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Philippe Dessertine, soirée Ecozoom : la 4e révolution industrielle va booster les territoires

A l’occasion de la soirée Ecozoom, l’économiste Philippe Dessertine a souligné la nécessité pour la France de se lancer pleinement dans la 4e révolution industrielle qui implique une rupture avec le système économique actuel, fondée sur la déconcentration, la « rationalité réelle » et de très importants investissements. Les professions du chiffre ont un rôle clé à jouer.

Invité d’honneur de la soirée Ecozoom, Philippe Dessertine, professeur des Universités à l’IAE Paris (Paris 1 -Panthéon Paris Sorbonne) et directeur de l’Institut de Haute Finance, estime que l’économie mondiale s’engage dans la branche descendante du cycle avec de très probables crises à venir qui pourraient être aggravées par les problèmes géopolitiques. Selon lui, il est alors urgent d’entrer de plain-pied dans la quatrième Révolution industrielle. Le modèle économique actuel, fondé sur les grandes concentrations humaines dans les usines et dans les villes, est en effet lui-même source du grand défi auquel nous sommes confrontés : le réchauffement climatique. Il ne s’agit donc plus de gérer dans la continuité en se limitant à apporter de légères améliorations, mais au contraire d’entrer en rupture avec ce système actuel.

Le « bond quantique » de la science

Pour Philippe Dessertine, les solutions viennent très largement de la science, qui réalise un véritable « bond quantique » avec les technologies nouvelles. Le traitement mathématique d’un nombre considérable de données (big data) et le développement des algorithmes se situent au cœur même de cette quatrième Révolution industrielle. Celle-ci se traduit déjà par de multiples applications parmi lesquelles figurent le décodage du génome humain, l’impression 3D et le monde du digital.

Déconcentration et « rationalité réelle »

Afin d’agir concrètement, au lieu de privilégier les infrastructures contribuant au gigantisme des métropoles – comme par exemple le projet du Grand Paris –, Philippe Dessertine plaide pour la déconcentration. En effet, la communication – désormais possible en tout point de la planète (à condition qu’il n’y ait pas de zone blanche) – ouvre la possibilité d’innover au cœur même de nos territoires et des villes les plus petites. Autre argument majeur : jouer la carte de la « rationalité réelle ». Par exemple, un très grand nombre de nos courriels pourraient être traités grâce à l’intelligence artificielle, ce qui permettrait aux humains de gagner du temps pour mieux agir selon leurs compétences et imaginer des solutions nouvelles.

Aux petites entreprises de se fédérer pour créer la révolution industrielle

L’économiste évoque la deuxième révolution industrielle, celle de l’automobile et de l’aéronautique, dans laquelle la France s’est illustrée avec des ingénieurs qui ont lancé leurs activités un peu partout sur le territoire national. Selon lui, ce sont les petites entreprises qui créent la révolution industrielle. Et pour réaliser des bonds de géants, elles ont intérêt à se fédérer. Philippe Dessertine interpelle directement le public : « Dans une région comme celle-ci, tous, vous devez continuer à vous voir et à échanger. Lors d’une période de révolution industrielle, il n’y a pas de compétition, mais au contraire de la place pour tout le monde. Nous ne sommes plus dans le management de la certitude, de la réussite. Quant au principe de précaution, il n’est valable que dans une période hors révolution industrielle. Découvrir ce que font les uns et les autres aboutit à l’enrichissement de tous. C’est cet état d’esprit que nous devons commencer à avoir. »

Faire pleinement confiance aux professions du chiffre

Philippe Dessertine constate que jusqu’ici, les grandes entreprises totalement engagées dans la quatrième révolution industrielle sont soit américaines, soit asiatiques. Il appelle la France et l’Europe à investir massivement dans les activités nouvelles : « Partout en France, il y a des gens qui cherchent et des gens qui trouvent. D’autres commencent à vouloir investir dans l’économie de demain. Nous sommes très bons dans de nombreux segments fondamentaux pour la quatrième révolution industrielle. Mais malheureusement, on n’investit pas assez. Y compris au plus haut niveau de l’Etat, la nouvelle révolution industrielle n’est pas comprise. Ils n’ont pas compris que les professions du chiffre jouent un rôle capital. Non pour contrôler les déclarations fiscales, mais pour aider à l’investissement ». L’économiste souligne le rôle décisif que devraient jouer ces professions du chiffre si on les laissait se consacrer pleinement à leur rôle d’accompagnement des entreprises. Et il faut aussi reconnaître la qualité du système d’informations financières qu’elles ont contribué à bâtir.

Philippe Dessertine, CV Express. Professeur des Universités à l’IAE Paris (Paris 1 -Panthéon Paris Sorbonne) et directeur de l’Institut de Haute Finance depuis 2004, Philippe Dessertine préside depuis mars 2017 le Comité prospective du Comité 21. Il est notamment l’auteur de 6 ouvrages publiés par les Editions Anne Carrière : Ceci n’est pas une crise, juste la fin d’un monde (2009), Le monde s’en va-t-en guerre, ne sait quand reviendra (2010), La décompression, des solutions après le krach (2011), Le Gué du Tigre (2012), En tout espoir de causes (2014), Le Talent et les Assassins (2018). Et a également écrit Le fantôme de l’Elysée, visite impromptue du Baron Necker à François Hollande (2015), publié aux Editions Albin Michel. Philippe Dessertine est souvent sollicité par des organisations non gouvernementales, des entreprises, des associations professionnelles, et est régulièrement invité en tant qu’expert à des débats télévisés.

 

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