Culture & Loisirs
A l’ombre de la croix de Lorraine (7) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois)
A l’ombre de la croix de Lorraine (7) Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois) Le…
A l’ombre de la croix de Lorraine (7)
Les J.R.A. (Jeunes Résistants Agathois)
Le Maquis Saint-Vincent d’Olargues :
Depuis la dénonciation de son père par un voisin, Jean s’est replié avec sa famille à Saint-Vincent d’Olargues, il a toujours en tête la mission qui lui a été confiée de créer un maquis dans l’Hérault. L’accueil des habitants est chaleureux, l’ancienne école est mise à notre disposition nous partageons les lieux avec la famille Bages, encore présente en Agde en cette année 2014.
L’ordre d’évacuation s’est abattu sur la ville, les J.R.A. sont dispersés. Oubliées les réunions clandestines, oubliées les soirées de distributions de tracts, oubliés les projets, les longues discussions, oubliés les tentatives, les aides, les coups montés, dans l’enthousiasme de leur jeunesse ils ont bien œuvré pour leur idéal, pour la liberté. Ils l’ont fait en toute simplicité, bravant les risques et les dangers encourus. Ils ont exposé leurs vies, celles de leurs parents, sans frémir. Souvent à leur insu ils ont été grands, nobles et généreux et ont droit à notre reconnaissance ! Ne l’oublions pas ! Ne les oublions pas !
Au cœur des Hauts Cantons :
Un maquis d’Agathois commandé par des Agathois! Le 4 mars, jour anniversaire de ses 20 ans, Jean organise la première réunion officielle du Maquis, « chez Mr. Albin Fontès, dont on ne ventera jamais assez le courage et le dévouement.
François Cassagnade fut le premier inscrit, une douzaine suivront. Bientôt on comptera 42 volontaires et la petite bergerie dans la montagne (la sagne du Pélissou) qui leur servait de repère ne suffisant plus, l’école, la mairie et un magasin seront tour à tour occupés. A la libération le
groupe aura l’effectif d’une compagnie, plus une vingtaine de soldats russes et polonais (enrôlés de force dans l’armée allem
ande) qui s’étaient ralliés à lui.
Photos : les maquis dans les Hauts Cantons”
Par la suite s’est constitué autour de ce jeune maquis, un important réseau
de braves gens d’Agde, de Saint-Pons, d’Olargues, Berlou, Roquebrun, Prémian, La Salvetat, Le Pin, Ceps et autres villages qui l’ont renseigné, soutenu, aidé, vêtu et parfois même nourri, assurant le recrutement et la propagande ». Nous nous devons de citer parmi ces patriotes, Mme Bru (l’Aiguière, Agde), Mme Jullien (chaussures rue de l’Amour, Agde), dont le fils et la belle-fille, Désiré et Suzanne, rejoindront « le Vercors »
Le maquis disposait d’une solide organisation administrative dirigée par Louis Cruells-Capèce et composée d’un service d’intendance, d’un service s’occupant du matériel roulant : voitures et camions. D’un service médical assuré par le docteur Lau, et d’un service comptable assuré par Mr Delmas, instituteur en retraite, (notre photo Hélène Delmas, sa fille lors du 50ème anniversaire en compagnie d’Henri Fontès et de Franz Xavier Jedlitschka, un ancien prisonnier venu rendre hommage aux habitants de Saint-Vincent et à son maquis).
Le maquis de Saint-Vincent était en relation constante
avec Emile Fontès, chef d’arrondissement M.U.R. dont l’action fut efficace dans la coordination des différents maquis de la région. Par l’architecte Mr. Vié, il maintenait le contact avec les résistants d’Olargues. …, des liaisons avaient été établies avec le maquis de Ceilhes par MM. Belhomme, Chollet et Bourillon, avec ceux de Lacaune et de Latourette. En compagnie de ce dernier, le maquis de Saint-Vincent effectua des sabotages de voies ferrées et
assura la protection d’un parachutage le 15/08/44.
« Dès le mois de juin 1944, ce maquis qui luttait contre le marché noir, contrôlait et administrait une importante zone. Son influence fut telle que les fonctionnaires de l’administration de Vichy demandèrent et obtinrent son accord pour l’acheminement des vivres vers les populations des grandes villes du département. Et c’est ainsi qu’une réunion des chefs du district du ravitaillement général de l’Hérault se tint à Saint-Vincent d’Olargues »
Le 11 juillet, le drapeau est hissé sur le clocher, et la Croix de Lorraine flotte sur le Village (notre photo montage). Quelques jours plus tard, le maquis ne manque pas de célébrer à sa manière le 14 juillet, masqué avec des foulards, il alla déposer une gerbe au monument aux morts de la guerre de 14, à Olargues.
Après quoi quelques-uns se dirigèrent vers le bureau de tabac afin d’aller chercher des cigarettes. Le buraliste, Monsieur Harvieu, leur
dit alors « Messieurs, si vous êtes des hommes d’honneur démasquez-vous ! » ce qu’ils firent. Depuis lors le brave buraliste leur réserva régulièrement une part de tabac. Merci Mr.Harvieu !
50 ans après, septembre 1994 :
Franz se souvient et raconte : pendant que les hommes du maquis Saint Vincent affrontaient la colonne allemande à Saint-Pons des (soit disant) maquisards, sortis, on ne sait d’où, voulaient l’enlever, pour le passer par les armes …. Il narre, avec animation, comment, les femmes du village « on fait le théâtre » (c’est son expression), pour venir au secours de son gardien et décourager ces intrus. Notre Photo en septembre 1994, Franz et son gardien, Vincent Saïsset, de Saint-Vincent, coiffeur installé sur la place du village.
Ma sœur Angèle, 14 ans (photo) raconte : « Je me rappelle le coiffeur qui vers 14h. est venu en criant « la Milice qui monte ». Les miliciens arrivaient sur la place dans un camion à découvert. A mon tour j’ai alerté Mr.Bages et mon père en criant, à en perdre haleine : « la Milice !, la Milice ! » Tous deux sont partis, dare-dare derrière la maison, dans la châtaigneraie, sans chercher à comprendre…, je suis allée sur la place, en pensant que, pendant qu’ils vont me poser des questions, eux auront le temps de se cacher.
Des coups de feu ont retenti et les miliciens sont partis vers le hameau du Cros. Pour moi, je suis revenue à la maison en pleurant : c’était mes premiers coups de feu. Tout le monde m’entourait. J’étais sans voix. Deux miliciens sont restés prisonniers du maquis, par la suite, après leur tentative d’évasion, ce sont les prisonniers allemands qui ont été chargés de les garder. Tout ce que j’ai vécu dans mon enfance m’a aguerrie. J’ai appris à écouter, voir et me taire, bien que je sois une grosse bavarde. Je n’ai plus eu peur des coups de feu, même en Israël où j’ai vécue, douloureusement la guerre des 6 jours.
On retiendra, pour la petite histoire, que les maquisards de Saint-Vincent firent échouer la collecte des métaux non ferreux à Olargues, grâce à une campagne d’affiches bien orchestrée, visant directement les 2 personnes, dont un agathois, chargées de cette tâche. On pouvait lire sur ces affiches « Le commandant en chef des forces armées du Sommail et de l’Espinouse invite, sous peine de sanctions, les deux resquilleurs de l’impôt métal à cesser immédiatement leur collecte ».
Avant de vous conter la participation aux combats de Saint-Pons, nous évoquerons l’attaque de la Gendarmerie d’Olargues, et la transmission du message pour Tarassac.
Appel très important !
Comme nous l’avons fait lors de notre précédent article nous lançons un appel à toute la population anciens ou nouveaux agathois à participer à l’hommage qui sera rendu le samedi 18 octobre 2014, à la Mémoire des J.R.A.,(groupe des Jeunes résistants Agathois) et à celle des résistants morts au champ d’honneur.
Jules Cruells Capèce Minutolo
Pour nous joindre : Les AMIS D’AGDE, C/C Jules Cruells Capèce Minutolo
53 bis rue Sadi Carnot 34300 AGDE 04.67.94.00.10. Courriel : Michelangeagde@gmail.com

Qu'en pensez-vous ?