Société — Montpellier

Montpellier : Délivrue cherche des volontaires pour livrer les repas aux SDF

Officiellement né le 2 novembre 2020, le mouvement de citoyens Délivrue est une réplique du mouvement parisien Pour Eux. Il vise à mettre en relation des personnes qui cuisinent avec des personnes qui livrent, afin d’acheminer des déjeuners aux personnes sans-abri à Montpellier. Interview de deux de ses administratrices.

Quel est le principe de Délivrue ?

Lila Ruiz de Somocurcio et Johanna Pocobene : « Il s’agit de mettre en relation des gens qui cuisinent (les « Cuistots ») avec des personnes qui acheminent les repas (souvent à vélo, d’où leur surnom de « Cuissots ») jusqu’aux personnes sans domicile fixe… »

Avez-vous été confrontés à des difficultés jusqu’à présent ?

Lila Ruiz de Somocurcio et Johanna Pocobene : « Tout est question de coordination : il faut mettre en lien les gens correctement : Cuistots et Cuissots. Notre problème principal est que nous avons du mal à mobiliser les Cuissots. Concernant les Cuistots, il n’y a pas de problème, parce qu’il n’est pas compliqué de cuisiner un peu plus que pour sa seule famille, afin d’en faire profiter des personnes dans le besoin.

Actuellement, les gens ont leurs enfants à la maison. Ils cuisinent, mais ils ont moins de facilités pour livrer. Entre le confinement et le beau temps, les gens ont moins envie de livrer. On les comprend : ils ont eux aussi besoin de se détendre. Nous avons aussi constaté que le froid incitait plus les gens à cuisiner pour les sans-abri. Mais les personnes qui vivent dans la rue ont besoin de manger tous les jours… même au printemps ou en été. »

Johanna Pocobene et Lila Ruiz de Somocurcio, administratrices de Délivrue.
Johanna Pocobene et Lila Ruiz de Somocurcio, administratrices de Délivrue.

Comment trouvez-vous les bénéficiaires ?

« Nous commençons à bien situer les personnes, avec le temps. Nous connaissons en interne les endroits où les personnes sans abri s’installent ou se réfugient. Certains jours, elles bougent pour se protéger de la pluie, notamment, ou parce qu’il leur est demandé de ne pas être trop visibles dans les périodes touristiques, donc on a plus de difficultés à les localiser, mais il y a des points stratégiques, surtout en centre-ville, où on les retrouve, en général.

Combien Délivrue a-t-il de bénéficiaires ?

« Nous ne tenons pas de registre, car nous n’avons pas las volonté de faire du chiffre ni d’établir un listing des personnes qui se trouvent à la rue. Ce que nous chiffrons, c’est le nombre de repas livrés en moyenne chaque midi, qui est en moyenne de 30 repas par jour. Ceci n’est qu’une moyenne. Certains jours nous en livrons une dizaine, d’autres jours une soixantaine, et très exceptionnellement 3 ou 4 seulement. En moyenne nous livrons 1 000 repas par mois. En novembre, nous avons connu un pic de 2 000 repas livrés dans le mois, lié à un emballement médiatique. »

Quels sont vos arguments afin de recruter des volontaires pour se joindre à votre mouvement ?

« Nous avons besoin de Cuissots. C’est sans engagement : on peut participer une fois, de temps en temps ou tous les jours. C’est comme on veut. C’est notre fragilité et notre force. On essaie toutefois d’anticiper la disponibilité des gens et que les Cuistots et Cuissots s’organisent entre eux. Il est très simple de s’inscrire : il suffit de remplir un petit formulaire pour déposer un repas, c’est sans engagement. »

De quels milieux sont issus les Cuissots et Cuistots ?

« La plupart des gens n’ont pas d’expérience dans le bénévolat. Il y a des jeunes, des très jeunes, des actifs comme des personnes à la retraite. Nous notons une très forte proportion de femmes (80 %) par rapport aux hommes (20%). »

Peut-on participer si l’on n’habite pas Montpellier même ?

« Absolument. Quelques personnes à Castelnau cuisinent et livrent. Une autre personne est à Juvignac. Dans ces cas-là, on propose aux Cuistots de se rapprocher de Montpellier, et un Cuissot prend le relais. Une personne du Coeur Hérault va jusqu’à Juvignac pour donner ses repas. Dans la périphérie de Montpellier, un groupe a été monté à Saint-Jean-de-Védas. La personne, sortie de Délivrue, a créé sa propre association. Certaines personnes passées par Délivrue cuisinent et livrent dans leur quartier. On ne les force pas à rester sur Délivrue. Pour nous, le principal est que des personnes à la rue puissent manger ! Suite au dernier reportage de M6, nous avons fait des émules : une première antenne va voir le jour à Granville, en Normandie.”

Faut-il nécessairement se déplacer à vélo pour devenir Cuissot ?

« Absolument pas ! Dans certains quartiers, comme Cévennes et Croix d’Argent, la zone est étendue, donc les Cuissots livrent en voiture. D’autres le font à pied, en trottinette, en gyropode… A la base nous souhaitions restreindre notre empreinte environnementale en privilégiant les mobilités douces. Mais ce n’est pas une obligation. Nous préférons que les repas soient disposés dans des contenants biodégradables, mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. Dans les supermarchés, on trouve facilement des barquettes en aluminium pas très écolos, mais ça convient parfaitement. Notre site Internet référence quelques lieux où trouver des contenants, les règles d’hygiène à appliquer également… »

Comment participer à Délivrue ?

« Le mieux est de nous contacter via le groupe Facebook #Délivrue Montpellier et sur Instagram @Deliv_rue_montpellier. On peut aussi nous joindre par mail à delivrue.montpellier@gmail.com ou via le site internet delivrue.fr, où se trouve un formulaire de contact. »

Lisez aussi notre article sur la naissance de Délivrue, sa relation avec les pouvoirs publics et les autres associations humanitaires, les réactions des passants lors des livraisons aux SDF : “Montpellier : Délivrue livre des déjeuners aux sans abri, et crée du lien social”.

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