ZAT 100 artistes dans la ville : Montpellier en pleine effervescence artistique pendant deux mois

La Ville de Montpellier axe à fond les mois de juin et juillet sur l’art contemporain avec 100 artistes dans la ville, une Zone Artistique Temporaire de deux mois, et non deux jours comme les Montpelliérains en avaient l’habitude. Cet événement fait écho à une exposition organisée en 1970 par ABC Productions avec des membres du mouvement Supports-Surfaces et préfigure l’ouverture du MoCo, dans l’hôtel Montcalm, destiné à accueillir de prestigieuses collections d’art contemporain internationales, voire nationales.

Préfiguration de l’inauguration du MoCo

En conférence de presse, Philippe Saurel, maire de Montpellier, a été solennel en évoquant un « protocole initiatique d’inauguration du MoCo ». Il y a un an, dans une interview qu’elle nous avait accordée, Isabelle Marsala, adjointe déléguée à la Culture à la Ville de Montpellier, avait expliqué : « En mai 1970, une exposition s’est appelée 100 artistes dans la ville. Elle présentait toute la scène artistique montpelliéraine de l’époque. Le groupe d’artistes ABC Productions (Tjeerd Alkema, Jean Azemard, Vincent Bioulès et Alain Clément) avait invité d’autres artistes, notamment des membres de Supports-Surfaces… Autour de l’ouverture du MoCo, prévue le 29 juin 2019, l’idée est de faire une exposition en résonance, intitulée 100 artistes dans la ville, qui reprenne le principe de 1970. Nous travaillons sur les lieux d’art de la ville, des lieux d’exposition à l’intérieur, à l’extérieur, des propositions diverses… pour fêter tous ensemble l’ouverture du MoCo ».

Au total, confie Nicolas Bourriaud, critique d’art, cofondateur du Palais de Tokyo, directeur du MoCo et directeur artistique de la ZAT : « il y aura 125 artistes – et non 100 comme nous l’avions initialement prévu – pour la plus grande exposition à ciel ouvert d’Europe ». Selon lui, l’idée est de « placer Montpellier en état de rencontre », à l’occasion d’un événement « éclectique par définition ». Car aucun fil rouge ni point commun ne relie réellement les œuvres de ces artistes. Il s’agira pour le public de les découvrir les unes après les autres, au gré de ses envies ou des nombreux parcours proposés. Outre la Panacée, l’école des Beaux-Arts et le MoCo-Hôtel des Collections, divers lieux inhabituels accueilleront les œuvres, dont de nombreuses rues, des squares, des commerces…

La ZAT 2019 sera inaugurée le vendredi 7 juin à 19h00 sur la place de la Comédie (parvis de l’Opéra) et proposera un parcours entre le MoCo, l’Ecusson et l’Ecole des beaux-arts, en passant par La Panacée, où se tiendra l’exposition La Rue. Organisée sur deux mois, elle s’articulera autour de deux temps forts, deux week-ends de performances à ne pas rater : les 8 et 9 juin, pour son ouverture, et les 29 et 30 juin, pour l’inauguration du MoCo-Hôtel des Collections.

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Dans les vitrines du 15 rue Maguelone, Jimmy Richer créera des scènes fantômes visibles uniquement la nuit. L’œuvre fait revivre la mémoire des lieux, grâce à un système de lumière noire qui révèle les dessins à la peinture fluorescente. Des objets ésotériques sont également disposés au sol. Ils font écho aux recherches de l’artiste sur le spiritisme et son iconographie fortement ancrée dans l’imaginaire collectif occidental, notamment par la littérature et le cinéma.

Quels artistes ?

Il n’y a pas eu d’appel à projets officiel pour cette ZAT. Certains artistes ont été appelés par le comité de sélection, d’autres ont posé leur candidature. On constate que nombreuses sont, parmi les personnalités sélectionnées, celles qui sont issues d’écoles des beaux-arts. Qu’il s’agisse d’artistes locaux, nationaux ou internationaux, émergents ou confirmés. Bref, une sélection où l’on reconnaît très nettement la patte de Nicolas Bourriaud.

Parmi les invités figurent notamment Neïl Beiloufa, Berdaguer & Péjus, Hicham Berrada, Braco Dimitrijević, Agnès Fornells, Gloria Friedmann, Mona Hatoum, Fabrice Hyber, Pascale Marthine Tayou, Mathieu Mercier, le collectif Opavivara!, ou encore Jeanne Susplugas.

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Jean Susplugas, “Disco Ball”.

L’artiste activiste britannique Bob & Roberta Smith réalisera une grande fresque dans la cour de l’École Supérieure des Beaux-Arts, le Montpelliérain Yann Dumoget installera son veau d’or à l’apothicairerie de la Chapelle de la Miséricorde. Le Sétois Jean Denant posera une pièce devant le Musée Fabre, dont la cour accueillera également une œuvre d’un autre artiste évoquant le peintre Courbet. Franck Scurti mettra ses Reflets chez Mécènes du Sud. Le Montpelliérain Jimmy Richer proposera ses scènes fantomatiques au 15 de la rue Maguelone, Bruno Peinado (vu au MRAC de Sérignan il y a quelques années) laissera ses “drapeaux” peints flotter au vent dans la rue Jacques-Cœur, passage Lonjon et passage Bruyas. Melik Ohanian déposera ses lithographies dans les vitrines commerçantes du quartier des Beaux-Arts. Mathieu Mercier questionnera la place de l’objet au square Bagouet. Sur les quatre vitrines de Monoprix, rue Maguelone, Clémentine Mélois proposera Cent titres, un trompe-l’œil d’une bibliothèque truculente. Et bien d’autres encore…

Nicolas Bourriaud a souhaité montrer également des expositions de collectifs d’étudiants issus de l’ESBA Montpellier, pour que s’exprime « la richesse de la création artistique des artistes émergents ».

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Vivien Roubaud. Feu d’artifice, gel de pétrole dégazé, verre feuilleté, frêne, 2017.

Deux artistes déjà présents en 1970

Deux artistes dont les œuvres étaient exposées lors de l’exposition événement 100 artistes dans la ville en 1970 seront à l’affiche lors de cette ZAT 2019 : une rétrospective consacrée à Vincent Bioulès se tiendra au Musée Fabre du 15 juin au 6 octobre 2019, tandis que Tjeerd Alkema sera doublement à l’honneur au FRAC Occitanie et à la Galerie AL/MA.

Trois œuvres pérennes dans l’espace public

De nombreuses œuvres seront produites pour l’occasion, accompagnées de prêts et de performances d’artistes. Seules trois de ces pièces, expressément commandées par la Ville de Montpellier, seront pérennes et resteront dans l’espace public à l’issue des deux mois : une sculpture en aluminium brut de Lili Reynaud-Dewar place de Strasbourg, l’installation Cosma en marbre et peinture sur le sol de la place Salengro par Abdelkader Benchamma, et une sculpture qui devrait être intitulée Le Triomphe de Gilgamesh sur le mur de soutènement du pont de Sète, réalisée par Dominique Figarella.

Expo La Rue à La Panacée

Du 8 juin au 18 août, des œuvres de 80 artistes internationaux seront présentées à la Panacée dans le cadre de l’exposition La Rue, sous l’égide du curateur Hou Hanru, commissaire du Pavillon Français en 1999 et du Pavillon Chinois en 2007 à la Biennale de Venise et qui dirige le MAXXI – Museo Nazionale delle arte del XXI secolo – de Rome. Excusez du peu ! La vidéo y sera particulièrement représentée. Cette exposition abordera divers sujets, comme les manifestations, les notions de minorités et d’interactions, la rue comme extension de l’espace domestique, la solitude urbaine, la rue en tant que lieu de transition, et la cartographie.

En juin et juillet, il sera donc impossible de s’ennuyer à Montpellier, tant les possibilités seront nombreuses de partir à la rencontre d’œuvres à travers la ville. Et même à Sète, partenaire de cette ZAT 2019 vraiment extraordinaire !

Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com

Site Internet : https://zat.montpellier.fr

A noter : une application, en téléchargement gratuit sur les plateformes Apple Store et Google Play dès le 7 juin 2019, mettra à la disposition des visiteurs des notices explicatives complètes et proposera différents parcours thématiques autour de l’expo­sition. A vocation pérenne, cette application mobile géolocalisée continuera à être utilisée par la Ville de Montpellier après la manifestation pour présenter la richesse de la scène artistique locale.

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