Michaël Delafosse, la grande interview 3/5 : « Pour les acteurs de la santé, une gouvernance unique : Hippocrate »
Le maire de Montpellier et président de la Métropole a accordé à l'Hérault Juridique, une grande interview. Véritable déclaration de politique générale pour le mandat à venir, il aborde avec l'HJE, les questions de l'emploi, de l'économie, de l'urbanisme et de l'écologie. Dans cette troisième partie, Michaël Delafosse parle du rééquilibrage de l'économie au nord de Montpellier avec les acteurs de la santé et d'une nouvelle gouvernance Hippocrate… et la relance du Conseil de développement et des investissements pour le CHU.
Le 25 août, le maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, Michaël Delafosse, a reçu la rédaction de l’HJE dans son bureau, à la mairie. Il a évoqué le soutien à l’emploi, à l’économie locale et aux commerces, la transition écologique – notamment en lien avec les entreprises – et les évolutions à venir en matière d’urbanisme… « Montpellier est une métropole où l’avenir s’invente », nous dit le maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole. Cette interview est parue dans son intégralité dans notre édition print du jeudi 3 septembre 2020.
Interview par Virginie MOREAU vmoreau@gmail.com
Med Vallée, CHU et gouvernance Hippocrate
HJE : Où en est le projet Med Vallée ?
Michaël Delafosse : «C’est l’un de mes engagements de campagne. Med Vallée repose sur les forces de Montpellier : la médecine, son CHU, ses cliniques, l’université de Montpellier et Paul-Valéry. La Med Vallée doit venir en appui. Il faut qu’autour des axes du bien-être (le corps, le handicap, le vieillissement…), de l’environnement – Montpellier est première au classement de Shanghai en écologie –, de l’alimentation et de la santé, on fasse en sorte de coordonner tous les acteurs dans une gouvernance unique, qui s’appellera la gouvernance Hippocrate.
A partir de cette gouvernance, nous allons développer un schéma d’aménagement au nord de la Métropole qui permette d’établir les lieux où l’on peut accueillir des entreprises et aider des chercheurs à créer leurs entreprises. C’est donc penser la ZAC Euromédecine, penser les transports dans cette zone en forme de croissant, où le vélo doit occuper une place plus importante, et, en cas de mutation foncière, installer de l’emploi, tout en protégeant le commerce de proximité et en travaillant spatialement sur une sorte d’écosystème pour aider les entreprises à se développer. Bref, cela consiste à se dire, spatialement, par le jeu d’acteurs et par notre récit conquérant, que l’on va s’unir. Il y a autour des 800 ans de la faculté de médecine, avec le classement de Shanghai en écologie, avec les personnalités qui dirigent remarquablement tous les organismes que j’ai cités, une envie de faire ensemble. Si tout le monde s’unit, nous allons écrire un nouveau chapitre exceptionnel du développement économique de la science sur ce territoire.
S’agissant de Med Vallée, je voudrais prendre une référence, qui date d’une cinquantaine d’années : Sophia-Antipolis. Nous n’allons pas copier ce modèle mais nous en inspirer. Le nord, c’est la ceinture verte. Nous pouvons la protéger et agir sur un certain nombre de fonciers. Par exemple, la Soucoupe d’Agropolis serait un lieu potentiel d’installation pour l’activité économique, de laboratoires, de centres de recherche, d’entreprises. Créer Med Vallée permet de confirmer à Horiba ou Sanofi, notamment, que ça vaut le coup de continuer à se développer et à créer de l’emploi à Montpellier.
A l’inverse, il faut cesser d’encourager les implantations d’entreprises dans le Millénaire, où les gens sont parfois pris pendant 1h20 dans les bouchons et où il faudrait des transports collectifs. Il faut rééquilibrer la ville vers le nord, car tout converge vers le sud. La ville se congestionne. »
Je vais réactiver le Conseil de Développement
HJE : Souhaitez-vous constituer un think tank ?
Michaël Delafosse : «Tout d’abord, lors de la campagne, nous avons fait un think tank démocratique. On a établi un programme, rencontré des acteurs, croisé différents points de vue. Il y a eu un travail colossal. Cela a sans doute contribué au fait que de 8 % dans les sondages, je passe à 48 % lors du vote. Je ne veux pas que ce travail s’arrête. C’est pourquoi je vais réactiver le Conseil de Développement – prévu par la loi de longue date pour mobiliser les forces vives du territoire – qui sera présidé par une personnalité forte. Il doit aussi être un espace pour des acteurs de la société civile. Je veux que chaque Montpelliérain soit partie prenante du projet et des idées. Pour veiller à la participation démocratique, une plate-forme numérique va être développée d’ici quelques mois, car nous avons conscience qu’aujourd’hui, les gens ne peuvent pas forcément se rendre disponibles pour aller à des réunions publiques organisées à 18h00. C’est Séverine Saint-Martin, adjointe au renouveau démocratique, qui est chargée de mener à bien ce projet.»
Vous souhaitez que l’Etat investisse dans le CHU, avez-vous dit…
Michaël Delafosse : «Montpellier Capitale Santé, voulue par l’Etat, a posé des prémices, mais on doit passer à un nouveau souffle car c’est fini, l’Etat n’est plus positionné sur cette thématique. Nous avons la chance d’avoir un CHU au personnel incroyablement engagé, volontariste, à qui je rends hommage. J’ai notamment rencontré Thomas Le Ludec, directeur général du CHU. Le CHU relève du ministère de la Santé. Mais je vais vous décrire ma gouvernance.
Ma gouvernance fédère. Je veux que tous ceux qui peuvent apporter du soutien et mobiliser leur énergie soient à nos côtés. J’effectue donc un changement : avec les députés, nous allons nous réunir tous les deux mois pour travailler sur les dossiers montpelliérains et porter ensemble la voix de Montpellier.
Et notamment évoquer les investissements nécessaires pour le CHU. J’ai vu Jean Castex et Olivier Véran le 7 août. J’ai évoqué le sujet devant eux et apprécié la posture constructive du Premier ministre et du ministre de la Santé. Avec les parlementaires de l’Hérault, nous allons faire entendre le fait que cet établissement remarquable qu’est le CHU ne peut et ne doit pas passer encore une fois à côté des plans d’investissement, et qu’il faut l’aider. C’est ce que je viens de faire sur les enjeux de sécurité en faisant parvenir à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, un courrier signé avec des parlementaires pour lui demander des forces de sécurité supplémentaires, au vu de la croissance de la population de Montpellier et du besoin de sécurité que cela crée. Avec cette méthode, plusieurs voix se joignent à la mienne pour que Montpellier parle d’une seule voix. C’est de l’humilité déterminée, du sérieux. Ça me semble plus efficace que de poser une banderole sur la Comédie disant ‘Montpellier veut des policiers’ ou ‘L’Etat doit investir dans le CHU de Montpellier’. Je crois au sérieux pour obtenir des choses et avancer. Quand Montpellier gagne, tous ceux qui habitent la ville ou la métropole gagnent.»
Suite de la grande interview de Michaël Delafosse
Retrouvez l’intégralité de cette interview dans notre édition print du jeudi 3 septembre 2020 – DISPONIBLE EN LIGNE – ABONNEMENT