Rapport - Selon Doremi, il faut revoir les pratiques actuelles de rénovation
Dorémi vient de publier un rapport sur les pratiques actuelles de rénovation, qui conduisent à des niveaux de consommation du parc bâti jusqu’à 2,7 fois plus élevés que l’objectif national fixé à l’horizon 2050 par le Code de l’énergie et la SNBC (parc bâti BBC-rénovation ou équivalent) !
Doremi pilote le programme CEE Facilaréno, validé par le ministère de la Transition écologique et solidaire et porté par l’Institut négaWatt. L’objectif du programme est de former 250 groupements d’artisans (1 250 entreprises impliquées) dans 5 régions et 50 territoires, couvrant au moins 10 % de la population française. L’entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS).
Le rapport entend démontrer, par des approches qualitatives et calculatoires, qu’il n’est pas réaliste d’atteindre ces objectifs de performance par des rénovations en 4 étapes de rénovation ou plus (“impasses de rénovation”). Atteindre la performance en 2, voire 3 étapes de travaux, est potentiellement possible, indique Doremi, mais sous des conditions très strictes qui ne sont pas réunies aujourd’hui (notamment avoir une vision globale du parcours de rénovation, bien planifier et traiter les interfaces entre postes de travaux ou réaliser des regroupements de travaux judicieux ; certains postes ne peuvent être reportés, comme la ventilation, d’autres sont indissociables, comme les menuiseries et l’isolation par l’extérieur). Qu’il y ait plus d’étapes de travaux énergétiques implique moins de performance, donc une plus grosse facture de chauffage, plus d’inconfort, plus de risques de désordres (moisissures…) et plus de complexité (donc de coûts).
> Le rapport complet est à télécharger sur le site de l’Ademe
De nouvelles pratiques et orientations
Au-delà des préconisations techniques listées, l’étude pointe quelques évolutions souhaitables des dispositifs d’accompagnement et de financement de la rénovation énergétique, qui sont autant de conditions de réussite à mettre en place.
Les conclusions appellent en effet :
– à écarter les rénovations partielles, dont la juxtaposition des gestes de travaux ne permet pas d’atteindre une performance à terme et risque de favoriser le développement de pathologies entre les étapes de travaux,
– à promouvoir et faciliter le financement et la réalisation de rénovations performantes en une étape (rénovation complète et performante, RCP),
– à accompagner des rénovations performantes par étapes (jusqu’à 3 étapes maximum) lorsque la RCP ne peut pas être mise en œuvre pour des contraintes techniques, psychologiques (reprise de travaux récents), sociologiques et/ou architecturales.
– à faire évoluer les systèmes de production de chauffage basés
sur les énergies renouvelables pour qu’ils proposent des plages de modulation plus importantes.
Ceci impliquerait entre autres et notamment de faire évoluer la communication nationale autour de la rénovation énergétique en intégrant la notion de performance (sain + préservation du bâti + confortable + consommation BBC rénovation ou équivalent) pour les rénovations en une ou plusieurs étapes (3 maximum) ; et de densifier le dispositif d’information, conseil et accompagnement des ménages pour pouvoir accélérer la rénovation performante, et le faire évoluer pour y intégrer l’accompagnement technique en amont, pendant et après le chantier, nécessaire à cette rénovation performante. (DC)