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Un beau livre de référence sur Paul Gauguin réédité par Flammarion

Alors même que le Grand Palais, à Paris, propose une exposition intitulée "Gauguin l'alchimiste", les Editions Flammarion viennent de rééditer une monographie de Gauguin (1848-1903) par Françoise Cachin (disparue en 2011), historienne de l'art, spécialiste du post-impressionnisme, successivement conservatrice de différents musées, qui était aussi la petite-fille de Paul Signac.

Evolution thématique et comparaisons

L’auteur évoque en premier lieu l’évolution thématique du peintre, des scènes de la paysannerie et des scènes d’intérieur de sa jeunesse à ses fameuses ambiances tahitiennes. Françoise Cachin montre sa progression technique, tableaux à l’appui, n’hésitant pas à critiquer certaines de ses œuvres de jeunesse. Elle resitue le contexte de l’époque, replaçant l’œuvre de Paul Gauguin parmi celles de ses contemporains et les idées artistiques en vigueur durant cette période, rappelant ses grands chocs artistiques, ses batailles. Et analyse, dans les œuvres de Gauguin, les sources très diverses qui purent l’influencer : littérature, Degas, Cézanne, Puvis de Chavanne, art égyptien et art précolombien, sans oublier, bien sûr, la Polynésie, où le peintre vécut plusieurs années. L’historienne de l’art se fait parfois sévère lorsqu’elle juge les emprunts que fit Gauguin aux uns et aux autres.

Les illustrations, d’excellente qualité, reprennent les plus grands tableaux de Paul Gauguin, comme ses fameux Christ jaune et Christ vert (1889), La Sieste (1892), La orana Maria (Je vous salue Marie, 1891), Te Matete (Le Marché, 1892), Jours délicieux (1896)… Elles les mettent souvent en regard d’œuvres de l’époque ou plus anciennes signées par d’autres peintres, pour en montrer les similitudes et différences.

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Le rêve tahitien, puis les Marquises

Deux sections de l’ouvrage sont consacrées d’abord au rêve polynésien de Gauguin avant qu’il ne parte à Tahiti, période durant laquelle il rêve son “Atelier du Tropique”, puis à la période polynésienne proprement dite de l’artiste et à ses représentations de Tahitiennes placides et indolentes, à la “beauté innocente et animale”, selon Françoise Cachin. L’auteur n’aborde pas réellement la polémique concernant la pédophilie de Gauguin, soulevée récemment, à l’occasion de la diffusion sur les écrans du film Gauguin – voyage de Tahiti, dans lequel Vincent Cassel interprétait le rôle de Gauguin. Outre les adolescentes, Gauguin se passionne aussi pour les mythologies et légendes maories.

Au fil de l’ouvrage, Françoise Cachin évoque les tableaux préférés de Paul Gauguin, dont il ne voulait pas se séparer, comme Manao Tupapau (L’Esprit des morts veille, 1892). Elle cite de précieux extraits de ses correspondances, le plus souvent adressées à d’autres peintres, à Manfreid, ou à son épouse, qui documentent parfaitement le ressenti de Gauguin. Les déboires financiers et revers de fortune de l’artiste ne sont pas occultés, et notamment son difficile retour en France, lorsqu’il se considère désormais comme un “peintre maudit”, la majeure partie de ses tableaux polynésiens n’ayant pas trouvé acquéreurs. Son second séjour à Tahiti produira le pire et le meilleur. L’artiste est alors ravagé par l’alcool, la syphilis, la dépression et son amertume, au point de tenter de se suicider. Il se réfugiera une nouvelle fois dans la fuite, cette fois-ci aux Marquises, où, selon Françoise Cachin, Gauguin “peint avant de mourir quelques-unes de ses plus belles toiles, en tout cas les plus détendues, les plus libres et les moins chargées d’intentons littéraires”. “Le dépouillement, la force et la grâce de ses dernières toiles” n’échappent pas à l’historienne d’art, qui fut aussi directrice honoraire des Musées de France.

Dans cette monographie devenue culte de Paul Gauguin, Françoise Cachin souligne les abandons récurrents, par Gauguin, des “sécurités esthétiques”, pour vivre des aventures stylistiques ou suivre son intuition, que l’auteur qualifie de “souvent géniale”. Quel parcours !

 

Références de l’ouvrage

Gauguin, par Françoise Cachin. Editions Flammarion.
Relié sous jaquette, 35 euros, 312 pages, 
200 illustrations. 209 x 270 mm. Réédition. 

 

Exposition Gauguin l’Alchimiste au Grand Palais, à Paris, jusqu’au 22 janvier 2018. Paul Gauguin (1848-1903) est l’un des peintres français majeurs du XIXesiècle et l’un des plus importants précurseurs de l’art moderne. L’exposition du Grand Palais retrace son étonnante carrière, dans laquelle il a exploré les arts les plus divers : peinture, dessin, gravure, sculpture, céramique, etc. Les chefs-d’œuvre réunis mettent en avant le travail de l’artiste sur la matière ainsi que son processus de création : Gauguin va bâtir son art sur la répétition de thématiques et de motifs récurrents.

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