Collectivités — l'Agglo Hérault Méditerranée

Sète / Cap d'Agde : présentation du plus grand récif artificiel 3D dédié à la plongée sous-marine

Le lundi 23 mai dernier, c'est le dernier lot du projet, un récif artificiel unique, qui a été dévoilé au port de Sète Frontignan. C'est le plus grand récif artificiel au monde fabriqué en 3D qui a nécessité 4 ans de projet.

Dans le projet Récif’lab, 3 opérations ont déjà été réalisées : des récifs 3D de balisage des 300m (comment dépolluer en enlevant des pneus ou des pneus avec du béton installés autour de la réserve), un ponton écologique de l’île de Brescou (conçu pour que le cycle de vie soit plus optimisé par des habitats pour les poissons, les algues, des zones de transplantation), et des nurseries de poissons dans le port du Cap d’Agde (biodiversité portuaire).

Préservation de la biodiversité

Déployé au large de Brescou, ce village artificiel a pour objectif de préserver la biodiversité marine en reportant la pression du mouillage des bateaux et des plongeurs vers un village de récifs artificiels dédié à l’activité plongée sous-marine, et construit en majorité par imprimante 3D.

Matthieu Lapinski, biologiste marin de Seaboost explique que “j’ai travaillé sur le design de cette solution : quels étaient les comportements à cibler pour les espèces que les plongeurs veulent observer. Plus particulièrement les poissons, les poulpes, les langoustes. Le mérou par exemple, ce serait une grande victoire pour nous, et les espèces plus communes. Nous y avons réfléchi avec l’Aire marine du Cap d’Agde ainsi que les plongeurs. Et nous sommes arrivés à ce résultat que vous voyez aujourd’hui. Cela a été fabriqué en imprimante 3D, grâce à une machine qui permettait de suivre notre design avec des courbes et des sortes d’alvéoles. On a travaillé sur une diversité d’habitats, l’objectif étant de cibler des stades de vie différents, des juvéniles aux adultes et des espèces différentes : celles qui vivent dans des toutes petites cavités et celles qui vivent dans des énormes grottes. Cet effet de masses va être important pour avoir un écosystème complet avec un panel d’espèces diversifiées. C’est cela qui fera la réussite du projet. L’objectif principal était de délester, de réduire la pression sur une zone naturelle de plongée où les activités ont fait que l’écosystème s’est dégradé. On cherche donc un compromis entre les activités humaines et la restauration du milieu.

Stopper les dégradations

Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur de l’Aire Marine Protégée a fait le constat avec son équipe ” qu’il y avait des dégradations. Le but du jeu, c’était de discuter en concertation avec les clubs de plongée. On a donc décidé ensemble d’avoir des parties entièrement protégées (protection durable), 310 hectares entièrement protégés, seule la navigation est autorisée (plus de plongée, plus de pêche de loisir ou professionnelle). En même temps, on a cherché une solution avec eux pour déporter leur pression un peu ailleurs, et d’aller plonger sur des sites artificiels. C’est pour cela que l’on a créé ce méga récif artificiel.

Concertation avec les acteurs du territoire

« Nous parlons beaucoup d’écologie. Dans notre territoire nous faisons de l’écologie appliquée. La faune et la flore vont pouvoir coloniser ce récif massif. C’est une première mondiale. Je salue les équipes en charge de l’aire marine protégée, qui font un travail considérable partagé auprès des citoyens depuis plusieurs années. Ce récif artificiel a été créé en parfaite concertation avec les clubs de plongée afin qu’ils puissent profiter de leur passion tout en protégeant la biodiversité. J’espère que ce projet innovant fera des émules, il ne s’agit pas de dire que nous l’avons à Agde, il doit à présent bénéficier à toutes les villes ayant un littoral. Le tourisme s’exprime avec le respect de l’écologie sous-marine et de la biodiversité qui est de plus en plus sensible aux changements climatiques. Continuons de protéger les océans et les mers.» précise Gilles d’Ettore, Président de la Communauté d’Agglomération Hérault Méditerranée.

Recif3D06
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Un travail technologique et d’ingénierie écologique

Ils seront réalisés en 3D béton (bas carbone en grande partie) par les entreprises XtreeE, CyBe Construction, Beton Vicat, Superbloc Pascal Matériaux à Montpellier, à Paris, en Suisse et en Hollande. Pour Matthieu Lapinski, l’intérêt de la fabrication en 3D ” va au delà du design, même si cela nous a permis d’obtenir ces courbes. On a pu aller beaucoup plus loin dans la conception et réaliser le rêve de tout biologiste qui travaille en restauration écologique : dans les méthodes traditionnelles de fabrication, on est très contraint, tout est carré, cube ou rond, cela vient de la préfabrication urbaine. Là on s’en échappe totalement pour aller vers un design sur mesure tout en limitant l’empreinte carbone de cet objet et en limitant la matière. Toute la matière est utile et sert à créer un habitat. La surface colonisable par la vie est de plus de 1 000m² pour un volume d’habitat estimé entre 300 et 500m3.

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Le module central de 105 tonnes, mesure 6,50 m de hauteur sur 8×6 m, auquel s’ajoute des modules tours, ragues, grappes et enrochements sur un linéaire de 50 m, par des fonds de 20 m environ. Le récif principal fait 3 étages et a été construit en 3 fois.

Le réalisation fait partie du programme Récif’lab labelisé national et mis en œuvre par la direction milieu marin de la ville d’Agde. Ce projet PIA / Reconquête de la biodiversité est cofinancé par l’Ademe (Ministère de la Transition écologique), la Région Occitanie, l’Etat via le Plan Littoral 21 et la Ville d’Agde. Le budget du village de récifs artificiels est de 600 000€ dont 60% financés par l’Ademe, 20% la Région, 20% la ville d’Agde.

Rendez-vous en juin

Fin juin 2022, il sera immergé à 20 m de profondeur au large du Cap d’Agde, dans l’Aire Marine Protégée de la côte agathoise. Un projet très largement partagé avec les clubs de plongée et les acteurs maritimes, pour qui l’écotourisme est de plus en plus en vogue.

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Commentaires

  1. 600 000 € !!! Il faudrait voir le problème avec réalisme. Si déjà on arrêtait le chalutage, outil de destruction du milieu marin de grande ampleur !

  2. bonjour.
    très bien pour la mise en place des récifs artificiels.
    il faudrait peut-être voir l’impact des jets-skis sur les poissons

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