Transports — Carnon

Mauguio-Carnon : Yvon Bourrel et Gérard Deydier s'opposent au sujet des parkings payants

La mise en place de parkings payants sur la ville de Mauguio-Carnon suscite la controverse. La rédaction donne la parole au maire Yvon Bourrel et à Gérard Deydier, conseiller municipal d'opposition, sur ce sujet épineux…

Yvon Bourrel et Gérard Deydier © Ville de Mauguio-Carnon

Les parkings payants : nécessité ou absurdité ?

Lundi 13 février 2023, le conseil municipal de Mauguio-Carnon a adopté le passage des parkings de la commune en stationnement payant toute l’année. Interrogé sur cette décision, le maire Yvon Bourrel rappelle que la commune réunit 1 million de visiteurs par an et que cette explosion démographique a rendu obligatoire un projet de requalification de la ville. Ce projet nécessite un investissement de 10 millions d’euros. “J’estime que ce n’est pas aux contribuables seuls d’assumer cette dépense et que les usagers, dont je fais partie, doivent participer”, explique-t-il.

Yvon Bourrel justifie également cette décision par la volonté de favoriser les mobilités douces pour lutter contre le phénomène de “voiture reine”. “Les transports en commun restent compliqués et insuffisants sur la commune et il nous reste beaucoup de progrès à faire en ce sens. Cependant, nous avons considérablement amélioré les pistes cyclables et aidé les cyclistes avec de nouveaux parkings à vélos”, admet-il. Le maire déplore “le manque de responsabilité des usagers” et pense que la tarification permettra de les responsabiliser. “Le gratuit, c’est anarchique ; le payant, c’est régulé”, résume-t-il.

Pour sa part, le conseiller municipal d’opposition Gérard Deydier est défavorable à l’ambition municipale de rendre les parkings payants dans la ville de Mauguio-Carnon. Il estime : “l’offre de parkings au sein de la ville n’est pas suffisante pour justifier une tarification, surtout aussi élevée”. Un argument que partage Yvon Bourrel : rendre payantes le peu de places de parking constitue un acte dissuasif pour favoriser les transports en commun. Selon le conseiller municipal, même la création du parking de 500 places engagée par le maire Yvon Bourrel ne saurait pallier le problème, puisqu’il aurait retiré plus de 600 emplacements à Carnon.

L’avenir du tourisme en péril

Pour le conseiller municipal, cette mesure nuira considérablement au tourisme : “Il n’y a pas de parkings gratuits à Mauguio-Carnon, contrairement à Palavas et à La Grande-Motte, qui d’ailleurs jouissent d’une plus grande notoriété. De plus, le contexte économique actuel ne se prête pas du tout à ce genre de mesure. La population étant déjà vieillissante, nous allons perdre tout le tourisme des jeunes qui ne peuvent se permettre de payer 35 € pour deux heures trente de parking. Le tourisme estival dépend peut-être de classes sociales un peu plus aisées qui peuvent résider sur place, mais ces parkings payants signeront la mort de la fréquentation de la ville tout le reste de l’année”

Le maire Yvon Bourrel rétorque, lui, que le tourisme ne pâtira pas de cette décision. “La zone verte à 1,20 € de l’heure, en son point le plus éloigné, n’est qu’à 300 mètres de la plage”.

Selon Gérard Deydier, les commerçants et les habitants seront les premiers à subir ces tarifs, à commencer par les personnes âgées. Les nombreuses aides à la personne qui se rendent sur la commune ne pourront pas assumer le paiement du parking quotidien ou annuel, argumente le conseiller municipal d’opposition. Il craint que les patients ne soient facturés plus cher, ou que les aides ne viennent plus.

Yvon Bourrel tient à rassurer les habitants : “Il est évident que nous n’allons pas laisser mourir les gens et que nous réfléchissons à des solutions. Pour l’instant, l’idée serait d’identifier le personnel soignant grâce à leur plaque d’immatriculation ou à leur carte professionnelle. Pour ce qui est des commerçants, 45 places sont tout de même accordées au droit des commerce.

La question du favoritisme

Gérard Deydier s’offusque également de la différence de traitement entre Mauguio et Carnon. En effet, les habitants de Carnon paieraient un abonnement annuel à 20 €, avec un supplément de 100 € par voiture, alors que les habitants de Mauguio paieraient la moitié du tarif quotidien. Le maire de la Ville qualifie cette tarification de “modique” et explique que cet abonnement annuel, divisé par le nombre de jours de l’année, équivaut à un paiement quotidien très peu cher. “Ces différences s’expliquent car je ne peux traiter de manière égale 2 lieux qui ne le sont pas. À Mauguio, les voitures statiques gênent moins car il y a moins de visiteurs. C’est aussi la raison pour laquelle les parkings à zone bleue (gratuité limitée) y fonctionnent très bien, ce qui ne serait pas le cas à Carnon. La différence entre les deux communes est frappante : Mauguio dispose d’une place de parking par véhicule, contre une place de parking pour 3 ou 4 véhicules à Carnon, éclaircit-il.

Carnon
Carnon

Photo : Carnon © Ville de Mauguio-Carnon.

Le conseiller municipal dénonce le “favoritisme” de la municipalité en faveur de Mauguio et cite plusieurs exemples. “À l’avant-dernier conseil municipal de 2022, le maire a annoncé l’annulation du projet de skatepark à Carnon, alors qu’il n’y a rien ici pour les jeunes. Au dernier conseil de 2022, il a voté le transfert de 230 000 € de l’office de tourisme vers la mairie, et au premier conseil de 2023, il a annoncé investir 220 000 € pour l’agrandissement du skatepark de Mauguio”. 

Face à cette accusation, Yvon Bourrel est catégorique : Il ne faut pas attendre que toutes les structures mises en place à Mauguio le soit à Carnon, et inversement : il faut composer avec les spécificités de chaque espace. La requalification a rendue impossible la construction du skatepark de Carnon mais a permis d’autres agencements. Par exemple, la création à Carnon d’un carré sport qui n’existe pas à Mauguio, ou encore le développement du sport nautique.”

“Dans le même registre, je me suis battu pour l’obtention d’une maison de santé à Carnon, mais le projet est toujours en suspens. Par contre le maire en construit une troisième à Mauguio alors que Carnon n’en a aucune”, reprend Gérard Deydier. Pour lui, la raison de cet avantage accordé à Mauguio est que la commune comporte 75 % des votants. Le maire essaierait ainsi de protéger son électorat. Ce dernier réfute radicalement ces arguments et explique ne pas être décisionnaire dans la construction de maisons de santé, qui se fait sous la tutelle de l’Agence Régionale de Santé.

Les idées de l’opposition

“Les voitures-ventouses ne sont qu’un prétexte pour faire passer la pilule de ces places payantes, et chères, aux habitants. La vérité est qu’il s’agit d’une ponction budgétaire, rétorque Gérard Deydier aux arguments du maire. Ce dernier se défend en expliquant que cette mesure ne fera pas gagner d’argent à la municipalité. “Nous allons devoir embaucher des contractuels et des Agents de Surveillance de la Voie Publique. De plus, l’investissement pour les horodateurs a été de 1 million d’euros alors que les prévisions des gains annuels sont de 500 000 euros, confie-t-il.

“Je n’aime pas cette absence de démocratie, rebondit le conseiller municipal. Tout est à refaire, c’est pour cela que je dépose un recours. Je veux que le maire instaure une discussion avec les habitants et les commerçants, qu’il en retire une solution susceptible de fonctionner et qu’il la fasse voter. De plus, je ne pense pas qu’une tarification des places soit justifiée pour l’instant, car il n’y en a pas suffisamment pour assurer à tous ceux qui paient qu’ils en auront une. Et pour finir, le mètre carré est rare. Nous sommes une station balnéaire, nous devons prioriser l’accueil, achève Gérard Deydier.

Soumis à débat

Le maire Yvon Bourrel insiste sur le fait que rien n’est arrêté. “J’ai pris cette décision en toute humilité. Peut-être faut-il retravailler les tarifs ou la question de la saisonnalité. C’est pourquoi, au cours du mois de mars, je vais rencontrer les commerçants”, conclut-il.

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Commentaires

  1. Bonjour, en tant qu’habitant de Mauguio (centre-ville), je peux vous assurer qu’il n’y a pas 1 place par habitant. En journée, trouver une place blanche à proximité de chez soi devient de plus en plus difficile, à certaines heures de la journée, 20 minutes d’attente/recherche est parfois nécessaire pour obtenir une place sur les parkings. (Impossible d’utiliser les places bleues pour les habitants qui ont besoin de pouvoir se stationner plus d’1h30). Il y a trop de place bleues comparé aux places blanches. Ce qui fait que les gens se garent n’importe où dans la grande rue du centre-ville, dont les places de parking ont été retirées il y a peu pour que soient installés à la place des grands pots.

  2. Je dispose d’un petit appartement à Carnon, c’est une résidence secondaire que j’utilise quelques WE par ans, ce n’est pas pour autant que je roule sur l’or (pas de jeux de mots) , par contre à la différence de la plupart des habitants en résidence principale je paye plus d’impôts au M2 surtout rapportés à l’utilisation des infrastructures puisque je continue de payer la taxe d’habitation en plus du foncier, alors, je ne comprends pas pourquoi je devrais payer un abonnement de 300€ au lieu des 20€ demandés aux résidents. C’est double peine par rapport à l’impôt.

  3. Bonjour
    J’ai voulu aller au restaurant à Mauguio, non seulement il n’y a plus de place mais il faut payer, du fait je suis allé à Caron .parking gratuit et 75 euros de restaurant.
    Maintenant si je dois payer à Carnon j’irai ailleurs dans Montpellier avec le tram.
    Terminé pour Carnon et Palavas .
    Adieu .

    .

  4. Bonjour, je trouve cette décision dénuée se sens. C’est la MORT du tourisme et du commerce. Parking payant de 8h à 22h. Qui va aller au restaurant le soir ? Comment vont faire les habitants qui veulent recevoir de la famille ? Payer pour aller dîner dans sa famille, c’est honteux ! Les tarifs sont exorbitants. Certes, je comprends, il n’y a plus de taxe d’habitation mais ce n’est pas une raison pour en venir à de tels agissements. Je suis indignée car je travaille sur Carnon et j’ai de la famille qui y réside à l’année. Ce n’est pas de cette manière que le tourisme va prospérer, au contraire.

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