Politique — France

Selon le président des maires de France, "la dimension écologique est intégrée dans l'esprit des maires"

François Baroin évoque les différents niveaux auxquels l'écologie peut être défendue : local, national, européen.

Aujourd’hui, on est en pleine crise sanitaire, demain une crise écologique nous guette peut-être… Quelle devrait être la place des collectivités pour mieux gérer ce challenge écologique ?

François Baroin : “La protection de l’environnement n’est pas une question d’engagement politique doctrinaire. C’est une question de compréhension de la réalité de ce que souhaite la société. Il n’y a pas un maire, qu’il soit de droite ou de gauche, qui n’intègre pas cette problématique depuis très longtemps. C’est vrai sur le tri sélectif, c’est vrai sur l’eau, c’est vrai sur la qualité des transports publics, c’est vrai sur l’utilisation des déchets ultimes. Et au fond, toutes les novations portées au niveau national viennent du terrain, viennent du coin de la rue. Elles viennent souvent d’initiatives de maires.

Nous avons devant nous deux sujets très importants. Tout d’abord l’eau. Un besoin d’investissement très important est devant nous, puisque les nappes phréatiques sont en train de baisser. Il y aura des rendez-vous pour refaire les zones de captage, investir lourdement pour garantir la qualité de l’eau, son acheminement, son approvisionnement et la problématique des déchets. Il y a aussi la problématique de l’aménagement de zones aérées végétales, avec des points d’eau pendant les périodes caniculaires que nous affrontons quasiment chaque année.

Tout cela fait partie des politiques municipales. J’ajoute que la poussée des élus Verts aux dernières élections municipales, qui ont pris quelques villes, constitue un phénomène métropolitain assez marginal à l’échelle des 35 000 communes françaises. La réalité, c’est qu’il y a une très grande stabilité et que, une fois encore, la dimension écologique est intégrée dans l’esprit des maires, quel que soit leur engagement politique. Personne ne peut faire l’économie aujourd’hui d’une priorité autour de la protection de l’environnement. Cela se lit aussi dans les politiques d’investissement, auprès des bailleurs sociaux, dans la réhabilitation et dans l’utilisation de filières naturelles et renouvelables, hors utilisation des énergies fossiles. Bref, toute la chaîne est aujourd’hui revisitée. Cela se voit pour la restauration scolaire, dans les circuits courts où, de plus en plus, on favorise l’accompagnement de maraîchers locaux, de jardins ouvriers et de productions locales, avec un très faible bilan carbone, pour le transport. Tout cela fait partie de notre quotidien, de notre culture, de notre évidence.”

Actuellement, l’écologie doit-elle être poussée au niveau national ou européen ?

François Baroin : “Il faut trouver l’équilibre juste entre le coin de la rue et le bout du monde. Tout ce que les maires peuvent faire, au coin de la rue, est très attendu par les gens qui le voient. Ensuite, il est inenvisageable que ce débat ne soit pas planétaire, puisque la question l’est. Comme le disait Marshall McLuhan, la planète est un village. Cette problématique environnementale doit se gérer au niveau global : il appartient aux dirigeants du monde de le faire, y compris les Chinois, les Américains et les Russes, qui sont les pays les plus puissants et les plus grands producteurs de gaz à effet de serre. Donc, il est illusoire d’imaginer que tous les efforts que nous pourrons produire au coin de la rue de chaque commune de France permettront de régler le problème du réchauffement de la planète s’ils ne s’inscrivent pas dans un projet porté par tous les pays du monde.”

C’est pourtant un sujet qui va être d’une importance capitale pour les élections régionales qui viennent. Comment voyez-vous les choses ?

François Baroin : “Je pense que les régions, dans leur nouveau périmètre, ont trouvé une existence. C’est moins significatif pour les gens que ne l’est une commune. Ils sont attachés à leur maire et la région est plus lointaine. Mais l’État a décidé de sous-traiter aux régions toute la politique d’aménagement du territoire et il ne peut pas y avoir d’aménagement du territoire qui ne tienne pas compte de la protection de l’environnement. Donc, ce débat sera au cœur des élections régionales. J’ai quand même tendance à penser que ce qui s’est produit aux municipales, ne se reproduira pas exactement au moment des régionales.”

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