Culture & Loisirs

Peinture : Jérôme Romain ou la révolte camusienne

S’il a suivi des études d’histoire de l’art, Jérôme Romain est totalement autodidacte sur…

S’il a suivi des études d’histoire de l’art, Jérôme Romain est totalement autodidacte sur le plan de la technique picturale. Il a d’abord peint des tableaux pouvant relever de la figuration libre, avant de ressentir un besoin de technicité plus poussée. Il lui a fallu plusieurs années pour trouver son style, le réalisme. Plus intéressé par la peinture en elle-même que par la représentation, il travaille d’après photos, en livrant de multiples références à certains grands maîtres de la peinture. Porté actuellement sur le clair-obscur, il confie à l’HJE être en période de transition. Interview…

Interview

 

Vous avez fait du réalisme votre credo…

Jérôme Romain : « En effet. On pourrait dire que je fais en peinture ce que Martin Parr fait en photo. Comme lui, je fais en quelque sorte des instantanés de la vie contemporaine ; je fige la contemporanéité. Et comme lui, j’affectionne l’esthétique. A la différence que je m’exprime par le biais de la peinture, et que la peinture m’intéresse plus que le sujet. Je veux faire ressentir les différences de matières, donner une impression de réalité. »

 

Il est vrai que vos sujets sont très contemporains : les soirées bien arrosées, les selfies, les nouvelles technologies…

« Je photographie sur le vif, discrètement, des scènes de ma vie quotidienne, mes proches. D’où les sujets, et les cadrages un peu particuliers des tableaux qui s’ensuivent, qui accentuent la contemporanéité. Il m’arrive de saisir des détails de la vie des noctambules. Tout est plus intéressant la nuit ! »

 

Vous renouvelez également le genre de la nature morte en représentant la vitrine d’un magasin de jouets, un paquet de cigarettes froissé, des chaussures…

« Tout est parti d’un constat : le genre de la nature morte s’est perdu, sauf dans les vitrines. Voilà pourquoi, en déambulant la nuit, j’ai eu l’idée de peindre la vitrine du magasin de jouets Pomme de Reinette, grilles baissées. Je rêverais d’ailleurs de faire de même avec une bijouterie, mais leurs rideaux de fer sont souvent opaques. Et comme j’aime mettre l’accent sur les détails du quotidien, j’ai fait un focus sur un paquet de cigarettes froissé, comme on en voit tant dans les soirées. Actuellement, je peins… un sac poubelle. Je considère que mon travail consiste à savoir regarder et montrer, à faire changer le regard des gens sur leur quotidien, à les amener à réfléchir. »

 

Autre thème récurrent chez vous : la main.

« Les mains sont presque une signature pour moi depuis un moment. Très difficiles à représenter, elles ont fait partie de mon apprentissage technique. Par métonymie, elles symbolisent la personne elle-même. Il suffit d’une main pour poser une action et donner une idée du contexte et du style de la personne. »

 

Vous dites vouloir vous diriger vers une peinture plus classique. Dans certaines de vos œuvres, la lumière de l’écran remplace celle de la bougie pour le clair-obscur.

« Oui. J’ai une pure volonté de peinture, un besoin de justesse. J’ai beau venir du milieu du skate et m’intéresser de près aux œuvres de mes contemporains, je suis très attaché à la peinture telle qu’elle était pratiquée par les maîtres du clair-­obscur qu’étaient Le Caravage et De La Tour, à leur maîtrise technique. C’est ce vers quoi je souhaite orienter ma peinture. » 

 

Que voulez-vous exprimer dans vos toiles ? Des messages ?

« Au lieu de hurler mes messages dans la rue, je les présente dans mes tableaux. Je ne suis pas du genre à faire des banderoles. Je suis plus consterné que révolté par la vie actuelle. Ou alors c’est une révolte camusienne… »

 

L’actualité de Jérôme Romain

• Actuellement, ses tableaux sont exposés dans le cadre d’une exposition collective à Darwin, à Bordeaux.

• Une exposition individuelle qui lui est consacrée est programmée à la Galerie M, à Toulouse, à partir de fin octobre 2016.

• Une exposition collective incluant ses œuvres se tiendra à Munich, en Allemagne, en novembre 2016.

>>> Jérôme Romain est représenté à Montpellier par Camille Cattan. Et à Paris et en France par la Galerie Detais (Paris).

>> Après avoir beaucoup exposé à Montpellier dans des lieux privés, Jérôme Romain espère désormais pouvoir présenter une exposition individuelle dans un lieu institutionnel de la ville (Espace Bagouet).

>>> Site du peintre : https://www.jeromeromain.com/

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