Montpellier, Béziers : délinquance de proximité, actions des CRS, le préfet livre les chiffres…
Ce jeudi 13 octobre, le préfet de l'Hérault Hugues Moutouh a présenté à la presse un bilan d'activité des renforts CRS et de la sécurisation des espaces publics. Des chiffres dont le préfet retire une "certaine satisfaction", même s'il veut rester humble et prudent…
Conférence de presse du 13 octobre 2022 © Virginie Moreau.
Deux compagnies de CRS en renfort à Montpellier et Béziers
On s’en souvient, 2 compagnies républicaines de sécurité (CRS) ont été déployées à Montpellier et Béziers par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, respectivement les 1er et 12 septembre. Elles resteront sur place jusqu’à la fin de l’année 2022. Leur mission est d’appuyer la politique de sécurité menée par le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh et le directeur départemental de la police nationale, Yannick Blouin. Le renfort qu’elles apportent sur le terrain produit déjà ses effets…
Depuis septembre, l’activité est particulièrement intense pour les CRS, qui effectuent des patrouilles pédestres et investissent des endroits stratégiques de l’espace public, concernés par les actes de délinquance. A Montpellier, les CRS interviennent essentiellement dans le centre-ville (Ecusson, Gambetta) et dans les Quartiers politique de la ville (Mosson, Celleneuve…). A Béziers, on les voit dans le centre, le faubourg, à Casimir-Péret et à la Devèze.
La compagnie de CRS n’est pas lâchée au hasard : ses membres sont briefés par le directeur départemental de la police nationale et les commandants de secteur, cartographie à l’appui, pour assurer le meilleur traitement de chaque mission. L’action est toujours coordonnée.
Une action chiffrée
Entre le 1er septembre et le 11 octobre, 8 398 personnes ont fait l’objet d’un contrôle par les CRS, territoires de Montpellier et Béziers confondus. Dont 4 524 à Montpellier et 3 874 à Béziers (où les CRS sont arrivés de façon décalée, le 12 septembre). Parmi elles, 243 ont été interpellées et 70 ont été placées en garde à vue.
141 amendes forfaitaires délictuelles ont été délivrées, 8 opérations de démantèlement de points de deal ont été menées, et 10 trafiquants ont été mis en garde à vue. 209 opérations anti-rodéo ont été menées, dont 119 à Montpellier et 90 à Béziers. 39 personnes ont été placées en garde à vue pour port d’arme prohibé. En énonçant cette statistique, le préfet Moutouh a dénoncé “ce mal méditerranéen que constitue le port de couteau”.
“Le travail des CRS a constitué un appui majeur aux forces de la police nationale dans la lutte contre le trafic et la consommation de stupéfiants, les violences aux personnes, les vols, les ports d’arme prohibés ou encore lors des opérations anti-rodéo…” commente le préfet de l’Hérault, qui remercie également pour leur engagement “les procureurs de la République près les deux tribunaux judiciaires, et les services judiciaires de la police nationale”.
“Les CRS ont eu un impact très positif dans la lutte contre la délinquance, agissant en appui, en soutien, des effectifs de la police nationale, comme des avants de rugby. Ils ont contribué à accélérer fortement la bonne dynamique des résultats”.
Le préfet exprime “une certaine satisfaction”, même s’il veut “demeurer humble et prudent”. Car il s’agit de “fournir un effort constant, dans cette guerre d’usure contre la criminalité”, selon lui.
Baisse substantielle de la délinquance de proximité à Montpellier
Hugues Moutouh estime que cette “stratégie de reconquête musclée est payante” et qu’elle produit “un effet de saturation plus qu’appréciable sur certains points chauds”. Depuis janvier 2022, donc avant même l’arrivée des CRS, “la délinquance de proximité connaît une baisse très substantielle dans le centre historique de Montpellier, estimée à -14,8 % par rapport à 2021”. Or 2021 est une année déjà considérée comme basse en termes de délinquance de proximité, du fait de la pandémie de Covid et des confinements successifs. Les zones des Ursulines, de Saint-Roch, de la préfecture, du pont de Sète et de la place du Nombre d’Or ont été sécurisées. La même tendance à la baisse est observée à la Mosson (-11,1 %), notamment au Mail Nord, qui enregistre d’excellents résultats (-45 %). “Mais il reste des efforts à faire à Boulogne et Oxford”, juge le préfet.
Dans le centre de Montpellier, la délinquance de proximité est également en diminution, à -8,1 % Chaptal-Gambetta. Ou plus précisément à Gambetta (-17,2), où le travail conjoint de la police nationale et de la police municipale s’est révélé particulièrement payant, affirme le préfet Moutouh. Il relève cependant que “Chaptal est à la traîne”.
Ces chiffres sont le résultat du travail de fond mené depuis un an sous la direction de Yannick Blouin, directeur départemental de la police nationale. Rappelons qu’à Montpellier, les effectifs de la police nationale ont été renforcés par 20 équivalents temps plein nets (hors départs en retraite et autres) en 2021 et 30 équivalents temps plein nets en 2022… “Ce travail de fond a été accéléré par l’impact de l’arrivée des CRS. Cela a permis de réaliser davantage d’opérations coups de poing et de saturer l’espace public de leur présence dissuasive pour les délinquants et rassurante pour les habitants”, analyse Hugues Moutouh. Il y a en permanence entre 35 et 70 à 75 CRS en patrouille ou en opération à Montpellier, et autant à Béziers, en plus des forces de police.
De beaux coups de filet et moins de victimes
Ces opérations coups de poing ont permis aux forces de l’ordre de mettre la main sur une plantation de cannabis en centre-ville ou encore sur une Maserati remplie de centaines de paquets de cigarettes de contrebande.
Le préfet Moutouh se réjouit des conséquences au quotidien de cette baisse de la délinquance de proximité. “Cela se traduit au quotidien par des victimes en moins. Au total, à Montpellier, depuis janvier 2022, il y a eu 200 faits délinquants (agressions physiques, vols avec violence…) en moins par rapport à 2021″.
Une tendance accentuée depuis début octobre
Le préfet souligne : “Depuis début octobre 2022, la chute des faits de délinquance s’accentue encore”. A Montpellier, depuis début octobre, il y a eu une hausse de 60 % des opérations de démantèlement de points de deal, une chute de 62,5 % du nombre de vols avec violence, une baisse de 23,68 % des cambriolages de logements et une diminution de 14,9 % des violences aux personnes dans les transports en commun. “Des patrouilles pédestres circulent et patrouillent dans les trams, on voit plus de bleu dans les trams”, commente Hugues Moutouh. L’ambition est d’empêcher l’agression, de dissuader le passage à l’acte.
Le préfet de l’Hérault relève néanmoins “un point noir : les violences intrafamiliales ont augmenté de 22,27 % depuis janvier 2022”. “Les femmes sont en très grande majorité les victimes. Un travail de prévention doit être mené”, selon lui.
Une politique de sécurité forte et sans concession
Depuis son arrivée à la préfecture de l’Hérault, le préfet Moutouh a fait du droit à la sécurité sa priorité. Il explique pourquoi : “Trop longtemps la sécurité n’a pas été suffisamment au cœur de l’attention. Les politiques ont développé la ville, accueilli de plus en plus d’habitants aux profils divers. Résultat, une délinquance de plus en plus visible a prospéré dans l’Hérault, provoquant de l’insécurité et un sentiment de crainte de la part de la population”.
Le préfet se réjouit que “Le temps où l’on sous-estimait ce sentiment d’inquiétude [soit] définitivement révolu”. En effet, indique-t-il : “Désormais, les élus et les pouvoirs publics travaillent main dans la main pour assurer un maximum de sécurité aux Montpelliérains et aux Héraultais”. Il relève une “parfaite collaboration entre la police nationale, la gendarmerie et les forces de police municipale et, particulièrement à Montpellier, un alignement des planètes suffisamment rare pour être remarqué”.
“J’assume de promouvoir une politique de sécurité forte et sans concession. Face à la délinquance, il ne faut pas faire de relativisme moral. Entre la victime et le voyou, je serai toujours du côté de la victime. On ne doit pas être faible dans l’application des lois de la République”, affirme le préfet de l’Hérault, qui soutient que “Le rôle de la police nationale est de mener avec détermination et fermeté une guerre permanente contre les délinquants”.
A moins d’être appelés sur une mission de maintien de l’ordre, les CRS assureront une présence pérenne à Montpellier et Béziers jusqu’à la fin de l’année 2022, en effectuant des roulements toutes les trois semaines. “Cela ne s’était jamais produit jusqu’à présent sur autant de mois d’affilée, c’est un travail dans la durée”, se réjouit le préfet Moutouh.