Livre : « Matisse, les papiers découpés », la couleur et la simplicité des formes
Dans un ouvrage publié chez Taschen et consacré aux papiers découpés de Matisse, Xavier-Gilles…
Dans un ouvrage publié chez Taschen et consacré aux papiers découpés de Matisse, Xavier-Gilles Néret indique que, de la fin des années 1930 à son décès en 1954, influencé par son voyage à Tahiti, Henri Matisse se dirige vers l’abstraction en se tournant vers une nouvelle technique : la découpe aux ciseaux de papiers préalablement gouachés en aplats par son aide d’atelier. Faisant ainsi surgir le volume, il s’ouvre à une nouvelle dimension.
Son voyage à Tahiti donne une nouvelle notion de l’espace à Henri Matisse. A son retour, la peinture de chevalet est dépassée, explique Xavier-Gilles Néret. D’autant que, sa santé se dégradant, Matisse doit souvent garder le lit, comme en témoignent de nombreuses photographies d’époque, répertoriées dans ce livre-somme. Les couvertures brodées de motifs simples qu’il a pu admirer en Océanie vont inspirer à Matisse des formes plus simples elles aussi, réduites à leurs silhouettes. La danse et la musique l’inspirent. Il utilise ses papiers gouachés et découpés pour créer des couvertures de revues (Verve) et de livres, ainsi que des affiches. Sur ce principe, il réalise Jazz, son œuvre maîtresse. Des motifs floraux naissent sous ses ciseaux, mais aussi des récits mythologiques, comme La Chute d’Icare. Le tout en pleine Seconde Guerre mondiale. Sa poésie de la couleur contrebalance son terrible quotidien, entre guerre et maladie. Le peintre pousse encore sa technique du découpage en réalisant les vitraux « décoratifs cosmiques » de la chapelle de Vence de 1947 à 1951, ainsi que des chasubles. Représentant le paradis terrestre dans de « grandes compositions », ses découpages deviennent son « jardin intérieur », quand il est alité. Il réalise ses Nus bleus peu avant de mourir, alors que ses grandes gouaches découpées remportent un « vif succès », rappelle l’auteur.
Virginie MOREAU
> « Matisse, les papiers découpés », par Xavier-Gilles Néret. Taschen Editions. 334 pages. 49 euros.