Les défis qu’ensemble nous devons relever .... par Fabrice MUR
Les défis qu’ensemble nous devons relever Agde est une ville de paradoxe. Ville d’histoire,…
Les défis qu’ensemble nous devons relever
Agde est une ville de paradoxe. Ville d’histoire, de patrimoine, de culture, elle est notamment aujourd’hui connue en Europe entière pour le caractère bien spécifique de son village naturiste.
Tournée naturellement vers la Méditerranée depuis des millénaires, la mer y est perçue comme une évidence à laquelle trop peu d’attention est portée.
Indissociable de la vision, du dynamisme et de l’éclair de génie de nombreux bâtisseurs, de l’antiquité au Plan Racine, elle s’est depuis de trop nombreuses années endormie sur ses lauriers, comptant seulement sur la saison touristique pour prospérer. Sa structure sociodémographique est aujourd’hui à l’image de la carence de vision politique subie au cours des dernières années : augmentation des retraités, diminution des jeunes de – de 30 ans, réduction de la taille des ménages et augmentation des foyers monoparentaux.
Pour répondre à la crise économique qui affecte notre jeunesse, à la crise sociale qui entraine notamment l’isolement de nos séniors, au laisser aller qui malmène notre centre ville et détruit son commerce, à la crise morale engendrée par un système clientéliste qui sape la confiance des habitants, je souhaite donner un nouveau cap pour Agde.
Dans cette perspective, je veux vous faire partager ma vision et celle de mon équipe. Ensemble, nous devons relever rapidement trois défis majeurs :
1. Le défi du développement économique, pour permettre à tous, jeunes et moins jeunes, de vivre et de bien vivre sur ce territoire. Ce n’est un secret pour personne, nous avons aujourd’hui le triste privilège de détenir le record de France du taux le plus élevé de chômage. Cette situation, qui tient bien entendu à une mono activité touristique trop saisonnière, tient aussi à une sous qualification particulièrement marquée des 2/3 de la population des jeunes. Poussées par l’attrait du soleil et par la renommée du Cap d’Agde, 1ère station touristique française en terme de nombre de lits touristiques, de nombreuses personnes nous rejoignent chaque année, bercées par l’illusion d’une économie touristique florissante. Combien de saisonniers se retrouvent ainsi au chômage l’automne venu ? Combien de commerçants ferment-ils leurs portes, ayant tenté en vain de développer une activité pérenne ? Cette situation, en tant que chef d’entreprise, je refuse de m’y résoudre. Il faut agir.
Dans une Europe en crise et une France qui peine à retrouver la croissance, nous devons, localement, faire preuve d’imagination et de volonté afin de développer une économie qui aille bien au delà des seules activités touristiques. Sans les ignorer, bien au contraire, nous devons chercher à diversifier notre développement économique et ainsi, les sources d’emplois. La présence du TGV et de l’aéroport, la proximité de Montpellier et la liaison à grande vitesse sur Barcelone, les mutations en matière de transport domestique sont les bases de l’accessibilité et de l’attractivité de notre territoire. Les opportunités dans le secteur des énergies renouvelables, les attentes montantes pour une viticulture et une pêche en pleine mutation, le développement de l’économie numérique et de la logistique, notre environnement naturel riche et varié, doivent nous amener à envisager toutes les pistes. Nous créerons ainsi des sources à la fois d’emplois et de diversification des compétences, indépendantes des cycles des saisons touristiques. Nous devons accompagner nos jeunes entrepreneurs à réussir pleinement leurs projets d’implantations. Nous devons également réfléchir à d’autres façons d’entreprendre et de créer de la valeur et permettre ainsi de développer un tourisme à plus fortes retombées pour le territoire. Ce n’est que par l’emploi que nous rééquilibrerons notre pyramide des âges. Ce n’est que par l’emploi que nous redonnerons le souffle qui manque au commerce agathois. Ce n’est que par l’emploi que nous vaincrons durablement la question de la délinquance et des incivilités. Ce n’est que par l’emploi que nous ferons à nouveau rayonner notre ville.
2. Le défi de l’éducation et de la culture, conditions essentielles à la cohésion sociale et au partage des fruits du développement économique. Notre jeunesse est en manque de qualification. Ceci est dû au fait notamment que les formations supérieures ou professionnelles sont quasi-inexistantes sur notre ville. Comment, pour les plus motivés, pouvons nous admettre que les formations s’arrêtent au BAC et que même en matière de tourisme, activité phare de notre cité, c’est à Pézenas qu’il faille se rendre pour suivre une formation de type BTS ? Pour les autres activités, quelles actions ont été développées pour une intégration professionnelle ? Rien. Nous devons remédier à cette situation. Il nous faut inventer de nouveaux modèles, nouer des partenariats publics et privés, soutenir l’innovation et proposer la diversification des activités dans les établissements déjà implantés. En matière d’apprentissage des langues, notre statut de station touristique doit nous amener à nous placer dans l’excellence. Fort de notre gamme en infrastructures sportives, rugby, football, tennis, voile ou golf, nous devons investir le sport-étude et le haut niveau. Face au décrochage scolaire et en lien étroit avec le tissu économique, nous devons mettre en place une politique de formation professionnelle initiale et continue, déterminée par une gestion prévisionnelle territoriale des emplois et des compétences à l’échelle communautaire. Grâce à notre proximité avec Montpellier et les facilités de transport, nous devons encourager l’implantation de nouvelles unités de formations, privées ou publiques, départements d’Universités ou instituts de formation. L’environnement, le tourisme, les professions immobilières, les services à la personne, la construction, le nautisme, l’économie créative sont autant de secteurs dans lesquels des opportunités existent et qu’il faut savoir saisir par la concertation. Mais le défi de l’éducation va bien au delà de l’école, et la culture doit (re)trouver ses lettres de noblesse. Au delà de l’animation pour les touristes, notre ville, riche de son histoire et de ses habitants, mérite une véritable politique culturelle ambitieuse, permettant une meilleure expression des talents. Cette dynamique doit passée par une politique culturelle, volontaire, visionnaire et affirmée et par un soutien accru aux associations. Culture pour tous, la culture doit également servir de levier à un tourisme plus qualitatif et désaisonnalisé par des évènements culturels d’envergure.
3. Le défi de la préservation et de la mise en valeur de notre patrimoine, historique et naturel, l’eau comme le basalte, dans lequel s’incarne fondamentalement notre identité. Agde, appelée de tout temps « perle noire de la Méditerranée », comment devons nous la nommer aujourd’hui en découvrant son centre ville déserté et délaissé ? Lorsqu’il a conçu le Cap d’Agde, Jean Le Couteur chercha à en faire un exemple de forme urbaine harmonieuse intégrée dans son environnement naturel, mêlant modernité et tradition, respectant l’harmonie du village traditionnel du Languedoc. Donnant la priorité à l’urbanisme et non à l’architecture, il dira même plus tard “L’architecture n’est pas essentielle, elle est éphémère, c’est l’urbanisme qui restera”. Navigateur passionné, il en fit un port exceptionnel à l’abord de la seule île du Languedoc : Brescou. Aujourd’hui, face à la multiplication exponentielle du parc de voitures dans nos quartiers, face à l’émergence de nouvelles attentes en terme de mobilité douce plus en harmonie avec l’environnement, nous devons adapter et créer de nouveaux réseaux de transport. Face aux ravages de la bétonisation à outrance qui a fait pousser en quelques années des quartiers tels que les Cayrets, au mépris de la qualité de vie de ses habitants et des paysages, nous devons remettre l’urbanisation au service des Agathois. Grâce aux richesses d’un patrimoine naturel et bâti que nous ignorons trop, de la réserve du Bagnas aux Verdisses, du Canal du Midi aux herbiers de posidonie, du mont saint loup à la pinède de la Tamarissière, nous devons totalement reconsidérer notre relation à l'environnement. L’urbanisme innovant qui a présidé à la construction du Cap d’Agde doit aujourd’hui à nouveau nous guider pour une mobilité et une fluidité harmonieuses entre les différents quartiers de la ville. Il doit également permettre la mise en valeur de nos patrimoines naturels et bâtis pour le plus grand bonheur des petits et des grands, des touristes et des habitants. Il doit enfin faire que les agathois, dans leur pluralité, différences et complémentarités, retrouvent cette fierté que ces grands hommes avaient de notre cité.
Voici clairement ces trois défis majeurs auxquels nous devons, ensemble, répondre. A partir de ces défis, nous avons défini dix priorités, véritables axes de notre programme, que j’aurai le plaisir de vous présenter très prochainement.
Fabrice Mur
Réussir Agde Ensemble