Culture & Loisirs — Lunel

Lunel, interview : le duo de street artistes Sanckøblack en plein galop

Les Lunellois ont vu naître en une semaine une fresque de street art signée par le duo Sanckøblack, représentant un cheval au galop, face au Pôle d'échange multimodal. Interview des artistes…

Photo : la fresque “La Cavalcade” réalisée par les street artistes Sanckøblack à Lunel © Virginie Moreau

Le duo Sanckøblack est composé de Sancko (Sandra) et de Out of the Black (Pedro Vitorino), deux pseudos pour deux artistes de plus en plus demandés, à titre individuel ou en collaboration. Elle est issue du milieu de la peinture, lui du monde du graphisme. Entretien avec ce couple à la ville comme devant les murs…

Comment est né le projet de fresque à Lunel ?

Sanckøblack : “La Ville de Lunel a lancé un appel à projets en octobre 2021 Lunel pour la réalisation d’une peinture murale de 11 mètres de large par 3,80 mètres de haut, destinée à figurer au niveau du dépose-minute du Pôle d’échange multimodal. Notre projet a été sélectionné parmi la vingtaine de candidatures. Le thème portait sur le patrimoine naturel et culturel de Lunel : la Camargue, les taureaux, le musée Médard. Il y avait aussi l’idée de travailler sur un trompe-l’œil. Nous avons opté pour réaliser une fresque représentant un cheval camarguais. Nous n’avions jusqu’à présent jamais peint d’animal pour un projet de ce type. Ça a été une première”.

Sancko : “Le cheval symbolise la force, la liberté, le côté sauvage. On peut l’apprivoiser mais peut-on réellement le dompter ? Cet animal rappelle la nature, il évoque un retour aux sources.
Pedro a soulevé l’idée du mouvement, le cheval ayant été un des premiers moyens de transport utilisés par l’homme. La fresque étant située face au pôle multimodal, c’était une sorte de clin d’œil à ce premier moyen de transport. Le cheval face aux TGV. Le cheval au galop se propulse vers l’avant.”

Comment la population a-t-elle réagi durant la semaine où vous avez peint la fresque ?

Pedro Vitorino travaillant sur la fresque
Pedro Vitorino travaillant sur la fresque “La Cavalcade” à Lunel © Sanckøblack

Out of the Black (Pedro Vitorino) : “Nous avons reçu un super accueil de la part du public. Il y a eu beaucoup de passage devant la fresque, alors que nous étions en train de la créer. Les gens qui prenaient leur train ou en descendaient chaque jour passaient et repassaient devant, voyaient l’évolution, nous disant : “tiens, ce détail n’y était pas hier”. Il y a eu 99,5 % de retours positifs de la part du public qui a engagé la conversation avec nous. Certains nous ont donné leur propre interprétation de la fresque. Par exemple, un enfant de 4 ans nous a dit : “Le cheval sort de prison, il a trouvé le moyen de se libérer, il va suivre son chemin maintenant. Les deux autres, sur la gauche, sont encore prisonniers”.

Sancko : “Une personne nous a parlé de la composition, qui lui évoquait la chronophotographie, la cinématique, les décompositions de mouvements sportifs. Certains ont fait une relation entre la géométrie des tracés et les rails du train…”.

Sanckø peignant la fresque
Sanckø peignant la fresque “La Cavalcade” à Lunel © Sanckøblack

Sanckøblack : “Nous avons peint la fresque pendant une semaine en plein soleil. Un jour, une femme s’est arrêtée en voiture, nous offrant des boissons et à manger pour nous soutenir dans notre travail. Nous avons eu beaucoup d’encouragements de toute sorte. C’était très stimulant. Et les services de la Ville de Lunel nous ont très bien accueillis et facilité l’organisation.”

Comment vous répartissez-vous les tâches lorsque vous créez une fresque murale ?

Sanckøblack : “Au préalable, nous échangeons ensemble sur la thématique. Pedro conçoit ensuite le projet sur l’ordinateur. Nous faisons la fresque ensemble, une fois sur place. Sancko peint le motif principal (souvent une femme, ici un cheval) et Pedro se charge des éléments graphiques et géométriques. Puis le premier qui a fini va aider l’autre.”

Comment est née votre collaboration, et qui apporte quoi dans les projets ?

Out of the black (Pedro Vitorino) : “Nous sommes un couple à la ville. A la base, Sancko (Sandra) est peintre sur toile et je suis graphiste. Je travaille dans la communication, souvent sous marque blanche, et j’exprime l’univers du client. Quand nous nous sommes rencontrés, Sandra avait arrêté de peindre. Je l’ai incitée à réfléchir à ce qu’elle voulait raconter, à faire coïncider ce qu’elle mettrait sur ses toiles et ses engagements, notamment en faveur des droits des femmes.

Notre collaboration a commencé sur une série. Sandra a adopté le pseudo de Sancko pour signifier qu’elle passait à une nouvelle phase de création, qu’elle allait présenter de nouvelles choses…”

Sancko : “A l’époque, Pedro était l’homme de l’ombre. Il m’aidait à composer mes tableaux en faisant la conception préalable sur son ordinateur. Mais je trouvais injuste que son nom n’apparaisse pas à côté de ma signature sur les tableaux. Nous avons commencé à inscrire en signature “Sanckø en collaboration avec Out of the Black”.

Puis est née la signature Sanckøblack, à partir du moment où Pedro s’est mis lui aussi à la peinture. Il me suggérait de créer des choses droites, précises, perfectionnistes, autour de mes personnages, mais ce n’était pas moi. Alors je lui ai confié les pinceaux. Ça s’est fait de façon très naturelle, sans réfléchir. On a créé de plus en plus de toiles à 50/50, donc on a adopté un nom symbolisant le mélange de nos deux univers. Depuis un an et demi ou deux ans, nous avons donc fusionné nos signatures sous le nom Sanckøblack. Lorsque nous travaillons de façon individuelle, nous gardons nos signatures Sancko et Out of the black.”

Quels sont vos projets de création cet été ?

Sanckøblack :A Montpellier, nous avons fini le 13 juin une fresque sur le mur d’une résidence étudiante construite par le groupe Vinci Immobilier. Ce projet a été mis en œuvre par Hands on urban arts, consultant en art urbain, qui met en place des projets artistiques entre autres dans le cadre d’Un immeuble une œuvre, dispositif gouvernemental d’aide à la création artistique.

Nous nous accorderons ensuite une pause, avant de créer plusieurs projets décrochés à la suite d’appels à projets que nous avons remportés. Nous nous rendrons fin juin début juillet à Sérignan pour réaliser un projet de street art pour lequel nous avons carte blanche, sur les rives de l’Orb. Suivra un projet de fresque à la Cité Astruc, à Montpellier, pour ACM. Puis nous irons à Saint-Jean-de-Védas peindre une fresque au thème libre sur la maison familiale du photographe regretté Francis Porras. Il s’agit de la maison où vivait sa maman, dans le centre-ville.

Nous allons ensuite participer au Festival de Miaou à Bessèges, où nous aurons carte blanche pour composer une fresque surla façade d’un immeuble de trois étages. C’est une première pour nous sur une telle hauteur.

Nous allons aussi peindre une fresque à l’occasion d’Art en Zone avec la Friche à Mimi à Lavérune.

Nous avons également plusieurs projets en suspens, pas encore validés, sur lesquels nous ne pouvons pas encore communiquer”.

Vous êtes très demandés…

Sanckøblack : “Les gens commencent à venir vers nous, à nous demander. Tout notre été est plein, on a répondu à beaucoup d’appels à projets qui ont abouti.”

Et côté tableaux, où en êtes-vous, Sanckø ?

Sancko : “L’artiste Cre-Cre (Frontignan) et moi projetons de peindre une série de 3 toiles unissant nos 2 univers. L’idée est de raconter la même chose sous 3 formes différentes. Nous avons déjà fait le shooting photo du modèle féminin. Peindre sur toile me manque un peu. Ce n’est pas du tout la même chose que peindre une fresque…”

Que vous apporte le fait de créer des fresques ? Est-ce différent de peindre des tableaux pour vous ?

Sancko : “La fresque est un format intéressant qui donne une autre perspective visuellement du travail du peintre. Elle comporte un aspect social : pendant qu’on la peint, on parle avec les gens, on est tourné vers l’autre. Quand on peint sur toile, on peut aller plus dans le détail.Quand je suis sur un tableau, je me sens comme dans un cocon, c’est une sorte de thérapie, ça me fait du bien, c’est un travail intimiste. Mais le travail d’atelier occasionne d’autres problématiques : le travail en série, la nécessité de trouver un lieu d’exposition… Concrètement, le travail de fresque est plus facilement valorisé par rapport au travail réalisé pour monter une exposition, mais les deux me plaisent”.

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