Michel Soubeyrand, « fun » et expérimentations
Après l’école des Beaux-Arts de Paris et une carrière prestigieuse – menée tambour battant – pour la publicité, les émissions de télévision et le cinéma, dans les années 80-90, en tant que créatif, Michel Soubeyrand pratique désormais la sculpture et la peinture artistiques, et a abandonné les effets spéciaux. Il situe ses créations « entre art toys et art contemporain ». Rencontre avec ce passionné d’expérimentations techniques, dans son atelier, à Pérols.
Un créatif touche-à-tout
Sexagénaire dynamique, Michel Soubeyrand se définit comme « un apprenti sorcier ». Il s’explique : « Toute ma vie, j’ai fait des essais, des tests. Ceci pour créer des effets spéciaux, des animatronics pour la pub, le cinéma, la télé (le Bébête Show). Je connais donc parfaitement les matériaux. Que ce soient la terre, la résine, la peinture, la vernis ». « Mais ma vraie passion, c’est l’art, en tant que collectionneur et dans ma pratique.
Voilà pourquoi, il y a quinze ans, j’ai souhaité me recentrer sur mes propres créations, après avoir si longtemps créé pour les autres dans le cadre de mon studio parisien. A Pérols, dans mon atelier, je prends plaisir à modeler et à peindre à mon rythme. Ma création est fluide et je me raconte dans mes œuvres, car elles reflètent divers pans de ma vie, notamment l’illustration et la BD, les comics, les films pour enfants auxquels j’ai contribué, ma passion pour les animaux… », souligne-t-il.
Les folles aventures d’un chien
Il y a quinze ans, à la mort de sa chienne – un Beauceron qu’il affectionnait – Michel Soubeyrand a souhaité lui créer un mausolée. La sculpture qui la montrait chevauchant un cheval a beaucoup plu. Son chien est alors devenu sa mascotte. Il se déguise et se métamorphose au gré des envies de son créateur en Killer Dog, Mao Dog, Japan Dog, Skate Dog, Dog Vador ou Slave Dog, en petits et moyens formats ou en version monumentale.
En bronze chromé ou résine colorée, tatoués ou accessoirisés (avec un pistolet, un os laser ou des cornes), ses Dogs rappellent certes l’enfance – Soubeyrand assure souvent être resté un gamin – mais évoquent aussi peut-être certains grands sujets de société, comme la guerre. A l’occasion, Michel Soubeyrand fait des infidélités à son Dog en créant d’autres personnages, comme un Bob l’Eponge, et un Mickey constitué d’une multitude de crânes notamment.
Il a aussi réalisé récemment des grenouilles en résine remplies de billes ou de coquillages. Et des personnages hybrides entre Dogs et comics s’affichent sur ses bas-reliefs. Il excelle à mettre la technique accumulée durant ses « années pub » – comme il les nomme – au service de son art.
Vers l’abstraction picturale
Michel Soubeyrand compose également des tableaux, sortes de millefeuilles constitués de différentes couches de peinture, acrylique, bombe, Posca®, Molotow®, crayon et encre, recouvertes chacune de vernis, puis au final d’un vernis en forte épaisseur. On note quelques affinités avec le street art du point de vue des matériaux utilisés.
Si, la plupart du temps, un sujet figuratif (animal, vanité ou autre) émerge de ses tableaux, l’artiste indique se tourner de plus en plus vers l’abstraction, comme en témoignent ses récentes dalles. Il expérimente l’inclusion de feuilles d’or parmi les couches de peinture, perce et rajoute même des lumières Led, privilégiant ainsi les effets de matière.
De la photo aussi
Michel Soubeyrand a une troisième corde à son arc : la photo. Il photographie ses œuvres et crée des expositions autour de ses photos en Diasec® (montées sous résine) : crânes roses en résine multipliés
à l’infini, vanité au serpent…
Un ouvrage à l’automne
En septembre ou octobre 2017 paraîtra une monographie de 130 pages sur l’œuvre de Michel Soubeyrand chez Critères Editions. A cette occasion, 50 livres-objets numérotés seront également en vente, à destination des collectionneurs avertis.
Le Mur de Pérols
Intéressé par diverses disciplines et surtout par la démocratisation de l’art, Michel Soubeyrand assure avec Dorel Plantier, au sein de l’association Hippomedon, la programmation ainsi que la logistique du Mur de Pérols, afin de mettre en valeur les divers types de créations artistiques.
Du « fun » sinon rien
On le voit, Michel Soubeyrand est passionné par son art, et prolifique. « Travailler de façon sérieuse
et professionnelle, mais sans me prendre au sérieux » est l’une de ses devises. Michel Soubeyrand avoue travailler pour le plaisir et dans la joie, et adore se lancer des défis techniques. Il aime que ses créations soient gaies, ludiques. Un bel art de vivre, à n’en pas douter…
Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com
Où voir des œuvres de Michel Soubeyrand ?
Aux Ateliers de Pérols face au 29, route de Lattes, à Pérols (Hérault), sur simple demande adressée par courriel à : contact@art-soubeyrand.com.
> Sur son site Internet : www.art-soubeyrand.com/
> A Art Montpellier, du 7 au 10 décembre 2017 à l’Arena. Et dans les nombreuses galeries qui présentent son travail, en France (Paris, Aix-en-Provence…) et à l’étranger (Belgique, Royaume-Uni, Russie, Israël).