Faits divers

Une torche à plasma pour les déchets de l' Hérault ?

Apparemment tout ne se passe pas pour le mieux dans le meilleur des mondes…

Apparemment tout ne se passe pas pour le mieux dans le meilleur des mondes de la torche à Plasma à Vias.. La méthode Coué de Gilles D’Ettore qui n’ imaginait pas que l’on puisse être contre ce procédé n’ aura pas été entendue de cette oreille par de nombreuses associations de défense de la qualité de vie.
Réunies dans un collectif interassociatif ” déchets” de l’ Hérault, elles rendent leurs rapports :
Le voici çi-dessous reproduit … ce n’est pas le même discours .

Dans l’Ouest de l’Hérault doit être bientôt construite une usine sans précédent : elle serait la première et la seule au monde à traiter des déchets ménagers au moyen d’une torche à plasma.
Dans son principe, une torche à plasma est un arc électrique entre les 2 pôles duquel la température s’élève à plusieurs milliers de degrés.
Exposés à cette chaleur les déchets organiques seraient instantanément transformés en un gaz de synthèse très combustible (mélange de monoxyde de carbone et d’hydrogène moléculaire) utilisable pour produire soit du méthanol soit de l’énergie électrique.
Quant aux déchets minéraux, ils entreraient en fusion comme une lave volcanique et deviendraient, une fois refroidis, une sorte de basalte utilisable en sous-couche routière, ou comme matériau de construction.
D’après l’entreprise qui propose de bâtir cette usine, les avantages seraient les suivants :
Tout tri de déchets à l’amont serait inutile puisque la torche à plasma (T.A.P.) peut traiter tous les types de déchets en mélange.
Toute décharge à l’aval serait superflue puisque les déchets seraient entièrement transformés en méthanol, en énergie électrique et en basalte.
Les rejets solides, liquides ou gazeux dans l’environnement seraient soit nuls soit faibles selon les documents consultés qui se contredisent sur ce point.
Les molécules toxiques présentes dans les déchets ménagers seraient soit décomposées en molécules ou atomes inoffensifs soit emprisonnées dans le basalte et rendues ainsi inertes.
La construction et l’entretien d’une telle usine seraient environ 30% moins coûteux que ceux d’une usine d’incinération.
La production énergétique d’une T.A.P. serait 2 fois supérieure à celle d’un incinérateur.
Pour traiter des déchets ménagers par T.A.P., l’entreprise ne demanderait aux communes qu’une vingtaine d’euros la tonne, ce qui est très compétitif , surtout pour les toxiques.
La T.A.P. serait-elle la solution miracle au casse-tête que constitue le traitement des déchets ménagers ? Non pour plusieurs raisons :

UN RECYCLAGE ILLUSOIRE

Le recyclage du verre et des métaux est illimité : une bouteille de verre, une boîte d’acier ou d’aluminium peuvent être fondues et recyclées en nouvelle boîte, en nouvelle bouteille des milliers de fois sans aucune perte ni en qualité ni en quantité. A l’inverse le gaz énergétique ou le méthanol obtenus à partir des déchets organiques ne seront utilisables qu’une seule fois et ne pourront pas être recyclés. La T.A.P. assure bien une valorisation (une seule fois) des résidus organiques mais parler de recyclage est ici un abus de langage à des fins publicitaires.
Quant au « basalte » obtenu à partir des déchets minéraux, il n’est pas évident qu’il soit commercialisable ni même qu’il puisse être gratuitement écoulé pour être utilisé en sou-couche routière ou comme matériau de construction.
Il contiendra en effet des substances toxiques et celles-ci pourront être libérées soit quand l’utilisateur voudra le fragmenter pour en faire des carreaux, du gravier, etc soit au contact de l’eau car ce matériau est plus ou moins « basaltique » mais non vitrifié. Sa non-lessivabilité n’est pas garantie. Il risque de finir en décharge ou de générer des pollutions.
Il n’est donc pas certain que la T.A.P. puisse valoriser, même une seule fois, les déchets minéraux.

T.A.P. ET DEVELOPPEMENT DURABLE

Le « développement durable », cette locution qui envahit aujourd’hui le discours politique, exige le recyclage intégral et illimité de tous les déchets. Dans le cas contraire nous nous condamnerions à épuiser progressivement les ressources naturelles.
La T.A.P. tourne le dos au développement durable puisqu’elle ne permet guère de réutiliser les déchets minéraux et ne permet de réutiliser les déchets organiques qu’une seule fois.

GAZEIFICATION OU COMPOSTAGE ?

Dans les zones naturelles où l’homme n’intervient pas, les végétaux, une fois morts, se décomposent sur place et rendent ainsi intégralement au sol tous les nutriments qu’ils lui ont pris. Les cycles de vie et de mort végétales peuvent ainsi se succéder sans fin.
Dans les zones cultivées l’homme emporte la récolte et ne restitue pas au sol les nutriments qu’il lui a pris, d’où une baisse continuelle de la fertilité des terres agricoles. En Bretagne et en Normandie, on peut rendre au sol de la matière organique en y épandant du fumier mais l’Hérault est pauvre en élevage et donc en fumier.
La matière organique dont notre agriculture a besoin ne peut venir que du compostage des déchets organiques.
Il faut donc préférer leur compostage à leur gazéification par T.A.P.

AGRONOMIE ET HYDROLOGIE

Dans les zones naturelles, le sol contient une grande quantité de vers de terre (plus d’une tonne par hectare en moyenne) qui se nourrissent de débris organiques et qui, en creusant des galeries souterraines (5.000 km de galeries en moyenne par hectare), aèrent le sol et le transforment en éponge.
Ces petits animaux sont les premiers et les plus grands laboureurs qui soient. Dans les zones cultivées la rareté ou l’absence de matière organique à la surface du sol et l’emploi de pesticides raréfient ou font disparaître les vers de terre. Le sol devient compact. Il peut en résulter pour les cultures une asphyxie racinaire.
D’autre part, quand il pleut, le sol, devenu compact, absorbe beaucoup moins d’eau, ce qui aggrave le ruissellement sur les pentes.
Ce ruissellement massif dégrade les sols en emportant l’humus fertile et rend catastrophiques les inondations en fond de vallée.
Refuser la gazéification par T.A.P. , préférer le compostage des déchets organiques et épandre ce compost sur les sols cultivés c’est donc le moyen, à la fois, de rendre humus et fertilité aux terres cultivées, de permettre la vie des vers de terre, d’aérer les sols et d’éviter l’asphyxie racinaire des cultures.
C’est aussi le moyen le plus économique, le plus écologique et le plus efficace de réduire les inondations.
C’est permettre enfin une alimentation optimale des nappes phréatiques qui sont notre principale ressource en eau potable.

ECONOMISER LES TRANSPORTS

Les transports coûtent très cher non seulement en énergie et en infrastructures mais aussi en nuisances (gaz à effet de serre et réchauffement climatique), en pollutions diverses et en victimes humaines. En France chaque année 8.000 personnes sont tuées et 160.000 sont blessées dans des accidents de la circulation. Il faut réduire cette mobilité débridée.
Or les déchets constituent le tiers du total des matériaux transportés en France. C’est pourquoi un des buts des lois sur les déchets est de « limiter les transports de déchets en distance et en volume.»
Or pour rentabiliser une T.A.P. il faut beaucoup de déchets. Il est prévu que celle de l’Hérault occidental traiterait 240.000 tonnes/an.
Dans l’ouest de l’Hérault, zone semi-rurale à population dispersée, rassembler une telle quantité de déchets exigera de longs transports.
C’est contraire au principe légal de proximité ci-dessus rappelé.
Pour réduire les transports la tentation sera grande de livrer à la T.A.P. des matériaux recyclables. Ainsi il est envisagé de gazéifier les papiers et cartons. Ce serait une grave erreur.

LE CAS DU PAPIER ET DU CARTON

La fabrication de papier ou de carton à partir du bois exige beaucoup d’énergie (pour broyer le bois) beaucoup d’eau (pour débarrasser la cellulose de la sève) et génère beaucoup de pollution organique (effluents de lavage).
Le recyclage du papier et du carton économise beaucoup d’énergie (aucun broyage) beaucoup d’eau (la cellulose n’a plus à être lavée) et supprime la pollution organique (aucun effluent de lavage).
Le recyclage est donc ici une exigence écologique.
C’est aussi une exigence économique car il revient moins cher à une usine de produire du papier ou du carton par recyclage que d’en fabriquer à partir du bois. C’est pourquoi les entreprises papetières sont friandes de « vieux papiers » à recycler.
Ecologie et économie incitent donc toutes deux à recycler les papiers et cartons plusieurs fois puis à les composter quand les fibres cellulosiques, usées, ne sont plus recyclables plutôt que de les gazéifier dans une T.A.P.

GARE AUX PRIX DE MONOPOLES

Pour l’instant et pour les séduire, l’entreprise promet aux communes (oralement, jamais par écrit) que le traitement de tous leurs déchets par T.A.P. ne leur coûtera qu’une vingtaine d’ euros la tonne.
Mais ce prix n’est ni vraisemblable ni garanti.
Dans un incinérateur d’ordures ménagères, la production d’électricité (qui est obtenue par un simple cycle thermodynamique) représente plus de 30% du capital investi. La T.A.P. annoncée comporte, elle, une double récupération d’énergie (turbine à gaz d’abord puis cycle thermodynamique).
Cette production énergétique aux équipements complexes sera donc bien plus onéreuse que celle d’un incinérateur.
Si les communes de l’Ouest Hérault commettaient l’erreur de confier tous leurs déchets à la T.A.P. l’entreprise serait en situation de monopole absolu et pourrait dicter ses prix en conséquence.

CONCLUSIONS

1- La torche à plasma créerait, nous assure-t-on, une trentaine d’emplois.
Mais elle en supprimerait bien davantage dans les unités de tri, de compostage et de recyclage qu’elle condamnerait à la fermeture.
2- Voilà de nombreuses années qu’existent des T.A.P. utilisées par l’industrie dans divers domaines (soudure, découpe de métaux, traitement de déchets toxiques, etc) mais jamais aucune T.A.P. n’a été utilisée pour éliminer des déchets ménagers et pour produire de l’électricité.
Comment expliquer cette lacune si la T.A.P. avait vraiment tous les avantages qu’on nous vante et ne présentait aucun inconvénient ?
3- EDF est bien placée pour expérimenter, développer et exploiter toutes les filières de production électrique. EDF s’intéresserait à la T.A.P. si c’était une filière énergétique d’avenir. Or EDF ne montre aucun intérêt pour la T.A.P.
C’est une entreprise privée qui propose de bâtir une telle usine dans l’Hérault.
Selon certaines de nos sources, la T.A.P. consommerait plus d’électricité qu’elle n’en produirait. Cela expliquerait l’attitude d’EDF.
4- Pour les déchets non recyclables, non compostables et, pour cette raison, condamnés à la décharge, la T.A.P. est, peut-être, dans l’état actuel de nos connaissances, préférable à la décharge.
5- Pour les déchets toxiques, quand ils ne peuvent pas être recyclés et s’ils doivent être brûlés dans un incinérateur ou mis en décharge, la T.A.P. est-elle une solution alternative?
Utiliser de hautes températures pour décomposer des molécules dangereuses en substances inoffensives est une entreprise séduisante mais difficile à réussir.
D’une part, les métaux lourds ne peuvent être décomposés par une T.A.P. puisque ce sont des corps simples.
D’autre part, s’il est vrai que beaucoup de toxiques (les dioxines, par exemple) se décomposent à hautes températures, on ne peut éviter une phase de refroidissement après cette opération.
Et au cours de ce refroidissement, comment éviter que se recombinent des molécules dangereuses ?
C’est sans doute pourquoi les promoteurs de la T.A.P. héraultaise ne se vantent pas de décomposer les toxiques mais seulement de les emprisonner dans un magma de type basaltique.
Or ce « basalte » risque de libérer les toxiques qu’il contient soit au contact de l’eau (lessivage) soit par fragmentation si on le travaille.
Ce n’est pas le traitement idéal.
6- Installée près d’une grande agglomération telle que Paris ou Marseille, une T.A.P. trouverait sur place assez de résidus non recyclables, de résidus non compostables et de résidus toxiques pour rentabiliser son activité.
L’implantation dans la zone semi-rurale qu’est l’ouest de l’Hérault n’est pas judicieuse.
Ou bien on ira chercher très loin les déchets à traiter en violation du principe écologique et légal de proximité, ou bien on traitera dans la T.A.P. des déchets recyclables et compostables, en contradiction avec le principe de développement durable.
7- Beaucoup de communes, dans l’Ouest de l’Hérault, pour leurs déchets, ne font guère d’effort ou ont cessé d’en faire.
Manifestement elles attendent tout de la torche à plasma. Ces communes ont tort car il n’existe aucune usine miraculeuse qui nous dispenserait de réduire à la source notre production de déchets et de trier, de composter, de recycler ceux que nous produisons. Il est grand temps de s’y atteler.

Collectif interassociatif « déchets » de l’Hérault
1 bis rue Auber 34500 BEZIERS Tel : 04 67 76 28 56

Les Associations signataires :

APAM: Association pour la Protection de l’ Airie du Muscat de Frontignan
APARPV: Accociation pour l’ Aménagement et la réhabilitation de la Périphérie de la Ville
Association de défense nature te environnement de Maguelone-Gardiole
CASSIOPEE : Coordination d’Associations Intrecommunale Organisée pour l’ Environnment et l’ Ecologie
CLAPE-LR : Comité de liaison des Associations pour la protection de l’ environnement en Languedoc roussillon.
CLE:Comite local le l’ Environnemen t de Villeveyrac
CRTI: Centre de reflexion des travailleurs indépendants
Entre Mer et étangs Séte Environnmeent
Gardarem Saint Geniès
ICI-ROM: Initiative Citoyenne contre l’ incinération – pour le recyclage des Ordures Ménagéres
Lunel Mieux Vivre
MNLE : Mouvement National de Lutte pour l’ Environnement – Comité Bittérois
Riverains de Cavinous à Teyran
UFC QUE CHOISIRde Lunel.

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