Economie — Montpellier Méditerranée Métropole

Les Marchés Solidaires : la consommation locale et l’entraide mises en réseau

Né lors du premier confinement à Montpellier, Les Marchés Solidaires, réseau d’entraide entre 50.000 commerçants et clients, a permis de recréer des dynamiques de consommation locale. Guillaume Boyer, 28 ans, président de l’association, dévoile les visées sociales plus larges portées avec son équipe.

Qu’est-ce que les Marchés Solidaires ?

Guillaume Boyer : « Les Marchés Solidaires, nés pendant le premier confinement, c’est d’abord une association de mise en réseau, en lien direct, de producteurs, commerçants, artisans, avec des consommateurs, dans une perspective locale, de qualité et bien sûr d’entraide. Cela se fait sur les groupes Facebook Marchés Solidaires de la ville correspondante. Le principe est très simple : les producteurs postent leurs annonces, les consommateurs postent leurs demandes, et les gens se répondent directement et se mettent en lien entre eux. Notre rôle est simplement de dynamiser à la base, puis de superviser si besoin, modérer tout cela ; et de coordonner et innover sur tout le projet global, au niveau de notre association.
Si, au départ, cela concernait surtout les producteurs de fruits et légumes touchés au cœur pendant le premier confinement, aujourd’hui, les types d’annonces se sont élargis à tous les commerçants et artisans locaux – un des seuls critères principaux – car il faut aider tout le monde. Outre l’entraide, nos buts plus larges sont de favoriser nos acteurs locaux et de retrouver et rendre accessibles à tous ces modes de consommation en circuit court, de qualité, plus simples, solidaires et écologiques. Mais aussi, dans cette perspective sociale et d’entraide, d’aider les plus touchés par la crise et les plus démunis, notamment les étudiants et les personnes en marge de la société. Le monde événementiel – notamment festif, comme les bars, boîtes de nuit, très importants pour moi – est également dans nos préoccupations. En plus des mises en lien des marchés sur les réseaux, dès la fin de l’année 2020, nous avons commencé à mettre en place une série d’actions solidaires et de projets associatifs plus larges, en lien avec de nouveaux partenaires. »

equipe les marches solidaires
equipe les marches solidaires

Comment l’association a-t-elle été créée, et comment les équipes sont-elles constituées ?

Guillaume Boyer : « Vers le 20 mars 2020, j’ai entendu aux informations que les marchés en plein-air fermaient, et je voyais des producteurs en détresse, qui se demandaient comment faire pour vivre. Etant moi-même dans l’événementiel, très impacté par la crise, et ayant une nature sociable, je me suis demandé que faire pour s’entraider. J’ai donc commencé tout simplement par monter sur Facebook un groupe appelé les Marchés Solidaires, d’abord à l’échelle du département. Puis, devant l’accroissement très rapide que prenait le groupe, j’ai initié d’autres groupes Facebook partout en France, et monté simultanément une petite équipe pour structurer et coordonner tout cela, avec Youri Salord et Chloé Damien. Ils ont démarché directement les producteurs pour les faire venir sur le groupe, ainsi que leurs communautés, et en parallèle, on faisait venir un flot continu de consommateurs. Et très vite, ça a pris, les gens échangeaient sur cet espace, et le nombre n’a fait que grandir. Depuis, des petites équipes de bénévoles se sont portées volontaires pour animer et modérer les groupes de leur département, qui fonctionnent très bien en indépendance aujourd’hui, comme celui de Lyon. Un mois après, nous avons créé les pages Facebook, LinkedIn et Instagram pour mieux informer, puis surtout en novembre 2020, nous avons créé notre association, et déposé le nom Marchés Solidaires.
Dans l’équipe montpelliéraine, à l’initiative du mouvement national, tous les membres ont un poste de directeur de l’association. Il y a les membres fondateurs initiaux : Chloé Damien, vice-présidente de l’association, et Youri Salord, le trésorier mais aussi responsable RH et chargé du développement d’équipe. Puis nous avons été rejoints par Bénédicte Nombret, la secrétaire de l’association et chargée de la communication, Madélie Lauret, responsable du développement associatif, et Ilhem Goulli, responsable des relations publiques. Pour ma part, j’ai initié le projet et, en tant que président, je porte les démarches de fond et le projet en public.
Le but est d’agrandir, fédérer et ancrer de solides équipes dans chaque département par la suite, pour les différents projets de l’association, en développant notamment les réseaux sociaux, avec du contenu pédagogique par exemple, et de garder, pour notre association, Montpellier comme foyer premier de rayonnement, avant de se déployer sur le reste ».

Quelles actions avez-vous menées ?

Guillaume Boyer : « Pour Noël 2020, Bénédicte Nombret a eu l’idée de réaliser une collecte de jouets pour les enfants les plus démunis, et notamment ceux des détenus de prison, avec l’appui de SOS Racisme, qui a invité les Marchés Solidaires à participer à la distribution des jouets et livres, initiée par Mme Goulli, membre du conseil des Marchés Solidaires, responsable des relations publiques depuis novembre 2020.

Toujours dans ce but premier d’entraide et de donner de la visibilité aux commerçants locaux, nous avons tout d’abord projeté un grand plan de relance de sortie de crise. Le but est de faire un maximum de partenariats avec les commerces, et de les fédérer, avec les clients, au moyen d’une carte d’adhérent de réseau Marchés Solidaires. A ces adhérents, il sera proposé une offre exclusive : chez les commerces partenaires adhérents, que l’on reconnaît par les PLV (publicités sur lieux de vente), les clients adhérents seront encouragés, en échange, de temps à autre, à acheter un produit supplémentaire, qui sera ensuite redistribué aux plus démunis. Les distributions seront menées par nos associations partenaires. Tout le monde y gagne : les commerçants locaux qui boostent leur chiffre d’affaires, les clients qui redécouvrent comment consommer et s’entraider local, et les plus démunis, qui mangent à leur faim, le tout dans un fonctionnement dynamique solidaire, de qualité, écologique et de circuit court.

Ce plan de relance, qui vise dans un premier temps nos producteurs locaux et les étudiants, touchera à terme tous les commerces et artisans, les bars et restaurants, et tous les publics, toujours dans une redistribution de produits intelligente.
On vise surtout à privilégier les étudiants en premier lieu, car en plus d’être très touchés, c’est auprès de la jeunesse et de ses réseaux, qui sont conséquents, que nous tenons à nous implanter. Ils sont les consommateurs de demain à mobiliser. Et comme nous faisons plus ou moins partie de ce réseau, cela nous tient d’autant plus à cœur. Pour cette offre d’abord destinée aux étudiants, nous passerons par une de nos associations partenaires, le BDE (bureau des étudiants) qui sera chargé de sa distribution.
Le but est que notre association soit également implantée, y compris dans sa structure même, au sein du monde étudiant, afin de favoriser les réseaux concernés et de travailler sur les échanges, les formations, etc. »

Quels sont vos projets ?

Guillaume Boyer : « Notre grand projet à venir, piloté par Chloé Damien, est celui d’un festival, prévu pour le printemps ou l’été 2022, de Marchés Solidaires physiques, rassemblant sur plusieurs jours des consommateurs à la rencontre de tous nos producteurs, commerçants et artisans partenaires, afin qu’ils puissent vendre sans commissions. L’autre visée forte de ce festival, qui porte bien son nom, est de retrouver et y joindre absolument cet aspect festif, culturel, artistique, avec la présence de musiques, Djs, artistes. On en a tous besoin, c’est très important pour moi aussi. Nous avons évidemment d’autres projets de visée large à venir pour le public des Marchés solidaires, notamment les étudiants.
Nous avons, en plus du reste, des projets variés de mise en place d’un outil spécifique de click and collect gratuit pour les commerçants. Pour notre association, en plus de nos objectifs de développement et d’implantation, nous voulons créer un site Internet, voire une application. »

Un an après la création du groupe Facebook, quels sont les résultats ?

Guillaume Boyer : « Presque 24 heures après la création du premier groupe Facebook Les Marchés Solidaires – 34, il y avait déjà 1.000 membres dans le groupe. Aujourd’hui, un an plus tard, nous sommes presque 10.000, il y a 15 groupes et nous sommes 50.000 membres au total sur toute la France, producteurs, commerçants comme consommateurs. La demande ne s’est absolument pas tassée lors des déconfinements ; elle est restée la même – si ce n’est qu’on ne parle plus d’annonces de livraisons. Tous les jours, les gens continuent à inter-agir, à y avoir recours, et pour certains, ça a été une découverte et des bouleversements d’habitudes positifs, des deux côtés. On a reçu des centaines de messages de remerciements de producteurs et commerçants de toute la France. Certains nous disaient que l’initiative les avait sauvés, aidés et que cela leur avait fait gagner, en plus de nouveaux clients, et apprendre de nouvelles techniques de business. Beaucoup de clients ont redécouvert ce fonctionnement simple de dynamique locale et l’ont adopté. Nous avons aussi eu des gros clients qui ont surfé sur ce réseau, et nous avons été approchés par quelques commerçants qui nous ont proposé à leur tour des événements collaboratifs et des initiatives collectives. Cela nous fait plaisir : cette émulsion solidaire, éthique, économique et écologique, dans l’air du temps, a également séduit nos divers partenaires.

Notre but est de rester associatif et de ne pas nous politiser. Concernant la progression de notre association, et pour notre projet de festival en cours de mise en place, les fonds seront assurés par les adhésions et le soutien de nos sponsors, prometteurs.”

Commerçant intéressé, comment faire ?
Pour les demandes spéciales, contactez l’association à marchessolidaires@gmail.com. Sinon, il suffit de rejoindre directement, pour les annonces aux consommateurs, le groupe Facebook des Marchés Solidaires de la ville correspondante. Groupe Facebook de Montpellier : https://www.facebook.com/groups/marchessolidaires34
Page Facebook générale des Marchés Solidaires :  https://www.facebook.com/marchessolidaires


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