Un projet « d’Odysseum » bis à Pézenas, est ce bien raisonnable !?
Pézenas, 9000 habitants, a décidé le 17 décembre 2009, en conseil municipal de…
Pézenas, 9000 habitants, a décidé le 17 décembre 2009, en conseil municipal de soutenir un projet privé d’implantation d’un espace commercial de 90 000 m² à la place de 30 hectare de bonne terre (qualité et nom du terrain).
Sachant que dans le même temps, Montpellier à l’Est, poursuit son projet emblématique Odysseum (40 000 m² aujourd’hui et 81 575 m² à terme) et à l’Ouest, Béziers aménage la zone de l’Hours autour d’un autre projet commercial important de 55 000 m² se pose la question de la pertinence de cette décision.
En effet, face tout à la fois, aux surfaces commerciales actuellement existantes (9000 m²), aux difficultés rencontrées par les autres grandes surfaces situées dans le périmètre (fréquentation en baisse de 30% au Carrefour de Ballaruc par rapport à l’année passée) le projet ne semble pas légitime.
La surface commerciale existante, par exemple – répartie pour moitié entre un Intermarché et un Carrefour Market et des Hard Discounters – est aujourd’hui déjà le double de celle d’Argelès sur mer, qui compte le même nombre d’habitants à l’année et qui, accessoirement, se place en tant que première capacité de campings de France avec 13000 emplacements – 90000 lits touristiques et 7 millions de nuitées…
La demande, n’est pas non plus, depuis le début des années 2000 à la multiplication des méga-hypers et autres centres commerciaux avec galeries. Une étude récente réalisée par SECODIP démontre par exemple que la première attente des femmes françaises en matière de commerce est la proximité. 37,9% d’entre elles plébiscitent les petits supermarchés de quartier et 30,6% les petits commerces proches contre seulement 17,3% les grandes surfaces ou les hypers et 13,3% les centres commerciaux avec galeries.
De son côté, Michel Edouard Leclerc va même jusqu’à affirmer que «Le temps des mega-hypers est révolu. Ce format ne correspond plus à cette recherche d’une plus grande humanité dans l’acte d’achat ».
Alors pourquoi ? Pourquoi, aujourd’hui, une petite ville vigneronne, charmante, 1er secteur sauvegardé de France, ville de Molière et de Bobby Lapointe, appartenant au réseau des « Villes et Métiers d’Art », véritable Saint Emilion du Languedoc, décide de soutenir un projet privé aussi pharaonique ?
Pourquoi, cette ville décide de se lancer dans une surface commerciale aussi importante alors que ses commerces de centre ville sont en détresse, que nombres d’entre eux ont été remplacés par des agences immobilières (près de quarante) et que la majorité des pas de porte restant sont fermés en hiver pour ne rouvrir l’été que pour accueillir des boutiques saisonnières pour touristes désargentés ?
On peut également s’interroger sur la raison qui a poussé le maire de cette ville à recourir à une modification simplifiée du POS quelques jours avant la fin de l’année 2009 alors que l’application d’un PLU en 2010 lui aurait permis d’associer à sa décision la population au travers de l’obligation d’une consultation publique imposée par le passage à un PLU.
On peut enfin s’interroger sur le leg qui sera laissé aux enfants de cette ville dans un monde que l’on sait pertinemment de plus en plus préoccupé par les questions d’environnement, les logiques de circuits courts soutenant l’économie et l’agriculture locale et fondamentalement, par le désir de vivre dans une urbanisation harmonieuse où les différents services sont accessibles à pied.
Alors qu’au Japon, 70% de la population vit aujourd’hui à moins de 10mn d’un magasin, qu’aux Etats Unis, les Mall voient chaque jour leurs fréquentations s’éroder et qu’en Floride se testent des concepts de « City Place », villages reconstitués où cohabitent dans des espaces totalement piétonniers l’habitat, les loisirs et les commerces…
Pourquoi, une ville comme Pézenas soutient aujourd’hui un projet de la taille d’Odysseum et de surcroît, inaccessible à pied ou en transport en commun en site propre ?
Jean Pierre LAVAILL – Conseiller Municipal à Pézenas