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Pézenas : ferronnerie d'art, le savoir "fer" du vulcain piscenois Cédric Branchu

Cédric Branchu est ferronnier d’art. Dans son atelier, niché au fond de l’impasse Simon-Ducros, il crée, restaure, des rampes d’escalier, des garde-corps, et donne vie à des objets décoratifs ou du mobilier.

Dans son antre hors du commun et hors du temps, il allie savoir-faire traditionnel et créativité moderne. Grâce à son sens de l’esthétique, il donne vie aux idées de ses clients en créant des pièces uniques, reflétant chaque style et personnalité. Chacune des créations est réalisée avec soin, depuis la conception jusqu’à l’installation, afin de garantir un résultat unique. Rencontre avec un amoureux de la forge, un artiste passionné.

© Elodie Greffin
© Elodie Greffin

Qui êtes-vous, quel est votre parcours ?

Cédric Branchu : « Je suis ferronnier d’art depuis 2008, à mon compte. J’ai eu la chance de rencontrer Lucien Marnet, qui avait déjà cet atelier de ferronnerie au fond de l’impasse. Lucien a bien voulu me former à l’art du feu et de la ferronnerie. Puis, de fil en aiguille, j’ai mordu à l’hameçon et il m’a vraiment mis le pied à l’étrier. J’ai commencé avec lui en 2003-2004, c’était une reconversion. Chez moi, je travaillais le fer, mais j’avais envie d’en apprendre un peu plus. J’ai rencontré Lucien aux journées des métiers d’art, à la suite de cela, j’ai commencé par faire un stage avec lui durant quatre années, puis j’ai fait une formation à l’AFPA pour avoir mon diplôme, et enfin créer mon entreprise à la suite. Lucien était ferronnier depuis de nombreuses années déjà lors de notre rencontre, c’était une personne très reconnue à Pézenas. Notre rencontre a été un véritable déclic, j’ai retrouvé une figure de grand-père. Il cherchait quelqu’un pour lui succéder, l’atelier était son bébé. Il voulait communiquer sur sa passion pour la ferronnerie. Il a réussi à me donner ce goût de la ferronnerie, il est aujourd’hui un mentor pour moi. »

© Elodie Greffin
© Elodie Greffin

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre quotidien ?

Cédric Branchu : « C’est vraiment le travail de forge, le travail à chaud des métaux. Le feu a vraiment un côté très hypnotisant. Une fois que la matière est chauffée à une température de 800 ou 1 000 degrés, on va pouvoir la travailler comme si c’était de la pâte à modeler. Il y a quelque chose au niveau de la molécule qui me fascine, je trouve cela vraiment magique. Il est possible d’amener une matière qui paraît très dure, à des courbes, très légères et très fines. C’est ce rapport-là qui me plaît énormément. »

© Elodie Greffin
© Elodie Greffin

Quel est votre rythme de travail ?

Cédric Branchu : « Je m’organise en fonction des commandes. Cela passe par des rampes d’escalier, des escaliers, de la décoration, des garde-corps liés ou pas à la ferronnerie. Parce qu’il y a aussi l’autre partie, la métallerie, qui est la deuxième corde à mon arc et là, c’est plutôt des portes ou de la soudure. J’étais dernièrement en résidence au lycée Joliot-Curie à Sète, pour expliquer mon métier à des élèves de terminale. Je fais aussi des expositions, des salons et je travaille aussi avec la Maison des métiers d’art à Pézenas. Il y a un panel assez large de ce que je peux faire. J’ai un côté utilitaire pour tout ce qui est commande avec des particuliers et puis un côté création. Entre deux chantiers, où pendant les résidences on va aussi avoir un côté plus créatif. Dans l’utilitaire, on est assez normé. Nous ne pouvons pas faire vraiment ce que l’on veut. J’essaye d’apporter une touche personnelle à mes clients, pour qu’ils aient des pièces uniques, afin de ne pas avoir des choses que l’on peut retrouver dans le commerce ou chez des confrères. »

Travaillez-vous avec d’autres artistes ou commerçants de Pézenas ?

Cédric Branchu : « Cela m’arrive de travailler en collaboration avec des artisans de Pézenas. Je pense par exemple à Éva Lucas, qui fait du fusain. Elle va faire ses pièces et moi, je vais faire les socles pour pouvoir mettre en valeur ses réalisations. Ou encore Marie-Pierre Bonniol, qui fait des émaux sur cuivre, et là, je vais lui faire des petits cadres. Il y a quand même un partage avec les autres artisans créateurs. Du côté des commerçants, c’est de l’utilitaire, avec tout ce qui est vitrine. »

© Elodie Greffin
© Elodie Greffin

Comment allier la forge de l’époque et commandes contemporaines ?

Cédric Branchu : « Ce n’est pas évident. Quand on pense à la forge, c’est l’image de la forge d’antan qui ressort. Il y a des particuliers qui cherchent encore ce goût, parce que Pézenas est un secteur sauvegardé, et donc nous sommes obligés de reproduire à l’identique. Donc là, je vais pouvoir tirer parti de ce secteur sauvegardé, pour pouvoir refaire de la ferronnerie traditionnelle. Pour les commandes plus contemporaines, nous allons essayer de partir sur de l’art déco, ce que j’aime le plus dans l’histoire de l’art. Nous essayons de faire un motif qui soit quand même de la forge, mais qui soit plus contemporain. Les intérieurs d’aujourd’hui sont quand même plus épurés qu’auparavant. »

© Elodie Greffin
© Elodie Greffin

La transmission de votre art aux jeunes générations est importante pour vous ?

Cédric Branchu : « Je trouve cela très important, la diffusion du savoir-faire et la promotion des métiers d’art. J’ai souvent des stagiaires qui viennent apprendre le métier ou pour voir si cela les intéresse. Je suis formateur à l’IMARA de Revel. Pendant quatre mois, j’ai des stagiaires à l’atelier et je leur apprends vraiment la forge. Il y a aussi le parcours Avenir avec l’éducation nationale, où le but est de faire découvrir au plus grand nombre, que d’autres voies sont possibles. Les métiers d’art, c’est vraiment quelque chose de très manuel, il y a quand même de la réflexion. Ce ne sont plus des voies de garage, il y a un nouvel essor. Avec les métiers d’art, nous avons une satisfaction personnelle, on travaille avec nos mains. Entre le dessin, la conception, et jusqu’à la réalisation, il y a de nombreuses étapes qui font que c’est assez magique. »

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre fonction de Président des Artisans des métiers d’art ?

Cédric Branchu : « Nous sommes une trentaine d’artisans créateurs à Pézenas. Ce qui fait la force de la ville, c’est que nous ne sommes pas spécialisés uniquement dans un domaine, comme par exemple Saint-Jean-de-Fos pour la poterie. Ici, nous avons toutes les matières, le verre, la poterie, le bois, les bijoux… C’est un vivier très fort en matière de métiers d’art. Par le biais de cette association, nous essayons de prévaloir et de promouvoir ces métiers, tout en mettant en avant la revente. Il est important de faire découvrir au public et aux scolaires l’étendu de nos savoirs faire. »

© Elodie Greffin
© Elodie Greffin

Avez-vous des projets, des rêves, des attentes ?

Cédric Branchu : « Plus j’avance dans l’âge, et dans mon expérience de la ferronnerie et plus la transmission m’interpelle. La découverte de ce métier par les autres est très importante. Finalement, les gens ne se rendent pas compte du travail qu’implique ce métier de ferronnier. On pense que travailler un morceau de fer, c’est rapide, mais il y a vraiment de nombreuses étapes, de processus, nous permettent d’arriver au résultat final. Ce côté transmission aux autres m’intéresse vraiment, il faut essayer de tendre vers cela. Pour la période estivale, j’ai envie de créer plus d’objets, partir sur de la création et moins sur l’utilitaire ».

© Elodie Greffin
© Elodie Greffin

Votre installation à Pézenas était un choix évident ?

Cédric Branchu : « Il y a un patrimoine phénoménal à Pézenas, en matière de ferronnerie pure, c’est un livre d’histoire à ciel ouvert. La volonté de la ville est d’avoir des créateurs qui travaillent dans leurs ateliers, cela ouvre vraiment le dialogue avec les gens. Avoir une forge dans une ville reste assez exceptionnel, de plus je suis ouvert à l’année. Les nouvelles générations ne sont pas habituées à voir cela et cela interpelle énormément. La ville est un écrin pour l’épanouissement des créateurs. »

© Elodie Greffin
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Commentaires

  1. Quel beau moment au réveil de lire cet article valorisant ce beau métier et de surtout d’en espérer la passation
    Toute notre reconnaissance à ce personnage haut en couleurs
    Sylvie Battoia

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