ZFE à Montpellier : "un calendrier irréaliste", les élus de la métropole montent au créneau
Les débats étaient particulièrement animés ce mardi matin lors du conseil de Métropole. Plusieurs sujets étaient à l’ordre du jour, mais c’est Frédéric Lafforgue qui a lancé la fronde en abordant la question des Zones à faibles émissions (ZFE).
Hier, un groupe d’élus, dont lui-même, a rencontré la préfecture pour discuter de la mise en œuvre de ces zones. Bien qu’ils aient obtenu des informations récentes, celles-ci demeuraient “floues”. Le maire de Castelnau-le-Lez a rapidement interpellé Michael Delafosse, le président de la Métropole, au sujet du virage radical qui se dessine pour le 1ᵉʳ janvier 2025, avec l’interdiction des véhicules Crit’Air 3, soit près de 50 000 véhicules.
Un calendrier jugé “irréaliste”
Le calendrier de déploiement de la ZFE a constitué un des principaux points de friction. Frédéric Lafforgue s’est empressé de demander une révision du “calendrier actuel de déploiement de la ZFE”. Pour lui, la Métropole fonce vers “une échéance irréaliste”, “sans tenir compte des contraintes techniques et logistiques”. Parmi les difficultés majeures qu’il pointe, il y a l’absence d’infrastructures de contrôle, comme les radars automatiques pour détecter les vignettes Crit’Air, “qui ne seront pas opérationnels avant 2025”. Cette situation, selon lui, pourrait rendre l’application des mesures “floue et inéquitable”. Bien qu’il ne remette pas en cause la nécessité d’une ZFE, il appelle, avec de nombreux élus, à plus de “sagesse” et de “clarté” dans la gestion de cette réforme.
Un “flou” dont le poids s’alourdit suite aux difficultés des habitants de la métropole. “Comment demander à 60 000 automobilistes de la métropole de changer de voiture sans accompagnement financier ?”, lance-t-il, rappelant que les aides d’État pour le renouvellement des véhicules ont été supprimées. Clara Gimenez, élue métropolitaine, va encore plus loin. Pour elle, appliquer la mesure avec le calendrier arrêté risquerait “d’assigner les habitants à résidence”, en particulier “ceux qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule”. Elle a donc plaidé pour un changement de cap, excusant en partie la Métropole, qui selon elle ne doit pas “porter seule la politique gouvernementale” face aux exigences imposées par l’État.
Un dispositif “inadapté aux communes périphériques”
Les élus des communes rurales, comme Beaulieu et Lattes, ont exprimé leur frustration face à une mesure qu’ils jugent “injuste” pour leurs territoires. “L’autosolisme, c’est notre quotidien”, a lancé avec une pointe d’amertume Arnaud Moynier. Selon lui, dans des communes comme la sienne, “la voiture individuelle reste indispensable”. Si les alternatives se multiplient à Montpellier, les villages périphériques sont, eux, plus démunis. “On se sent forcés d’accepter la politique de Montpellier sur nos villages”, livre-t-il, suivi des hochements de têtes approbatifs de plusieurs élus.
Pour le maire de Lattes, Cyril Meunier, une autre question vient compliquer le débat : celle des communes voisines. Face à l’absence de coordination avec les autres collectivités locales, il demande : ““On fait comment demain matin pour interdire à nos voisins d’à côté qui n’ont aucune stratégie de ZFE ?”. Sa peur : que l’absence de cohérence entre les communes perturbent le système de mobilité régional.
“Aucune amende n’a été donnée“
Face aux demandes de rectificatifs de l’opposition et de son propre camps, Michael Delafosse a d’abord réaffirmé sa détermination à maintenir la ZFE : “Il est impensable de revenir en arrière […]. La pollution de l’air, deuxième cause de mortalité en France, est une priorité absolue. Et nos voisins allemands et espagnols ont 20 ans d’avance sur nous… La France a déjà été condamnée trois fois pour mauvaise qualité de l’air”. ZFE, il y aura, c’est une certitude. La question est le “comment”, et c’est là dessus que les questions portent. Ici, même si le président de la métropole semble camper sur ses positions, il s’est dit “ouvert au dialogue”. En fin de débat, il a proposé de réunir les maires en conférence “dès février 2025” pour revoir les modalités d’application et ajuster certaines dérogations.
Et quand on lui demande si le couperet tombera dès le 1er janvier 2025 pour les détenteurs de la vignette Crit’Air 3, le maire se veut rassurant : “Il s’agit d’une ZFE de trajectoire et de pédagogie, pas d’une mesure répressive […] A ce jour, aucune amende n’a été donnée et tant qu’il n’y aura pas d’affichages ça ne changera pas”.