A l’ombre de la croix de Lorraine (4) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois)
A l’ombre de la croix de Lorraine (4) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois) Nous…
A l’ombre de la croix de Lorraine (4) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois)
Nous les derniers témoins :
Hier, les balles qui ont sifflées à nos oreilles nous ont épargnés, aujourd’hui, elles nous font l’obligation à nous, les derniers témoins de cette époque, de transmettre le flambeau pour que ne soit pas oublié l’engagement de nos compagnons, de nos camarades, même et surtout, celui des plus petits, des plus obscurs. C’est à nous qu’en revient ce devoir, cet honneur.
Merci à ceux qui nous encouragent à publier ces souvenirs épars, ils sont dédiés, non pas à notre gloriole, mais à la gloire de ceux qui ne sont plus, Ils sont consacrés aux souvenirs de leurs actions. Dans une même ferveur nous saluons, ceux qui sont tombés dans les griffes de la Gestapo, ceux qui ont été torturés, déportés, ceux qui sont morts aux combats dans les coups de mains contre l’occupant. Ceux qui ont rejoint jusqu’au cœur de l’état nazi, l’Armée de De Lattre de Tassigny, celle du débarquement en Provence.
Nous pensons à ces J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois) qui dans l’enthousiasme de leur jeunesse ont bravé, même à leur insu, le plus simplement du monde de graves dangers. Ils ont été à la base de la création du maquis de Saint- Vincent d’Olargues. Nous célébrerons l’hommage que ce maquis a, le 6 septembre 1944, rendu aux héros Agathois, en présentant les Armes, au cours d’une émouvante cérémonie, devant chaque foyer d’Agde où il y avait eu un mort pour la France.
Le samedi 18 octobre au matin, nous marquerons cet évènement, le plus dignement possible, c’est pourquoi d’ores et déjà nous vous invitons à y participer.
Bien sûr, l’ensemble de ces cérémonies de ce 70 ème anniversaire seront, comme celles, du 50ème en septembre 1994, placées plus particulièrement sous le signe des familles des résistants. On oublie trop souvent les angoisses des parents, leurs peurs endurées, les dangers affrontés. Les sursauts à chaque coup de heurtoir dans la porte, de voir se pointer la
milice.
Deux arrestations dont l’une a mal tourné :
Dans le précédent article nous avions laissé les JRA sur un rendez-vous hautement dangereux, aujourd’hui nous citons l’annonce de la préfecture de l’Hérault, parue le 20 janvier 1943 dans nos journaux, rappelant : « que les appareils photographiques étaient interdits dans la zone côtière et qu’il était rigoureusement interdit de photographier des objectifs militaires et de prendre des photos quelles qu’elles soient dans la zone côtière… afin d’éviter tout incident possible »
Claude Vigné
Malgré cet avis et les dangers que cela représentait, les J.R.A. ont décidé d’épier et de photographier la côte. Jean, Michel, Loulou et Antoine en particulier seront chargés de transmettre les renseignements recueillis.
Quelques mois plus tard, le 18 mars 1943, le jeune Claude Vigné, 16 ans à peine, il était de mon âge, sera sauvagement abattu par les Allemands, alors que muni d’un appareil photographique il essayait de prendre quelques clichés. Pierre
Lattes raconte en détail ce drame dans un opuscule daté du 11 novembre 1985, intitulé «LES AGATHOIS MARTYRS DE LA RESISTANCE »
Un miracle qui n’en était pas un !
Avril 1943, un mois après j’accompagne mon père pour une visite des lieux interdits sur la zone côtière, nous connaissons bien le coin notre « cosse » est une excellente base de départ. Nous avançons l’œil aux aguets, à l’approche de la plage nous redoublons de prudence, tout est calme, aucun poste de garde, quand tout à coup, tel un diable vociférant, se dresse un soldat allemand, arme à la main pointée sur nous.
Papiers ! Papiers, le ton ni le rictus n’ont rien d’amical,
Mon père est parfaitement en règle, carte d’identité, carte d’ancien combattant, Louis et Jules Cruells Capèce ce n’est pas mon cas je n’ai qu’une carte d’identité vierge, aucun nom, aucune photo quelle imprudence !
Face à un ancien combattant et à un jeune sans papier. Son regard n’a rien de compatissant, sûr il va m’embarquer. Nul doute que l’émotion soulevée, un mois plutôt, par le rassemblement des Agathois lors des obsèques du jeune Claude Vigné que récemment, ses camarades de compagnie ont sauvagement assassiné, est encore présente à son esprit.
Je n’en mène pas large! Je sais ce que cela représente : Kommandantur, déportation dans le meilleur des cas, ou peloton d’exécution, mon père garde son sang-froid, c’est de son fils dont il s’agit ! Il continue à palabrer avec forces gestes … et … Miracle, sorti on ne sait d’où, Michel Joubert arrive; l’état- major Allemand loge chez lui, au Château Trédos, il a tous les laissez-passer qu’on puisse imaginer et il parle parfaitement Allemand, de plus il me ressemble, au grand dam de ma mère, il y a quelques jours un ami proche nous a confondus !!
Le ton de la conversation, tout en allemand, a changé, je sens du respect dans la voix et dans le regard du militaire … Michel et ses papiers sont persuasifs !
Venez ! Venez vite !
Michel nous entraine à sa suite sur le chemin du retour, nous sommes libres … Par quelle intervention divine Michel se trouve là ?
Pendant 50 ans j’ai cru, dur comme fer, au miracle !
Michel, je le connais bien, il est le petit-fils des propriétaires de la Cie de Navigation Charles Le Borgne
Nous faisions du scoutisme ensemble, nous avions même travaillé en commun lors des vendanges à la cave coopérative face au château Trédos.
Ce n’est que lors des cérémonies du cinquantenaire de la Libération que j’ai su qu’il faisait partie de la section chargée des renseignements au sein des J.R.A. C’était la raison de sa présence. Une preuve, s’il en fallait une, de l’étanchéité entre les membres de ce groupe, comme dans tous les groupements similaires.
A bientôt pour un hommage particulier à un JRA et l’aide que nous avons pu rendre grâce à lui aux familles nombreuses face aux restrictions.
Le président Jules Cruells Capèce Minutolo