Paula Rego, la force des contes de notre enfance pour analyser le monde actuel (Paris, Musée de l’Orangerie)

A Paris, cet hiver, le musée de l’Orangerie a choisi de ne pas organiser une sempiternelle exposition d’un grand nom archi célèbre en France, mais de faire connaître une artiste très connue à l’étranger, et beaucoup moins ici : Paula Rego. On ne peut que saluer bien bas cette initiative de Cécile Debray, la directrice du musée…

D’origine portugaise mais vivant au Royaume-Uni, membre de l’Ecole de Londres, la peintre contemporaine Paula Rego, née en 1935, est une pastelliste habituée des très grands formats. Les scènes étranges qu’elle représente, imprégnées des contes de notre enfance, sont enveloppées d’une ironie grinçante et d’une cruauté glaçante et révèlent des jeux de pouvoir dérangeants. Le but étant de parler du monde actuel…

Ses tableaux, empreints d’un féminisme exacerbé ou sous-jacent, laissent une grande place aux animaux. Un réalisme magique flotte dans ses toiles. Peignant d’après modèles vivants et sculptures en plâtre et papier mâché, son atelier déborde de personnages et d’animaux. 

L’exposition Les contes cruels de Paula Rego

L’exposition propose d’explorer l’œuvre de Paula Rego à travers 70 peintures et dessins et 9 sections thématiques.
Tout d’abord les jeux de la série Filles et chien (1986), affichant une disproportion entre des filles massives et de petits chiens terrorisés.

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Paula Rego (1935-). “Snare”, 1987. Acrylique sur papier monté sur toile. 150 x 150 cm © Paula Rego. Courtesy of the British Council Collection.

Puis une évocation de l’atelier où « naissent » de multiples figurines et personnages en plâtre, papier mâché, avec l’aide de l’assistante Lila Nunes et de sculpteurs comme Cathie Pilkington ou Ron Mueck, le gendre de Paula Rego.
Viennent ensuite ses illustrations des Nursery Rhymes et des gouaches d’après les contes populaires portugais. Le thème de la ronde est repris de façon terriblement triste dans The Dance (ci-dessous), où la danse d’une femme seule symbolise l’absence causée par le décès de son époux.

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Paula Rego. “The Dance”, 1988. Acrylique sur papier monté sur toile, 212,6 x 274 cm. Crédit photo : Private Collection / Bridgeman Images.

Que serait l’enfance sans son lot de punitions et réprimandes, nécessaires à toute éducation ? La famille est omniprésente dans son rôle de coercition vis-à-vis de l’enfant. Les contes et fantaisies, thématique abordée ensuite, révèlent l’attachement de Paula Rego pour l’univers des contes. En 1992, elle illustre de 15 gravures en couleur l’ouvrage Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir. En 1996, c’est au tour des Aventures de Pinocchio. Histoire d’un pantin de Carlo Collodi. C’est Ron Mueck qui pose en Gepetto.

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Paula Rego (1935-). “Geppetto washing Pinocchio”, 1996. Pastel sur papier monté sur aluminium. 213,4 x 152,54 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego Courtesy Marlborough Fine Art.

Les animaux ne sont pas en reste, comme en témoigne dès 1994 la série des Dog Women (femmes-chiens), où les modèles adoptent des comportements canins. Puis les héroïnes, parées de costumes empruntées à l’opéra montrent des femmes dans toute leur splendeur.

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Paula Rego (1935-). “Angel” (The Crime of Father Amaro series), 1998. Pastel sur papier monté sur aluminium. 180 x 130 cm. Collection de l’artiste. Crédit photo : Private Collection / Bridgeman Images.

Les cycles et figures du début des années 2000, très théâtraux  poursuivent ce parcours, pour aboutir à une illustration en 2011 de la nouvelle Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, allégorie du rapport existentiel de Paula Rego à la peinture. 

Une belle découverte pour les Français que nous sommes !

Infos pratiques

Musée de l’Orangerie
1, place de la Concorde
Jardin des Tuileries
75001 Paris.

Plein tarif : 9 euros.

Exposition “Les contes cruels de Paula Rego” à voir jusqu’au 14 janvier 2019.

 

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