Expositions — Saint-Jean-de-Védas

Saint-Jean-de-Védas, expo : les utopies énigmatiques de Sylvain Corentin au Chai du Terral

De Sylvain Corentin, on connaît surtout les sculptures, sortes de cabanes perchées qui sont autant d'autoportraits de l'artiste. Au Chai du Terral, à la Galerie Francis-Porras, il présente aussi une autre facette de son travail : ses dessins et ses planètes. Une formidable découverte…

Sylvain Corentin près de l’une de ses sculptures © Virginie Moreau.

Liberté totale

Ne se fixer aucune contrainte, en dessin comme en sculpture, tel est le leitmotiv qui anime Sylvain Corentin lorsqu’il crée. C’est la raison pour laquelle il réalise ses sculptures à partir de bois flotté, facilement disponible, et d’objets de récupération qu’il collecte au gré de ses envies. Et s’il dessine aux crayons de couleurs, c’est pour leur côté accessible et pour l’immédiateté du résultat. Il assure vouloir rester “au plus près de l’acte créateur, dans la plus grande des simplicités”. Mais que l’on ne s’y trompe pas : il est loin de choisir la facilité pour autant.

L’eau, élément fondateur

L’Orage, immense dessin sur papier marouflé d’environ 1,50 sur 2,50 mètres, en fait brillamment la démonstration… et résume tout entier l’univers de l’artiste. Fourmillant de détails, on y voit trois grandes habitations tout en hauteur, plantées dans un paysage verdoyant et irrigué mais battues par des cyclones et par l’orage. On y trouve un élément cher à l’artiste : l’eau. “Je suis fasciné par les inondations, car ma famille et moi avons été sauvés d’une inondation vers l’hôtel de région à Montpellier lorsque j’étais bébé”, explique-t-il. L’eau irrigue, elle donne vie à la nature, qui est également un motif omniprésent dans son travail à travers la végétation, les animaux… Sylvain Corentin analyse : “sans être un grand écologiste, je suis sensible aux préoccupations environnementales”.

orage sylvain corentin
“L’Orage”, par Sylvain Corentin © Virginie Moreau.

“L’Orage”, par Sylvain Corentin © Virginie Moreau.

Loin de prendre l’eau en grippe après cet incident, Sylvain Corentin s’est établi une fois adulte le long du Lez, qui lui fournit le bois flotté avec lequel il compose ses sculptures. Les rivières et cours d’eau constituent l’élément central d’un grand nombre de ses œuvres, selon lui. Pourtant, le regard s’attarde en premier lieu sur ses architectures utopiques, ses maisons dont il dit qu’elles le représentent. Finalement, chaque œuvre et chaque élément dessiné ou ajouté à ses sculptures en dit un peu plus sur sa personnalité, à la fois introvertie et originale.

Des objets du passé ?

Ses sculptures rappellent à bien des égards le reliquaire médiéval… Le goût de Sylvain Corentin pour l’archéologie se retrouve dans de nombreuses allusions à la préhistoire, au Moyen Âge : four médiéval, alignements de blocs de pierre inspirés des alignements de Carnac, présence d’amphores dans ses architectures… 

Une planète de Sylvain Corentin © Virginie Moreau.
Une planète de Sylvain Corentin © Virginie Moreau.

Une planète de Sylvain Corentin © Virginie Moreau.

Il crée également des objets pouvant évoquer ceux mis au jour par des archéologues. C’est le cas de certaines de ses Planètes (œuvres rondes), dont le support en bois est recouvert d’enduit, puis passé à l’eau et aquarellé pour créer de nouvelles topographies. Certaines rappellent des paysages lunaires. Bien que présentées au mur, elles pourraient fort bien, tenues à la main, sembler provenir d’un lointain passé et venir tout juste d’être découvertes…

Des énigmes

Un caractère énigmatique émane de ses œuvres. Il naît bien souvent de la juxtaposition d’objets hétéroclites. Ainsi, une barque est posée sur une ouverture d’une de ses maisons perchées, prête à partir dans les airs ; un animal-montagne porte une architecture sur le dos ; des coquillages côtoient des cuillères. “Cela m’amuse de sortir du côté sacro-saint de l’art. J’aime donner des pistes amusantes, susciter le questionnement.”

Cabane hétéroclite de Sylvain Corentin © Virginie Moreau
Cabane hétéroclite de Sylvain Corentin © Virginie Moreau

Ses dessins sur papier sont marouflés (collés) sur des supports en bois préalablement raclés, abîmés, incisés et brûlés par ses soins. La forme des supports reprend bien souvent celle qui est dessinée ; il en résulte une certaine étrangeté. L’œuvre est totale, dans une nouvelle matérialité. L’artiste y réinvente de mille manières des habitats, déclinés et sans cesse recréés.

cabane sylvain corentin
cabane sylvain corentin

Ses sculptures, assemblages de branches et d’objets modestes, s’élèvent vers le ciel et surprennent le regard. Ce sont des abris où l’imaginaire des visiteurs peut venir s’épanouir. Des habitats fragiles et graciles, tout de blanc revêtus, où l’on a envie de se réfugier pour rêver. Ils pourraient se mettre en mouvement, comme dans le film Le Château dans le ciel du réalisateur japonais Hayao Miyazaki.

Autre référence de l’artiste : le facteur Cheval, qui construisit son Palais idéal à force de temps, d’imagination et de patience. “Le facteur Cheval reste la personne que je comprends le mieux au niveau de mon degré d’investissement dans mon travail”, explique Sylvain Corentin, qui a d’ailleurs commencé à travailler sur sa propre habitation…

Informations pratiques

Chai du Terral, Galerie Francis-Porras – 1, allée Joseph-Cambon – 34430 Saint-Jean-de-Védas.
L’exposition Les Maisons de la mémoire de Sylvain Corentin est visible le mercredi de 10h à 19h et le vendredi de 13h à 18h, ainsi que les soirs de spectacles.

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