UN REVE DU SICTOM DE PEZENAS-AGDE - LETTRE OUVERTE AU SICTOM PEZENAS-AGDE
UN REVE DU SICTOM DE PEZENAS-AGDE Les déchets ménagers malheureusement ne peuvent pas tous…
UN REVE DU SICTOM DE PEZENAS-AGDE
Les déchets ménagers malheureusement ne peuvent pas tous être réutilisés, recyclés, valorisés. Après les diverses collectes sélectives qui s’efforcent d’extraire tous les matériaux utilisables, il reste une grosse quantité de résidus condamnés à l’incinération et/ou à la décharge.
Le syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères (SICTOM) de Pézenas-Agde, qui se veut d’avant-garde, n’accepte ni décharge ni incinération. C’est tout à son honneur car ces 2 traitements sont à la fois financièrement onéreux, dangereux pour la santé publique, très nuisibles à l’environnement, contraires aux exigences du développement durable. Depuis de longues années, le SICTOM cherche donc une alternative au couple infernal incinération/décharge. Il a cru longtemps qu’il la trouverait dans la torche à plasma, une invention de la NASA qui permet d’obtenir de hautes températures (plusieurs milliers de degrés). Les industriels promoteurs de cette technique prétendaient naguère que, soumis à une forte chaleur, tous les déchets organiques seraient instantanément transformés en un gaz combustible qu’il suffirait de brûler ensuite pour produire de l’énergie thermique et électrique. Quant aux déchets minéraux, tous liquéfiés par la chaleur en une sorte de lave basaltique, ils pourraient, après refroidissement, être utilisés en travaux publics. La torche à plasma devait donc valoriser intégralement et sans pollution la totalité de nos ordures. Merveilleux, n’est-ce pas ? Malheureusement, c’était un conte de fée. La gazéification-liquéfaction par le plasma en est toujours au stade de la recherche et pour de multiples raisons, depuis 15 ans, cette recherche n’a guère avancé malgré de nombreuses tentatives dans de nombreuses installations pilotes.
Pendant que le SICTOM rêvait de plasma, au lieu de traiter les ordures des communes adhérentes, il les exportait, parfois loin de notre département, pour incinération ou mise en décharge, à grands frais et en toute illégalité. Ces exportations illicites peuvent à tout moment être bloquées par décision préfectorale. Il est permis de rêver d’innovations révolutionnaires mais en attendant cette révolution le SICTOM a le devoir de traiter sur place les poubelles qui lui sont confiées.
Il y a quelques mois le SICTOM espérait conclure avec diverses entreprises privées un partenariat pour transformer certains déchets en un combustible qui après avoir subi une « pyrogazéification », serait brûlé pour produire de l’énergie. De quoi s’agit-il ? Ce projet a-t-il une chance d’aboutir ? C’est l'objet de la lettre ouverte qu’une vingtaine d’associations adresse au SICTOM (voir fichier joint).
Robert CLAVIJO
1 bis rue Auber
Béziers
Tél: 04 67 76 28 56
LETTRE OUVERTE AU SICTOM PEZENAS-AGDE
Mesdames, Messieurs
Notre collectif d’associations a examiné le projet de pyrogazéification dont une partie a été dévoilée par le SICTOM lors du débat sur la transition énergétique. Ce projet appelle plusieurs observations de notre part :
1- Est-ce, comme l’affirme le SICTOM, une « solution globale » au vaste problème des déchets ?
La pyrogazéification ne concerne qu’une toute petite partie des déchets ménagers. Vous écrivez vous-mêmes qu’elle n’est réservée « qu’à une fraction très spécifique des déchets ménagers caractérisée par une homogénéité, un pouvoir calorifique, un taux de chlore » etc. Même si ce projet était une réussite, il aurait besoin, pour la partie non gazéifiée de la poubelle résiduelle, d’un recours à l’incinérateur et à la décharge, contrairement à ce que prétendaient il y a quelques années les dirigeants du SICTOM.
2- Seuls des déchets organiques sont susceptibles d’être transformés en gaz combustible. Ce sont donc eux que le SICTOM veut gazéifier. Or cette matière organique pourrait être bien mieux utilisée. Les déchets de bois peuvent directement servir de combustible pour produire de la chaleur à un coût bien moindre et avec un bien meilleur rendement énergétique. Les papiers et cartons, au lieu de brûler, pourraient plus utilement être recyclés (s’ils sont en bon état) ou compostés (s’ils sont abîmés ou souillés). Quant aux matières plastiques, elles sont fabriquées à partir de pétrole, ressource en voie d’épuisement. Les brûler, c’est à la fois contribuer à tarir une ressource naturelle, produire des gaz à effet de serre et donc tourner complètement le dos à la notion de développement durable.
3- Le SICTOM écrit que son projet est « radicalement différent » de l’incinération ordinaire. Où est donc la différence ? Une usine d’ incinération elle aussi brûle, après collectes sélectives, ce qui reste dans les poubelles et elle aussi brûle pour produire de l’énergie. Vous nous répondrez que le SICTOM, avant de brûler des déchets, projette de les transformer en gaz. Mais c’est ce que fait aussi l’incinération ordinaire.
Que ce soit dans une usine d’incinération ou dans un banal feu de bois de cheminée, ce qu’on brûle, c’est uniquement du gaz. Aucun combustible ne peut brûler directement à l’état solide ou liquide. Seul un gaz peut s’enflammer et brûler. Par exemple, si on veut enflammer une grosse bûche de bois, il ne suffira pas d’une allumette. Pourquoi ? parce qu’une allumette est incapable d’enclencher la gazéification de la bûche. Il faut fournir à cette bûche beaucoup plus de chaleur pour que débute une transformation des molécules les plus volatiles du bois (cellulose surtout) en gaz. La flamme n’est rien d’autre que l’apparence que prend pour nos yeux la combinaison de ce gaz cellulosique avec l’oxygène de l’air. Par rapport à l’incinération ordinaire, le projet du SICTOM n’est donc en rien différent sur le fond. Il est même radicalement identique. Comme nous allons le voir ci-dessous, votre projet est seulement dans la forme beaucoup plus compliqué, beaucoup plus onéreux avec un rendement énergétique beaucoup plus faible.
4- Un procédé beaucoup plus compliqué et onéreux que l’incinération ordinaire
L’unité de gazéification, très sommairement schématisée dans le document qui nous est parvenu, aura besoin de divers organes non représentés dans le schéma : d’abord une chaîne de tri mécanobiologique ou l’équivalent pour trier le contenu des poubelles résiduelles et en extraire ce qui sera gazéifié. Puis une unité pour préparer (par mélange et broyage) le « combustible solide de récupération » ou CSR. Après pyrogazéification il faudra une chaudière pour produire de l’énergie thermique ou une turbine à gaz pour produire de l’électricité ou les deux à la fois. Enfin pour les déchets refusés lors du tri initial, il faudra un incinérateur classique et une décharge. Tout cela coûtera beaucoup plus cher qu’une incinération ordinaire pour un rendement énergétique nettement plus faible.
5- Un très faible rendement énergétique
Quelle forme d’énergie le SICTOM veut-il produire ? Une chaudière donne de la chaleur (ou énergie thermique) avec un rendement d’au moins 75% sur le PCI (pouvoirletre calorifique inférieur) des déchets brûlés. L’électricité, elle, n’est livrée sur site par EDF qu’avec un rendement sur PCI de 25% au mieux et ne serait produite par le SICTOM qu’avec un rendement plus faible encore, d’environ 18% dans le meilleur des cas.
Dans un incinérateur ordinaire, c’est la combustion des molécules les plus volatiles, premières à s’enflammer, qui fournit gratuitement la chaleur indispensable à la gazéification puis à la combustion des autres déchets. Le SICTOM, lui, veut gazéifier les déchets en les chauffant grâce à 3 brûleurs électriques c-à-d grâce à une énergie chère et cette consommation d’énergie électrique fera tomber le rendement de l’électricité produite bien au-dessous de 18%.
6- Champ libre pour l’écopôle de La Vallasse
Prévue seulement pour 2016 au plus tôt, l’usine à gaz du SICTOM laisse à l’entreprise Villers services tout le temps nécessaire pour réaliser le projet industriel lourd dit « Ecopôle de La Vallasse » qui inclut une usine de méthanisation et une grande décharge, deux installations dont les nuisances et les dangers sont bien connus. Le SICTOM prétend ne pas soutenir le projet de Villers services mais on ne peut guère compter sur l’usine projetée par le SICTOM pour barrer la route à l’écopôle de La Vallasse.
7- Ni concertation ni transparence
Comme le SICTOM, notre collectif d’associations veut réduire le recours aux décharges et nous repoussons l’incinération qui est la pire manière de traiter les déchets. Or le SICTOM ne veut gazéifier que pour brûler ensuite. Ce n’est qu’une variante de l’incinération, encore plus condamnable que l’incinération ordinaire.
Le SICTOM n’envisage que des solutions industrielles lourdes à tous les problèmes posés par les déchets. Or les techniques artisanales légères sont préférables à tous points de vue. Elles sont simples et bon marché. Elles ne menacent ni l’environnement ni la santé publique. Elles seules sont créatrices d’emploi. Ainsi, pour les déchets organiques, la meilleure solution ce n’est ni la méthanisation ni la pyrogazéification mais le compostage.
Nos observations sur le projet du SICTOM nous aurions pu les formuler depuis longtemps si le SICTOM avait consenti à ouvrir la concertation que nous réclamons depuis tant d’années. Mais le SICTOM n’accepte ni concertation ni transparence. Si nous avons pu obtenir quelques informations sur la pyrogazéification envisagée par le SICTOM, ce n’est pas grâce à lui car depuis des années nous n’avons reçu de lui aucun document. Nous regrettons vivement cette constante pratique du secret qui ne peut nous inspirer que la méfiance et qui est contraire aux exigences de la loi et de la Constitution française.
Le texte de cette lettre ouverte a été adopté à l’unanimité le 07/09/13
par le collectif interassociatif « déchets » de l’Hérault
COLLECTIF INTERASSOCIATIF « DECHETS » DE L'HERAULT
1 bis rue Auber 34500 Béziers tél : 04 67 76 28 56
AGATHE (Agde). Association citoyenne pour les territoires à l’Ouest de Montpellier. Association des riverains de Garosud. Association pour la protection de l’aire du muscat. Association pour la sauvegarde des berges du Salaison. Association de défense nature environnement Maguelone-Gardiole. APPEL (Lunel). ASPECTS. CASSIOPEE. Comité de défense des Hauts de Badones-Montimas. Coordination pour une gestion écologique des déchets de l’agglo de Montpellier. Compostage Rustique. Comité de vigilance et de défense de l’environnement viassois. Entre mer et étangs Sète environnement. Gardarem Saint-Christol. Gardarem Saint Geniès. Le pavé dans la Mare. Lunel Viel veut vivre. Comité biterrois du Mouvement National de Lutte pour l’Environnement . Observatoire des déchets de l’agglo de Montpellier. Union Fédérale des Consommateurs Lunel.