Un sexagénaire voyeur livrait sa femme, droguée à son insu, en pâture à des violeurs
L’affaire est à peine croyable et a été découverte un peu par hasard par les policiers. Une dizaine de personnes, soupçonnées d’avoir violé une femme droguée par son mari, ont été interpellées cette semaine à Carpentras. Au total, 32 hommes ont déjà été écroués dans cette affaire hors norme de soumission chimique.
Tout démarre le 12 septembre 2020 quand un sexagénaire se fait surprendre par les agents de sécurité de l’hypermarché Leclerc de Carpentras, en train de filmer sous les jupes des clientes. L’homme est interpellé et remis aux policiers. Lors de sa garde à vue, il explique une maladresse ponctuelle, mais les policiers vont tout de même effectuer une perquisition à son domicile. L’homme est relâché en attendant que le matériel informatique saisi soit exploité.
Des scènes de viols sous soumission chimique
Lors de l’exploration des disques durs, les policiers de Carpentras n’en reviennent pas. « Nous sommes tombés sur des dizaines de films montrant son épouse inconsciente, livrée tour à tour à des inconnus » affirme l’un des enquêteurs.
L’homme est à nouveau interpellé tandis que sa femme découvre, vidéos à l’appui, le calvaire qu’elle subit à son insu depuis presque dix ans à son domicile.
« Un cataclysme. C’est son monde qui s’effondre ce jour-là. Comment soupçonner une telle face sombre, une telle duplicité chez cet homme avec qui elle était en couple depuis près de 50 ans ? C’est tout simplement inimaginable » résume son avocate Caty Richard.
Une cinquantaine d’auteurs présumés
Après un an d’enquête, les policiers arrivent à remonter le fil de l’histoire et il fait froid dans le dos. Il apparaît que le mari droguait sa femme avec des tranquillisants à haute dose administrés à son insu et recrutait des hommes par internet pour la livrer à des jeux de soumission alors qu’elle était totalement inconsciente.
Pompier, journaliste et surveillant de prison parmi les mis en cause
Neuf hommes ont été interpellés ce mardi matin. Ils sont suspectés d’avoir violé, en parfaite connaissance de cause, cette sexagénaire préalablement droguée par son mari. Leur profil les mettait pourtant à l’abri de tout soupçon. Parmi eux figurent notamment un capitaine de pompier, un surveillant pénitentiaire, un journaliste dans un quotidien régional, un infirmier. Des hommes la plupart du temps en couple et inconnus des services de Police. « Ce sont des personnes de tout âge et de tous les milieux socioprofessionnels. Leur seul point commun, c’est leur banalité », appuie Me Caty Richard, l’avocate de la victime.
Lors de leurs auditions, les mis en cause ont expliqué avoir connu le mari sur un site de tchats où ils échangeaient sur leurs fantasmes. Certains expliquaient qu’ils pensaient être en présence d’un couple libertin dont le mari serait adapte du candaulisme, une pratique sexuelle dans laquelle une personne ressent une excitation sexuelle en exposant et partageant sa conjointe.
Des explications qui auront eu du mal à convaincre les policiers de la direction territoriale de la police judiciaire (ex SRPJ) puisqu’il est d’ores et déjà établi que la victime était totalement KO lors des scènes de viols qui duraient depuis 2013. Au total, les policiers ont dénombré une soixantaine d’auteurs présumés, trente-deux sont d’ores et déjà derrière les barreaux.
« Il s’agit d’une affaire hors norme, tant par le mode opératoire que le grand nombre d’auteurs présumés. Ce qui est très frappant, c’est qu’ils ont le profil de Monsieur tout le monde, ils pourraient être nos voisins » relève une source proche du dossier.
L’aboutissement pour les enquêteurs d’un fastidieux travail d’identification, qui n’est pas encore totalement achevé.