Faits divers
A l’ombre de la croix de Lorraine (8) Le maquis de Saint-Vincent d’Olargues
A l’ombre de la croix de Lorraine (8) Le maquis de Saint-Vincent d’Olargues SAINT…
A l’ombre de la croix de Lorraine (8)
Le maquis de Saint-Vincent d’Olargues
SAINT VINCENT D’OLARGUES :
On quitte la vallée du Jaur pour rejoindre le versant sud du Somail et ses châtaigneraies. Cette commune se caractérise par le nombre de hameaux cachés dans les replis vallonnés comme Le Cros, Violgues, le Mas du Gua … Elle est le lieu de naissance de Dom Ferdinand Vidal, Général des Chartreux (ordre religieux) qui, dès 1940, a envoyé des moines pour réoccuper, avant que les Allemands n'y arrivent, la Grande-Chartreuse dont ils avaient été expulsés manu militari le 29 avril 1903.
Un coin de vie au Maquis :
Témoin oculaire, Angèle, 14 ans, l’enfant chérie du maquis, nous a narré ses premiers coups de feu avec l’intrusion des miliciens dans le village. Ecoutons-la, devenue religieuse elle égrène quelques- uns de ses souvenirs, simples images du passé.
La cuisine :
Notre photo, Franz, un des prisonniers allemands, revenu 50 ans après sur les lieux de sa détention, montre ce qui reste de l’ancienne cuisine, « pour notre bonheur, s’exclame-t-il nous sommes restés à
Saint Vincent ».
Je passais dit-elle, plusieurs fois par jour devant ces cuisines où se trouvaient les Allemands et leur
gardien, Henri Tabouriech, alias « AGDE », nous nous saluions les uns et les autres, sans aucune haine … Ils ont mangé beaucoup de pomme de terre car je les voyais souvent de corvée d’épluches … Ils chantaient, sifflaient, libérés du fardeau de la Guerre et de la peur des terroristes. «Laissez-nous, demandaient-ils, rejoindre l’armée allemande pour leur dire que tous les maquisards ne sont pas des terroristes et qu’ils ne font que leur devoir en luttant contre les occupants ». Il m’est arrivé de les entendre chanter avec les

maquisards le fameux chant des spahis « arrière, arrière troupes guerrières vous ne pouvaient lutter contre ces gens » !!! Elle se souvient des animaux abattus au révolver, en haut du village, et de la joie des maquisards d’avoir, en perspective, quelques bons repas assurés.
L’infirmerie :
J’admirais ma mère, s’occupant indistinctement, des maquisards et des prisonniers, je me souviens avec quel courage et quel dévouement elle soignait les blessures et les bobos de tous. Je la revois soignant maternellement, l’avant-bras d’un jeune allemand infesté de furoncles. J’étais impressionnée. J’ai eu la chance de ne pas assister alors à des blessures plus importantes, comme j’ai été amenée à en soigner par la suite. Son abnégation à prodiguer ses soins aux uns et aux autres, sans aucune distinction, m’a été d’un exemple salutaire tout au long de ma vie de religieuse. (Photo quelques années après, Angèle en habits de religieuse, chez les Carmélites des Campagnes).
Ici Londres :
«Papa s’était aménagé un atelier et, tout en s’occupant de l’administration du maquis, il continuait son métier de dépanneur radio, c’est ainsi que plus sereinement, plus tranquillement nous pouvions écouter radio Londres. Il continuait, je ne sais comment, à recevoir parcimonieusement du matériel de dépannage. Nous avons pu, comme nous le faisions à Agde, fabriquer, sous sa direction, des selfs pour permettre, aux postes de T.S.F. de capter les « ondes courtes ». Grandes ondes et ondes moyennes, les canaux d’alors, n’étant pas susceptibles de capter les radios étrangères, suisses et anglaises notamment.
Je me souviens, à cette occasion, des soldats allemands qui venaient chez nous à Agde, dans le plus grand secret, écouter Londres. L’un d’eux était un communiste de Breslau antihitlérien, un autre, un autrichien, au nom bien français de Mazel, (tout comme notre ami et voisin), posait sa veste d’uniforme allemand, comme l’exigeait papa, avant
de monter dans les appartements…. »

Les armes :
Les trois petits pistolets des premiers J.R.A. sont bien loin, mais, les effectifs augmentant, le manque d’armes se fait cruellement sentir. Notre photo, au centre, Robert Rieux alias TONY, blessé à
Saint Pons le 21 août 1944, a reçu plus tard, la Légion d’honneur (au péril de leur vie), il nous a rejoints dans la clandestinité après avoir transité par d’autres maquis. Sa famille est du coin, il a le talent pour diriger les hommes, devenu rapidement instructeur, son ascendant sur les jeunes est incontestable. Il nous initie à la discipline militaire, une action pas toujours facile surtout avec les nouvelles recrues, russes et polonaises, déserteurs de l’armée allemande. « Je ne sais d’où ils sont venus avec armes et bagages, raconte Tomy,. Je leur faisais faire le maniement d’armes le long du cimetière … ils ne comprenaient rien »
Difficulté supplémentaire l’armement n’est pas homogène, il me souvient des petits fusils transalpins pour lesquels le maniement et la présentation des armes étaient complètement différents de ceux en usage dans l’armée française. L’arme au pied il fallait, pour présenter les armes à l’italienne, donner un coup de talon en arrière sur la crosse pour imprimer un mouvement de rotation au fusil.
La mitraillette Sten
…. Il nous manque des mitraillettes, des fusils, des révolvers. La décision est prise on va chercher les armes où elles se trouvent. La gendarmerie d’Olargues est toute proche, nous irons l’attaquer, auparavant nous réceptionnerons, chez un maquis ami et voisin, des mitraillettes Sten. C‘est l’arme emblématique de la Résistance. Nous partons à six pour cette expédition, sans de trop grands risques. Nous sommes jeunes et en pleine forme, une simple ballade à l’aller, de quatre à cinq heures. Dans la montagne on ne compte pas en kilomètres mais en heures. Nous partons en début d’après-midi, d’un pas souple et alerte tel celui des miquelets célèbres mercenaires catalans qui ont marqué les guerres dans notre région.
Arrivés à destination la nuit est proche, le temps menace, nous ne nous attardons pas chez nos amis, les armes sont rapidement réparties. Après une courte pause, nous reprenons le chemin du retour. Adieu le voyage d’agrément de l’aller, dans nos sacs sans armatures, les mitraillettes nous labourent le dos. Un orage titanesque balaie les monts de l’Espinouse. Le ciel s’obscurcit, l’eau nous fouette les visages la pluie diluvienne et le froid nous enveloppent, nous sommes trempés jusqu’aux os, nous progressons de plus en plus difficilement. Il nous faut avancer. L’un de nous est malade, il grelotte.
Heureuse faute !, nous avons dévié de notre chemin, une lueur, une lampe allumée, une maison ! Quelle heure est-il? Les montres bracelets ne courent pas les rue à cette époque, Je suis le seul à avoir l’heure, une montre à gousset cadeau de ma communion solennelle, elle est arrêtée! Deux chiens aboient furieusement ce n’est pas de bon augure. Comment allons-nous être accueillis ? Impossible de ne pas deviner qui nous sommes. Sur le pas de la porte, une lampe tempête à la main, apparaît le propriétaire des lieux, grand et bien bâti, il a tout du camisard cévenol de nos jeunes lectures. Sûr de sa force aucune crainte ne se lit sur son visage buriné, il nous accueille sans poser de question, entrez, réchauffez-vous. « Marie, donne leur un bol de soupe ! », son épouse s’exécute sans mot dire. Il a l’habitude d’être obéi au doigt et à l’œil. Nous posons nos sacs, une véritable délivrance. Elle, regarde avec compassion, ces jeunes exténués qui pourraient être ses enfants, lui en homme expérimenté devine le contenu de nos sacs et pourtant il ne nous parle que de la tempête qui souffle avec intensité. Pour un accueil c’est un accueil inattendu, un partage en toute simplicité sans attendre aucun retour.
Plus de soixante-dix ans plus tard seuls me restent comme souvenirs les mitraillettes labourant nos échines, la soupe et l’accueil de cet excellent paysan. Merci, noble Cévenol !
Inutile de décrire l’anxiété de ceux qui au camp guettaient notre arrivée. … Nous voici de retour, sous peu, nous allons pouvoir attaquer la Gendarmerie, une opération bien plus difficile, à préparer attentivement ! à bientôt de nous retrouver,
Le samedi 18 octobre à partir de 9.h30
Pour les cérémonies de notre devoir de mémoire vis-à-vis de ceux qui ont combattu, des déportés, de ceux qui sont tombés sous les balles, des torturés. Hier, ils ont donné leurs vies pour notre liberté d’aujourd’hui, ne les oublions pas.
Le président Jules Cruells Capèce Minutolo
Pour nous joindre : Les AMIS D’AGDE, C/C Jules Cruells Capèce Minutolo
53 bis rue Sadi Carnot 34300 AGDE 04.67.94.00.10.
Courriel : Michelangeagde@gmail.com

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