nous propose en outre de doubler nos cotisations, de 14 à 28 %, et en contrepartie, nous aurons une baisse de notre retraite de base de 1.450 € à 1.000 €. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter, d’autant plus que les membres de notre profession les plus touchés sont ceux qui gagnent moins que le revenu médian, soit 48.000 € par an. Ces avocats sont les plus menacés. Ce sont eux qui participent le plus aux missions de base du service public : les commissions pénales, les commissions d’office, l’aide juridictionnelle. Nous considérons que s’attaquer ainsi à cette partie essentielle de la profession revient à une fermeture de l’accès au droit. Et cette fermeture de l’accès au droit, on la voit déjà se manifester depuis maintenant deux années avec nombre de réformes qui sont présentées comme des progrès mais qui n’ont pour objet que de fermer l’accès à la justice. La réforme des retraites a été préparée de façon amateur, et aujourd’hui, il est impossible de discuter avec le gouvernement. Nous sommes passés de l’indifférence au mépris.   

Il est vrai que la situation est tendue, mais à tous les magistrats et à tous les personnels de greffe présents ici, je tiens à dire avant tout que, comme eux, nous contribuons au maintien de l’activité judiciaire, service public essentiel et fondamental de notre République. » 

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Avocats, le Bâtonnier Rémy Lévy : Qui veut d’une retraite injuste ? (vidéo)

 

 

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