Entreprises — Région occitanie

Marie-Thérèse Mercier : les priorités et outils économiques de la Région Occitanie pour soutenir l'emploi

Commissaire aux comptes et expert-comptable, mais aussi conseillère régionale, vice-présidente de l’Agence de développement d’Occitanie (Ad’Occ) et présidente d’Occitanie Events, Marie-Thérèse Mercier pilote également le projet de Cité de l’Economie et des Métiers de demain. En ce début d’année, la rédaction de l’HJE lui a proposé de faire le point sur ces différentes structures et de dégager des axes de perspectives…

ms4 3276Vous avez de multiples casquettes. Quelles sont vos priorités actuelles ?

Marie-Thérèse Mercier : « Je m’exprime ici en tant que conseillère régionale, au nom de la présidente de Région, Carole Delga, plutôt qu’en tant que chef d’entreprise. Les priorités de la Région Occitanie sont de plusieurs ordres. Elles ont consisté à faire face à l’urgence dès la première vague de la pandémie de Covid-19 et à soutenir les petits commerces, les artisans et les TPE et PME en difficulté face à la situation, au travers du plan d’urgence.

48.000 entreprises et 250.000 emplois en bénéficient et il est toujours en place. La priorité est de préserver l’emploi. La mise en œuvre de ce plan d’urgence a nécessité 370 millions d’euros lors de la première vague, et plus de 50 millions d’euros ont été rajoutés pour faire face à la seconde vague.

Beaucoup d’actions de solidarité ont aussi été soutenues pendant cette crise sanitaire. La Région y participe aux côtés des associations, par des actions auprès des plus démunis sur le plan alimentaire notamment, la crise économique liée à la pandémie ayant aggravé la situation des plus pauvres.

A plus long terme, la Région a pour priorité un plan de transformation profonde de l’économie et de la société pour travailler sur le monde de demain. Ce plan, c’est le Green New Deal, notre action phare qui va guider toutes nos politiques. Il est très important pour nous car il va guider nos actions sur les prochains mois et sur la mandature future. La Région Occitanie met en place le premier budget vert, ce qui signifie que nos investissements seront évalués par une note verte.

La Région donne la priorité à l’emploi et à la formation car 2021 s’annonce très difficile, avec des risques de fermetures d’entreprises, des dépôts de bilan. Il s’agit pour nous d’accompagner les entreprises avec notre plan Former plutôt que licencier et d’accompagner les filières et la transformation des entreprises. La transformation digitale est au cœur des actions qui doivent être menées.

Pour autant, nous ne sommes pas favorables au tout digital, car la relation humaine est très importante. La plateforme 100 % Occitanie Dans ma zone a été créée par la Région pour inciter le public à acheter local et les entreprises et commerces à se digitaliser. Nous pensons que la transformation digitale est nécessaire pour faire face aux crises. Le plan de relance est un plan ambitieux, qui met aussi des moyens importants sur l’accompagnement de secteurs en difficulté : tourisme et thermalisme, aéronautique, agriculture et agroalimentaire par exemple.

Notre vision est qu’il y aura par ailleurs de nombreuses créations d’emplois dans des secteurs d’avenir – énergies renouvelables, hydrogène vert, e-santé –et que nous devons anticiper pour que ces métiers soient créés dans notre région. C’est pourquoi l’ARIS (agence régionale pour les investissements stratégiques, qui vient d’être créée ) favorisera les relocalisations et les implantations en Occitanie d’entreprises sur des métiers de demain. Notre Green New Deal permettra de créer des emplois nouveaux dans des filières responsables. Il faut former les personnes vers ces emplois-là et informer les jeunes pour qu’ils s’orientent vers ces métiers de demain. »

AD’OCC

Quelles sont les missions d’Ad’Occ ?

« Créée il y a quatre ans, l’Agence de développement d’Occitanie, ‘ bras armé ’ de la Région, a pour mission d’accompagner les entreprises afin de les rendre plus compétitives, de les soutenir dans leur croissance et de les amener vers l’innovation. Ad’Occ les accompagne également vers l’export pour la conquête de nouveaux marchés. Vis-à-vis du territoire, elle aide les EPCI en ayant un rôle de conseil auprès des collectivités (villes et agglomérations). Ad’Occ a aussi un rôle de boosteur d’attractivité : l’agence aide à l’implantation d’entreprises et soutient la structuration des filières émergentes. »

Ad’Occ a mis en place une plate-forme export. Quels sont les enjeux de l’export pour la Région ?

« L’enjeu est fondamental. L’Occitanie a une filière historique, l’aéronautique, qui a beaucoup tiré l’export en région et qui a actuellement un projet ambitieux : l’avion vert. La Région est aussi composée d’un tissu de TPE et PME pour lesquelles les marchés à l’export sont parfois difficiles à appréhender, car elles ne disposent pas toujours d’un directeur à l’export et ne connaissent pas bien les différents marchés. L’intérêt de la plateforme est d’accompagner ces structures. Il s’agit d’une plateforme d’information, de mise en relation.

Elle donne un premier niveau d’information et permet aux entreprises de se tester, d’avoir des contacts et d’obtenir un accompagnement collectif ou individuel au travers de salons professionnels. Les entreprises peuvent ainsi essayer des marchés en étant accompagnées par des professionnels spécialistes du ou des pays qu’elles ciblent et par la Région. Cette plateforme est fondamentale car plus les entreprises occitanes exportent, mieux c’est pour la Région. Aller à l’exportation représente un risque ; il faut le faire dans de bonnes conditions. Exporter est créateur d’emplois mais doit être accompagné car c’est financièrement risqué pour une entreprise qui n’en a pas l’habitude.

Quels sont les défis de l’agence Ad’Occ dans ce contexte de Covid ?

« Ad’Occ, bras armé de la Région, est agile et met en œuvre la stratégie définie par la Région au service des entreprises. Elle est très efficace car elle est au plus près des entreprises. Par exemple, quand la crise sanitaire a débuté, Ad’Occ, soutenue par des collaborateurs volontaires de la Région, a instauré un numéro d’urgence et délivré aux entreprises des informations sur les dispositifs d’aides. Ad’Occ met en place les moyens et l’accompagnement des TPE/PME dans ‘ toutes les situations’ ».

Quels sont les derniers appels à projets émis par Ad’Occ ?

« J’invite les entreprises et les laboratoires à visiter régulièrement le site Internet d’Ad’Occ pour consulter les appels à projets. Nous misons sur des consortiums entre entreprises et laboratoires de recherche pour favoriser l’innovation.

Concernant les appels à projets arrivant à échéance au premier trimestre 2021, un appel à projets sur les territoires hydrogène est destiné à favoriser les projets d’innovation sur les mobilités liés à l’hydrogène. Et Readynov porte sur des projets collaboratifs par thèmes et secteurs d’innovations en région : l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, le numérique, les systèmes intelligents, les systèmes embarqués, le tourisme durable, l’aéronautique, le développement durable… Le but est de permettre aux entreprises d’innover et de créer les emplois de demain. »

Comment s’inscrit Ad’Occ dans le Green New Deal ?

« Le Green New Deal est un accélérateur de projets structurants et créateurs d’emplois très important pour la Région. D’ores et déjà, Ad’Occ accompagne la création de la filière des protéines végétales et légumineuses prévue au Green New Deal : structuration, attractivité… En matière de santé, quand la crise sanitaire a débuté, Ad’Occ a créé Occitanie Protect pour créer et livrer des masques.

Ad’Occ identifie des projets pouvant s’implanter en Occitanie auprès de nos filières stratégiques. L’agence a environ 150 projets en cours d’étude autour de l’implantation d’entreprises en Occitanie pour créer de l’emploi en région. Ad’Occ met en œuvre la stratégie de la Région, a un rôle de prospection et d’information très important. Nous allons voir les laboratoires et industriels en région et hors région. Nous avons un rôle très opérationnel. »

En quoi consiste l’expérimentation Flexitanie ?

« Je tiens à souligner que si EDF a choisi l’Occitanie – et le Gard – comme région pilote, c’est parce que la Région Occitanie a pour objectif d’être la première région d’Europe à énergie positive. L’expérimentation Flexitanie consiste à tester des bornes de recharge électrique intelligentes qui permettent d’utiliser l’électricité qui continue d’être produite une fois la recharge des batteries de voitures effectuée, pour les habitations. »

Ad’Occ accompagne 5.000 entreprises par an : quel est le bilan ? Pour quel type d’accompagnement ?

« En 2019, Ad’Occ a accompagné 4.600 entreprises. A fin août 2020, l’agence avait déjà accompagné 3.200 entreprises à titre individuel. Vous le voyez, le confinement n’a pas empêché Ad’Occ de continuer ses missions. En quatre ans, Ad’Occ est devenue connue et reconnue des entreprises. Beaucoup d’entre elles nous contactent directement, mais nous prospectons aussi auprès de laboratoires et de nouvelles entreprises. »

Y aura-t-il des synergies entre Ad’Occ et l’agence économique de développement présidée par Alex Larue ?

Marie-Thérèse Mercier : « Il y aura forcément des liens très forts entre les deux agences. Tout comme nous en avons avec d’autres agences – l’agence de développement de Perpignan par exemple, avec laquelle nous avons mené une action partenariale autour de la French Tech. L’agence de développement économique voulue par Montpellier Méditerranée Métropole est en phase de préfiguration.

Ses missions ne sont pas encore entièrement définies. Il est prévu qu’il y ait des réunions communes, mais c’est aujourd’hui trop tôt. Avec la vice-présidente de la Métropole Hind Emad, nous avons des échanges informels à ce sujet, et surtout la présidente de Région Carole Delga s’entretient régulièrement avec le président de la Métropole, Michaël Delafosse. Nous travaillerons main dans la main et essaierons d’être le plus complémentaires possible. »

Quelles sont les perspectives pour 2021 ?

« Malheureusement, nous pensons que 2021 sera une année difficile sur le plan économique. L’accompagnement des entreprises sera plus que jamais au cœur de notre mission pour les aider à rebondir. Au premier semestre, on s’attend à une situation de creusement des inégalités sociales ; des entreprises risquent de fermer. Quel que soit le secteur, on n’attend pas de rebond avant le second semestre 2021.

C’est une période de grande inquiétude. Voilà pourquoi notre priorité va toujours à l’emploi et au développement de filières émergentes, créatrices d’emplois (hydrogène, mobilités, santé, éolien flottant…). La Région investit plus d’un milliard d’euros en ce sens. Il faut aussi renforcer les solidarités, être proches du terrain. »

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Boutonnet Laurent – Région Occitanie / Arch. Jean-Paul Meyran.

La Cité de l’Economie et des Métiers de demain

La Cité de l’Economie et des Métiers de demain a lancé des webinaires. Quel bilan ?

« Le bilan quantitatif est très positif : en moins de trois mois, 6.500 personnes y ont participé. Le bilan est également qualitatif, car les participants et les speakers ont manifesté un grand intérêt à la fois pour la Cité et pour les webinaires. Les speakers de haut niveau, français et internationaux, ont trouvé le projet important et utile ; ils veulent mener des travaux avec nous et prédisent un grand avenir à la Cité de l’Economie et des Métiers de demain, d’autant que cette dynamique n’existe pas ailleurs.

Selon nous, cette Cité va contribuer au rayonnement de l’Occitanie hors de nos frontières. Dans le contexte actuel, où les préoccupations sont à court terme, la forte participation montre le besoin de comprendre quel sera le monde de demain, comment y participer, comment transformer les entreprises et participer au développement durable. Cela intéresse la société malgré ou à cause de la crise actuelle. Il y a un besoin de comprendre et d’anticiper. Ouvrir la Cité en pleine crise sanitaire aurait pu être compliqué, mais elle répond pleinement à une attente. »

Quels seront les axes développés par la Cité de l’Economie et des Métiers de demain en 2021 ?

« En janvier, c’est le progrès qui sera interrogé. Qu’est-ce que le progrès ? Y croyons-nous ? Quelles sont les grandes innovations attendues ? La Cité évoquera également la transformation des entreprises, les métiers de demain, l’innovation managériale, la réindustrialisation. Et la filière hydrogène. Une première étude a été menée sur cet axe, et il y aura aussi une réflexion autour des formations afin de les structurer pour qu’elles forment aux métiers de l’hydrogène.

La Cité de l’Economie et des Métiers de demain veut croiser les filières d’avenir (eau, santé, énergies renouvelables, hydrogène) avec les métiers. La Cité doit contribuer à faire émerger les métiers de demain dans nos filières stratégiques. L’idée est d’aider à la transformation de la société dans son ensemble, de façon humaniste et positive. Les métiers de demain peuvent faire peur ou être sources d’espoir. La Région veut favoriser cet espoir en le monde d’après. »

Quelle est la place des legal techs dans tout cela ?

« Un incubateur porté par le barreau de Montpellier favorise leur émergence, et c’est une chance. Nous soutenons cette initiative. La place des legal techs doit être très importante au sein de la Cité de l’Economie et des Métiers de demain car des sujets comme l’éthique ou la protection de la data doivent nous interroger. Les legals techs peuvent répondre à ces interrogations. Car les métiers de demain doivent être créés dans des perspectives éthiques ; c’est essentiel. »

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Le secteur événementiel

Les conséquences du Covid sont lourdes pour l’Arena et le Parc Expo. Quel est le manque à gagner pour Occitanie Events ?

« La crise sanitaire impacte sévèrement Occitanie Events, qui a subi plus de 60 % de perte d’activité en 2020, avec des annulations en cascade, comme la foire internationale de Montpellier mais aussi 60 événements reportés ou annulés. La filière de l’événementiel est très fortement touchée. Cela a des conséquences sur beaucoup de métiers qui œuvrent autour des événements, comme la restauration (traiteurs, snacks…), l’hébergement (hôtels…)…

L’Arena et le Parc Expo sont très impactés par la crise sanitaire. Nous pensons que le redémarrage se fera de façon significative au second semestre 2021, car de nombreux acteurs planifient leurs événements au second semestre. L’Open Sud de France aura lieu fin février 2021, soit à huis clos, soit avec une jauge réduite, en fonction de l’évolution de la crise sanitaire.

La Région a la volonté de faire de ce Parc Expos et de l’Arena le premier parc des expositions à énergie positive de France. C’est pourquoi nous avons maintenu les travaux de rénovation du Hall B2 du Parc Expo, qui ont débuté la semaine du 14 décembre. La présidente Carole Delga a pris l’engagement fort de continuer à investir dans le Parc Expo, ce qui contribuera à « vendre » la destination Montpellier. Cet outil est important, et nous travaillons avec les collectivités concernées (Métropole de Montpellier, Ville de Pérols, Pays de l’Or…) pour en faire un outil tourné vers l’avenir.

L’équipe de Occitanie Events a travaillé pendant le confinement sur un projet de labellisation pour en faire le premier site événementiel écoresponsable via le tri des déchets, l’alimentation et l’énergie, process qui ont été revus sous un angle écoresponsable. Le label est attendu pour 2021. Je suis fière d’avoir pu porter ce projet qui devrait aboutir rapidement.

Il faut savoir que tous les Parc Expos sont en concurrence. Le fait que le nôtre soit labellisé serait donc très important sur le plan stratégique. C’est aussi pour cela que nous avons fait le choix de rénover le site sur trois ou quatre ans et d’investir plus de 80 millions pour en faire un site d’exception, par la requalification et la façon dont les événements seront menés. Nous allons repenser les événements pour qu’ils répondent au mieux aux attentes du public et des congressistes : nous souhaitons qu’ils soient organisés en phygital, c’est-à-dire à la fois présentiel et en distanciel. C’est une voie d’avenir.

Le salon Energaïa, qui s’est déroulé de façon virtuelle, a « accueilli » plus encore de participants. Le devenir des grands salons passe par ce mix d’activités. Cédric Fiollet, directeur général d’Occitanie Events, est très en avance sur ces sujets-là. Pour que le site soit occupé plus souvent dans l’année, nous voulons également attirer les familles au travers d’événements sportifs notamment, en plus des concerts et spectacles.

La Région Occitanie veut faire de la zone Arena/Parc Expos un lieu de vie plein et entier, tout public, qui vive toute l’année. Un hôtel d’entreprises est d’ailleurs prévu autour de l’e-sport. Les collectivités sont toutes alignées sur le même objectif. Pays de l’Or, Ville de Pérols, Métropole, Région… nous travaillons tous ensemble pour que cette zone soit vivante et cohérente. Cela passe aussi par un travail autour de l’accessibilité du site.

Vous le constatez, la présidente de Région Carole Delga ne lâche rien et fait face plus que jamais à la crise sanitaire. Elle porte des projets ambitieux pour “l’Occitanie de demain”… »

Propos recueillis par Virginie MOREAU
vmoreau.hje@gmail.com

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