Sète Agglopôle mise sur l’économie bleue
Sète Agglopôle met le cap sur l’économie de la mer. « La France ambitionne de créer 600.000 emplois dans l’économie maritime, selon le ministère du Travail. Sur ces 600.000, nous voulons capter environ un millier d’emplois » rappelle Jean-Guy Majourel, premier vice-président de Sète Agglopôle Méditerranée* délégué au développement économique.
Par Hubert VIALATTE
Une réflexion est menée en matière de marketing territorial « pour que le pôle croissance bleue de l’agglomération de Sète soit repéré au niveau national. On aimerait se spécialiser au niveau des lagunes », précise l’ancien directeur délégué régional adjoint Occitanie d’EDF.
Et pour cause : le territoire de Sète Agglopôle est riche de 7.500 hectares de lagune, « une situation unique en Europe ». Des capteurs seront installés, pour mieux comprendre les interactions entre les milieux. Le big data pour analyser les fonds marins ? « Les applications sont gigantesques, pour le suivi de paramètres spécifiques, comme la salinité, la température des eaux, etc. », explique Jean-Guy Majourel.
Un pôle dédié, quatre piliers
Ce projet de territoire, stratégique, est voué à succéder aux industries traditionnelles, vieillissantes : Timac Agro à Sète, les cimenteries Lafarge à Frontignan, la raffinerie de Frontignan… « Ces trois industries ont fermé ou vont fermer, poursuit Jean-Guy Majourel. Nous récupérons les fonciers avec l’Établissement public foncier régional. Nous avons enclenché des processus de dépollution de préemption ».
« C’est le moment de redonner une stratégie économique durable au territoire. »
Sète Agglopôle définit 4 piliers constitutifs de son pôle de croissance bleue (c’est le terme précis arrêté par la collectivité) : recherche appliquée avec le projet Célimer, qui rassemblera à terme les instituts de recherche de Sète, l’Institut de Recherche pour le Développement, l’Université de Montpellier, le CNRS, la station marine de Sète et des entreprises privées ; la formation et l’enseignement supérieur ; un hôtel d’entreprises innovantes sur le parc aquatechnique de Sète, sur 2.500 m2, à l’horizon 2023 (ce site s’ajoutera à la pépinière, prévue sur l’ancien site de Flexsys pour début 2022). L’hôtel d’entreprises sera doté d’un fablab et d’un tech shop, « avec toute la chaîne de valeurs dédiée à l’accélération et à l’incubation de projets innovants ». Enfin, une zone d’économie maritime, sur le site de Timac Agro à Sète, sur une dizaine d’hectares, permettra d’accueillir des entreprises matures.
Les TPE et PME à l’honneur
Les TPE et PME du territoire vont être conviées à prendre une part active dans le pôle de croissance bleue pour faire part des enjeux de formation (avitaillement, maintenance…), de foncier d’activité, d’innovation… Un premier atelier à leur intention est d’ailleurs programmé le 16 décembre. À terme, un club d’entreprises sera créé « pour animer le tissu local, l’amener plus loin, dans une logique de partage d’innovation », insiste Jean-Guy Majourel.
Sète Agglopôle compte déjà plusieurs pépites : GreenSea (Mèze, produits à base d’algues pour l’industrie cosmétique et pharmaceutique), Forssea Robotics (plateformes immergées ou en mer), Biotope (ingénierie et conseil environnemental), Falco (port connecté), Les Poissons du Soleil (aquaponie), Néocean (nautisme léger à base de foils), Medilab (laboratoire d’analyses industrielles)… Par ailleurs, un projet de solaire photovoltaïque sur l’étang de Thau est porté par le syndicat mixte du Bassin de Thau.
Pour mener à bien le navire, Jean-Guy Majourel entend apporter son expérience professionnelle au sein d’un grand groupe. « J’ai l’habitude de travailler en équipe, mon ancien employeur était impliqué dans les territoires, et j’ai une certaine habitude du pilotage de projets ! », conclut-il.
* le président de Sète Agglopôle Méditerranée est François Commeinhes.