A Montpellier, André CERVERA enflamme l’espace Bagouet
Dès l’entrée, on peut lire l’avertissement suivant "Attention, certaines œuvres de cette exposition peuvent…
Dès l’entrée, on peut lire l’avertissement suivant “Attention, certaines œuvres de cette exposition peuvent heurter la sensibilité des enfants”. Car le titre de l’expo est on ne peut plus explicite : Sexe, cannibale” . Le peintre André CERVERA représente, à l’occasion de sa première exposition dans un lieu municipal à Montpellier, des scènes de libertinage voire de perversion, “mettant de l’acrylique et des pigments sur certains tabous de notre société”, d’après le directeur artistique du lieu, Numa HAMBURSIN. Une exposition qui interroge sur ce qui peut ou non être peint et montré au public, et sur le rôle de l’artiste dans la société.
>>> Cet article a été publié dans ” l’Hérault Juridique et Economique “ du 31 octobre 2013.
Orgies, voyeurisme, pédophilie des prêtres, soumission et domination, positions du Kama Sutra… le peintre sétois André CERVERA n’y va pas de main morte, déclinant sans complexe à l’acrylique la sexualité sous toutes ses formes, ludiques ou perverses. Car derrière le propos, qui pourrait paraître léger s’il se bornait à représenter des saynètes sexuelles, se profile une dénonciation des excès en la matière, notamment des abus sexuels. Deux tableaux se distinguent du lot. Réalisés en 2013 spécialement pour l’exposition Sexe, cannibale, on y voit un prêtre, la tête revêtue d’un masque chinois d’animal, se rapprocher d’un garçon coiffé d’un bonnet d’âne et lui caresser la joue, puis un autre abuser de sa position pour imposer une fellation à un enfant. Certains crieront au scandale, d’autres trouveront salutaire cette dénonciation de l’un des grands chocs qui ont secoué le clergé ces dernières années. Mais est-ce bien à un peintre de mettre le doigt sur l’une des plaies ouvertes de notre société ? « Et pourquoi ne le serait-ce pas ? », répondent de concert André CERVERA et Numa HAMBURSIN. Trois grandes peintures à l’acrylique marouflées sur du papier chinois évoquent respectivement le cannibalisme dans son côté charnel, les relations avec des inconnus et la symbolique du serpent. Globalement, on retrouve dans les tableaux exposés à l’espace Bagouet le style cerné et plusieurs thématiques chères à André CERVERA, comme les masques, les banquets, les rites et les voyages. Ici, les masques montrent en réalité les vrais visages et les vrais comportements de certains humains, dans toute leur crudité et leur avidité. Les aliments révèlent tout autant la gourmandise gustative que la gourmandise sexuelle. Les personnages sont tantôt chinois, indiens, africains ou occidentaux.
Numa HAMBURSIN avoue avoir eu un léger temps de réflexion avant de se risquer à présenter cette exposition, qui pourrait choquer quelques esprits. André CERVERA affirme ne pas avoir voulu se montrer provocant en exposant des œuvres aussi explicites. Il revendique simplement la liberté de l’artiste, qui tend de plus en plus à disparaître, selon lui. Le peintre, qui assume le rôle de veilleur, n’hésite pas à montrer la toute-puissance évocatrice de la peinture. Dérangé, offusqué ou troublé, il revient à chacun de s’interroger sur sa propre réaction devant les tableaux…
Virginie MOREAU
> Espace Dominique Bagouet – Esplanade Charles-de-Gaulle – Montpellier.
> Exposition visible du mardi au dimanche, de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00.
> Visites guidées tous les mercredis à 16h00. Une visite spéciale avec le commissaire de l’expo Numa HAMBURSIN est prévue le mercredi 27 novembre à 18h30, et une conférence-rencontre avec André CERVERA aura lieu le jeudi 21 novembre à 18h30 dans l’auditorium du musée Fabre.
> Le catalogue, publié aux éditions Méridianes, a été imprimé par In Octo à Montpellier.