Livre : des collégiens de La Grande-Motte se dressent contre l’esclavage
Les Editions Indigène impriment, en ce mois de février, Sur la boucle des alizés,…
Les Editions Indigène impriment, en ce mois de février, Sur la boucle des alizés, un long poème en prose écrit par les élèves de la quatrième C du collège Philippe-Lamour de La Grande-Motte. Les ventes seront reversées à SOS Villages d’Enfants International. Récit d’une belle histoire…
Une prof pas comme les autres
Certains professeurs savent plus que d’autres intéresser leurs élèves aux matières qu’ils enseignent. C’est le cas d’Isabelle Vouin, professeure d’histoire-géographie au collège Philippe-Lamour à La Grande-Motte. Ethno-historienne, c’est une baroudeuse qui a vécu de nombreuses années au Kenya et qui a passé du temps auprès des Maasaï. Elle a exploré la Corne de l’Afrique (Ethiopie, Tanzanie, frontière de la Somalie) dans le cadre d’une recherche de doctorat sur le Khat. Elle a également vécu auprès du personnel humanitaire dans les camps de réfugiés somalis au nord du Kenya. Après avoir séjourné en Thaïlande et à la frontière birmane au sein de l’ethnie Karen, elle s’est finalement installée à Montpellier puis à Lunel.
Elle enseigne à La Grande-Motte. Artiste dans l’âme, elle réalise de belles aquarelles inspirées des peuples qu’elle a rencontrés. Elle est également romancière, autrice de 7 livres, certains pour adultes, d’autres pour les adolescents, publiés par diverses maisons d’édition (dont Leyian, frère de rêve en terre maasaï ; L’Eclaireur ; A l’Etroit ; La Tyrannie du sucre d’orge ; Le Temps d’un abrazo et, tout récemment, Qui aime bien sur les violences faites aux enfants dans le cercle familial…). Elle dirige aussi des ateliers d’écriture avec créativité et bienveillance.
Sur le plan pédagogique, elle est attentive au fait que ses cours d’histoire comme de géographie soient le plus vivants possible, de façon à intéresser ses élèves.
Quand la révolte mène à la sensibilisation
C’est lors d’un de ses cours d’histoire que ses élèves de quatrième C ont découvert avec stupéfaction et horreur l’esclavage, son existence par le passé, mais aussi actuellement. « Comment est-ce possible ? Comment des êtres humains ont-ils pu faire subir à d’autres êtres humains cette ultime humiliation ? Comment exprimer son indignation face à cette négation de l’existence ? Puisque les cris de désespoir et les cris de rage sont des échos de plus en plus imperceptibles dans le brouhaha de l’Histoire, comment témoigner ? » Telles sont les questions qui ont émergé. L’idée leur est venue, sur les conseils de leur professeur, d’exprimer leur ressenti au travers d’ateliers d’écriture. Ils ont écrit un long poème en prose révolté et émouvant. Voulant éveiller les consciences autour d’eux, ils ont souhaité faire éditer leur texte. Leur choix s’est porté sur les éditions Indigène, qui avaient publié le fameux essai Indignez-vous de Stéphane Hessel. Une élève a illustré la couverture, ils ont réalisé le feuillet intérieur et rédigé une lettre à l’intention de Sylvie Crossman, la directrice éditoriale. Emue par leur texte et par leur démarche, celle-ci a immédiatement accepté d’imprimer cet ouvrage, qui paraîtra mi-février, en tant que mécène. Les élèves pourront le vendre ; la somme récoltée sera reversée à SOS Villages d’enfants International. Les élèves vont présenter fin février leur livre au concours national La flamme de l’égalité, qui distingue chaque année une classe pour son action de sensibilisation contre l’esclavage.
Leur professeur, Isabelle Vouin, ajoute que ses élèves de quatrième C « ne voulaient pas que leur action reste simplement une réalisation scolaire, ou la fierté d’avoir réalisé un livre en commun. Ils ont voulu sensibiliser au maximum la population en prévenant des journalistes et en aidant matériellement des enfants qui n’ont pas eu la même chance qu’eux ».
Et nous, adultes, sommes-nous aussi révoltés que ces jeunes par ce qu’endurent certains de nos semblables ? N’avons-nous pas un peu trop pris l’habitude des images atroces vues à la télévision ? Il serait peut-être temps que nous agissions, nous aussi, et que nous devenions plus humanistes…
Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com