Immobilier

L’immobilier doit-il redouter l’arrivée des Gafa ?

Après le voyage et l’hôtellerie, l’immobilier pourrait-il être le prochain secteur bouleversé par les Gafa ? L’inquiétude commence à poindre, selon un débat qui s’est tenu lors du récent congrès annuel de la Fnaim, à Paris. Mais ce changement recèle aussi des opportunités.

Le modèle économique d’autres secteurs a été balayé en quelques années, voire en quelques mois. Aujourd’hui, ce sont les professionnels de l’immobilier qui scrutent, inquiets, les premières incursions des Gafa – les géants américains de l’Internet et du numérique – dans leur secteur. Le 27 novembre dernier, à Paris, lors du 72e congrès de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), un atelier intitulé « L’arrivée des Gafa sur le marché immobilier : opportunité ou menace ? » a été suivi avec attention.

Entre l’hôtellerie et l’immobilier, en effet, la distance est faible. Or, dans ce domaine, des plateformes comme Airbnb ont créé une forme de relation de confiance nouvelle. « Qui aurait imaginé laisser les clés de son appartement à quelqu’un qu’il ne connaît pas ? », illustre Catherine Vandriesse, administratrice de la Fnaim. « La logique d’usage portée par les Gafa arrive aussi dans l’immobilier », estime pour sa part Mohamed Mahi, directeur des systèmes d’information à la Fnaim. Et il est de fait que les clients de l’immobilier sont des internautes, à l’image de l’immense majorité de la population. Plus de neuf personnes sur dix utilisent Google dans le cadre d’un projet immobilier, d’après les statistiques diffusées lors de l’atelier. Dans ce contexte, chacun à sa manière, les Gafa avancent leurs pions dans l’immobilier. Dans certains cas, ils s’adressent au marché directement. Ou proposent des services et fonctionnalités qui pourraient, en s’imposant, leur permettre de s’introduire dans le secteur. Et à partir de là, tout est possible…Très directement, « Facebook a fait une arrivée fracassante dans l’immobilier. Depuis le 25 septembre, les agents peuvent diffuser les annonces sur leurs biens sur la marketplace de Facebook. C’est une nouvelle pratique, différente de celle des sites Leboncoin et Bien’ici. On n’est plus obligé d’aller sur un portail dédié : on trouve les offres sur son réseau social préféré. Pour l’instant, il s’agit seulement de location, mais ce phénomène va prendre beaucoup d’ampleur », analyse Olivier Bugette, fondateur de La Boîte Immo, spécialiste de la conception de sites et de logiciels immobiliers.

Google achète l’immobilier

Autre géant qui s’avance, Google : « il fait régulièrement incursion dans l’habitat. On voit qu’il ne va pas jusqu’au bout », estime David Benbassat, directeur général de Bien’ici, site de vente et location dans l’immobilier neuf. Concrètement, Google a acheté Auction.com, un site Internet d’enchères immobilières, pour 50 millions de dollars, ainsi qu’un portail immobilier en Inde. Par ailleurs, il s’avance aussi de manière moins directe en développant des services qui deviennent couramment utilisés dans le monde de l’immobilier, comme Google Street View, ou des outils de visualisation d’espaces à 360 degrés. Quant à Amazon, il a développé un autre service, potentiellement stratégique dans le monde de l’immobilier : avec l’application Amazon Key, les clients peuvent laisser les livreurs entrer dans leur domicile en leur absence. « On peut imaginer un système d’intermédiation qui permettrait d’organiser des visites. C’est une voie potentielle de disruption de l’immobilier », analyse Olivier Bugette.

Toutefois, pour ce professionnel, l’arrivée des Gafa ne doit pas nécessairement être vue comme un risque : elle peut aussi receler des opportunités. Exemple avec Airbnb. « Nous avons un acteur qui disrupte le monde de la location saisonnière. Il remet en cause le rôle des hôtels et des agences. Mais cela crée aussi une opportunité pour les agences immobilières. Le partenariat entre Century 21 et Airbnb fait que toute la chaîne est valorisée », relate Olivier Bugette. Concrètement, Century 21 propose un bail avec un contrat tripartite : les revenus d’une location de courte durée sont répartis entre l’agence, le propriétaire et le locataire. Aux États-Unis, en Floride, certains agents immobiliers proposent aux futurs acquéreurs de tester leur future maison en Airbnb ou, si ce n’est pas possible, au moins la vie du quartier, en louant un appartement à proximité du bien qu’ils convoitent. « Ce sont des usages nouveaux qui pourraient s’installer », estime Olivier Bugette.

Anne DAUBREE

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