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Montpellier : Oriane Ginies, de l'armée à la cybercriminalité au Qatar

Suite de notre série sur les expatriés…L’expatriation d’Oriane Ginies relève presque d’un parcours initiatique. Cette montpelliéraine d'origine vient de rentrer du Qatar, où elle travaillait pour un ministère sur les questions de cybercriminalité. Echange.

Oriane Ginies est née et a grandi à Montpellier. « Je souhaitais faire carrière comme juriste au sein d’organismes humanitaires », se souvient-elle. Elle effectue ses études de droit entre Montpellier, Aix-en-Provence et Paris. «Cela a été compliqué de trouver mon premier poste, après un stage à l’ONU. Je souhaitais vraiment devenir juriste de terrain dans les zones de conflits armés. J’ai finalement été recrutée par l’armée. On le sait assez peu, mais une grande partie de la mission de défense militaire de nos armées correspond à un besoin de protection des personnes civiles sur les théâtres d’opérations et de la protection des personnels humanitaires ».

Ces cinq premières années lui permettront de se spécialiser en protection des militaires en opération, notamment en Afghanistan, car « la difficulté des militaires est de jongler entre l’ambition politique de leur pays et la réalité du terrain ». Oriane Ginies entre ensuite dans le sujet de la cybersécurité, sujet hautement stratégique pour l’armée et très complexe en termes juridiques. Elle obtiendra dans ce cadre un doctorat de droit, présenté en 2013.

Le Qatar et la cybersécurité au cabinet de la seule femme ministre

Son mari est ensuite muté au Qatar. Elle le suit et travaille alors pour Thalès : « j’ai eu des difficultés à me sentir bien dans l’industrie de la défense, malgré mon passage dans l’armée. Ce monde est très codé ». Six mois plus tard, elle croise la route du docteur Hessa Al Jaber, la seule femme ministre du Qatar à l’époque : « j’ai travaillé dans son cabinet pendant deux ans, car elle voulait refondre le système législatif du Qatar sur la cybersécurité. Ce ministère a ensuite fusionné avec celui des transports, j’y suis restée deux ans de plus ».

Après quelques questionnements sur son rôle et une envie de sortir de sa zone de confort, Oriane Ginies décide de se faire accompagner par un coach : « sur le moment, je ne m’attendais à rien de spécial. Je ne me suis pas vraiment rendu compte du travail qu’elle a enclenché en moi. Ce n’est que quelques semaines après que j’ai réussi à accéder à tout ce que je voulais matériellement et personnellement. Je l’ai même rappelée pour la remercier ! Elle m’a permis de reprendre le contrôle sur ma carrière et sur mes choix personnels. J’ai repris confiance en mes capacités et je suis redevenue maîtresse de mes actions très facilement et rapidement. ».

Oriane Ginies travaille ensuite pour beIN Sport, prenant en charge son contrat en technologie et travaillant en parallèle dans le département antipiratage : « le piratage pour les TV payantes représente plusieurs milliards d’euros de pertes ! Le métier est assez frustrant, car à chaque fois que l’on gagne un peu de terrain, les pirates élèvent encore le niveau de fraude et de technicité de leur mode opératoire ».

Sa nouvelle vie de ‘coach pour expatriés’

En parallèle de son métier, Oriane Ginies décide de se former au coaching : « je suis certifiée par la Fédération Internationale de Coaching (ICF). Je souhaitais moi aussi accompagner des personnes en plein questionnement, comme j’avais pu l’être. Mes premiers clients sont tous expatriés, tous en transition professionnelle et cherchent à se projeter parce qu’insatisfaits de leur situation ». Elle y côtoie toutes les échelles et tous les types d’expatriés, en fonction de leur pays d’origine. Ces rencontres multiples ont été une grande source de croissance professionnelle et d’épanouissement personnel.

La pandémie planétaire est gérée au Qatar d’une façon qui fait à nouveau réfléchir Oriane : « ce management de crise m’a déçue ; je ne me retrouvais pas ni dans les valeurs ni dans la stratégie. J’ai démissionné ».

De retour à Montpellier, elle décide de monter son cabinet de coaching pour les expatriés : « La crise liée au COVID n’a laissé personne indifférent. Pour moi, elle a été révélatrice de mon envie de dédier tout mon temps aux professionnels expatriés et de créer ma propre activité. J’accompagne toujours mes clients du Qatar, j’en suis également en Angleterre, aux Emirats et en Suisse. Les questions tournent autour de la préparation et la gestion d’un retour d’expatriation ou d’une nouvelle aventure professionnelle. Il y a un travail de deuil à faire pour tous les expatriés de retour sur ‘notre âge d’or’ passé, la communauté quasi familiale qu’on s’était construite sur place. On travaille sur le lâcher-prise nécessaire, sur la gestion de la transition, la confiance en soi. Pour les expatriés de retour, il nous faut un temps pour se réinstaller, se réintégrer, c’est presque une nouvelle expatriation. »

Sans le moindre jugement, sans conseil, il ne s’agit pas d’un travail de psychanalyse, mais bien d’un accompagnement en période de difficulté pour se ‘débloquer’ par l’échange, se mettre en action, et écrire les pages de son avenir ; on cherche à éviter les regrets.

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