Pérols, corrida : la SPA menace de porter plainte et les associations anticorrida s'indignent

À Pérols, le samedi 15 juillet 2023, les arènes accueilleront pour la première fois depuis une vingtaine d’années une corrida espagnole, dans le cadre de la Feria des Etangs. En effet, à l’initiative du club taurin Lou Razet et de la Ville de Pérols et son service festivités, la corrida espagnole (novillada piquée) est réintroduite cette année dans le programme des animations estivales. Il s’agira d’une corrida réservée aux toreros non confirmés, combattant de jeunes taureaux. Le spectacle s’achèvera par la mise à mort de l’animal.

Cette annonce a choqué les défenseurs de la cause animale opposés à cette tradition. Parmi elles, la Société Protectrice des Animaux a annoncé qu’elle porterait plainte dès la première maltraitance. Ce n’est pas la première fois que la SPA emploie de telles mesures. En 2019, une confrontation au tribunal correctionnel entre l’association et les principales villes taurines avait eu lieu. La SPA a imaginé deux affiches en guise de protestation.

L’annonce de la reprise de la corrida à Pérols a également poussé certains habitants à se mobiliser auprès d’associations anticorrida, qui se disent étonnées de la pratique de festivités espagnoles dans une ville où les traditions taurines sont purement camarguaises. Les mesures prises pour lutter contre cette novillada se déclineront en de multiples opérations telles que des manifestations, des actions de sensibilisation et des actions judiciaires pour obtenir l’interdiction de la corrida du 15 juillet. 10 organisations sont unies dans cette mobilisation : Alliance Anticorrida, le Comité Audois Pour L’abolition Des Corrida, Cazarrata, le Comité De Liaison Biterrois Pour L’abolition De La Corrida, le Collectif des Vétérinaires Pour L’abolition De La Corrida, la Fédération Des Luttes Pour L’abolition Des Corridas, le Collectif Protégeons Les Enfants De La Violence Des Corridas et Landes Anti Corrida.

“On a le droit de ne pas aimer la corrida, mais on se doit de respecter les traditions”, rétorque le maire de la ville à ses détracteurs.

D’un point de vue légal, la corrida avec mise à mort est prohibée sur le territoire français, sauf dans quelques départements, et sous réserve que cette activité n’ait jamais été interrompue. Le 24 novembre 2022, la proposition de loi du député insoumis Aymeric Caron visant à interdire totalement la tauromachie en France n’a pas été retenue par l’Assemblée nationale. “La torture et la mort d’un animal ne peuvent légalement constituer un divertissement digne de l’éthique contemporaine” soulignaient alors les députés insoumis et écologistes en faveur de cette proposition. 

Pour rappel, la corrida est autorisée dans les communes où sa pratique n’a jamais été interrompue. “L’intention de reprise après vingt ans d’interruption ne correspond pas au cadre fixé par l’article 521-1 du Code pénal et place donc ce projet hors la loi”, s’indigne le président bénévole de la SPA, Jacques-Charles Fombonne. 

Pour Jean-Pierre Rico, le maire de Pérols, cet argument ne tient pas. “Le club taurin de Pérols, Lou Razet, a 101 ans, les traditions taurines à Pérols remontent à très loin. Les arènes de Pérols ont été construites en 1960. Ce sera la 63^e saison taurine. Il s’agit donc bien d’une tradition totalement ininterrompue. D’ailleurs, notre adhésion sans discontinuer à l’Union des villes taurines françaises le prouve. Nous nous sommes adjoint les services d’une juriste qui a étudié la jurisprudence et qui nous assure que nous sommes bien dans la légalité “, rétorque-t-il.

La SPA ne se cantonne pas à la ville de Pérols, elle souhaite l’abolition de la corrida partout en France grâce à la suppression de l’exception territoriale. L’annonce du maire de Pérols a seulement relancé le débat. Elle lance une nouvelle pétition visant à interdire la corrida sur le territoire français.