Droit

Agde, Béziers, Pézenas - Fermeture en 2006....des mega decharges d'Entressens et du Thot !

Evènements à peine effleurés par la presse quotidienne régionale, ils représentent néanmoins un enjeu…

Evènements à peine effleurés par la presse quotidienne régionale, ils représentent néanmoins un enjeu important pour la société. A FOS-SUR-MER, BIENTOT UN INCINERATEUR pour remplacer la méga décharge à ciel ouvert d’Entressens, située dans la plaine de la Crau. Décision de la Communauté Urbaine de Marseille (CUM), cette implantation devrait permettre de traiter les 300 000 tonnes de déchets ménagers qu’elle produit chaque année.

? A MONTPELLIER, BIENTOT TROIS CENTRES D’ENFOUISSEMENT DE DECHETS ULTIMES pour remplacer la méga décharge à ciel ouvert du Thôt, située sur la route de Villeneuve lès Maguelone à Palavas-les-Flots. L’arrêté préfectoral du 19 décembre fixe sa fermeture définitive au 30 juin et sa couverture finale au 31 décembre 2006.

Maires et Présidents d’intercommunalités : responsables

Le 1er janvier 2005, l’Etat transférait sa compétence aux Conseils Généraux qui exercent, depuis, leur responsabilité sur la révision et le suivi du Plan Départemental d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PDEDMA). Les Maires et Présidents d’intercommunalités ont conservé la pleine et entière responsabilité de leurs collecte, transport et élimination.

Rappelons que le PDEDMA de l’Hérault, approuvé en 1996 et révisé en 2002, divise le territoire départemental en deux zones aux caractéristiques spécifiques : l’est de l’Hérault (Montpellier, Sète, Lunel), dans laquelle aucune technologie de traitement n’est exclue, et l’ouest (Agde, Béziers, Pézenas) qui privilégie la valorisation biologique. Déjà dans son rapport du 26 mai 2005, le Conseil Général de l’Hérault encourageant les coopérations intercommunales et le traitement de proximité, préconisait la création de trois centres d’enfouissement de déchets ultimes sans les situer.

Etat des lieux

La France génère, en tout, 650 millions de tonnes de déchets (10t/habitant). Dans l’Hérault, plus de 370 000 tonnes de DMA sont produites dont 120 000 sont exportées pour partie dans des conditions rogatoires.
De plus, les déchets rejetés sont de moins en moins recyclables et leur quantité augmente de 2% par an.

Rappelons que les catégories de stockage distinguées au regard de la protection des eaux (circulaire du 22 janvier 1980) sont de trois types:
– décharges de classe I pour les déchets industriels spéciaux, les plus toxiques,
– décharges de classe II pour les résidus urbains et déchets industriels banals,
– et décharges de classe III pour les seuls matériaux inertes (déblais, gravats…).

La Communauté d’Agglomération de Montpellier (CAM) continue d’exploiter, illégalement, la décharge du Thôt alors que l’expiration de son autorisation était prononcée, par arrêté préfectoral, le 30 juin 2002. Depuis, la recherche de solutions alternatives est devenue extrêmement urgente, a fortiori aujourd’hui …

A ma connaissance, sur les trois projets existants, ne subsiste que le pôle poly filières de traitement et de stockage de déchets (dernière terminologie officielle !) de Fabrègues. Les deux autres ont été retirés. Le centre d’enfouissement de déchets ultimes de Riols (Tanarès), dans les Hauts Cantons, parce qu’il ne peut se réaliser faute de foncier disponible.
Le centre de stockage de déchets ultimes (CSDU) de Cazouls-lès-Béziers, parce que le vote de la population Cazouline au référendum, organisé par le maire et Président du Syndicat Mixte Ouest de l’Hérault (SMOH), porteur du projet, l’a rejeté à une très grande majorité.

Reste que si Fabrègues est retenu, il faudra, pour des raisons de capacité, choisir un deuxième site. Or, les déchets de l’Agglo, personne n’en veut. A Guzargues, situé hors Agglo, le maire attaque en référé l’arrêté qui autorise les analyses du sol. A Teyran, également situé hors Agglo, le maire refuse aussi de recevoir les déchets de l’Agglo. Quant à Castries, GSM, qui exploite la carrière, affirme avoir reçu en 2000 une autorisation du préfet pour exploiter la carrière jusqu’en 2016.

A qui profite ces projets ?

Sita Sud, filiale du groupe Suez , a acheté le domaine viticole Mirabeau de 106 ha pour exploiter les 30 nécessaires au pôle de traitement et de stockage qu’elle porte avec la CAM au mépris de la municipalité de Fabrègues et des ‘’Gardiens de la Gardiole” (association constituée pour contrer ce projet).

« De la méga décharge que veut implanter Sita et l’agglo, à 1Km du lotissement ‘’Lou Paillas”, nous n’obtenons aucune précision sur la provenance des 208 000 tonnes/an de déchets (Agglo, Zone Est de l’Hérault, zones limitrophes), sur les déchets concernés (mâchefers, boues d’épuration, encombrants, plastiques, papiers gras, végétaux, gravats du BTP, déchets industriels, métaux lourds) », affirme l’un des responsables de l’Association. « Qui plus est, la future décharge sera située en plein massif de la Gardiole, dans un espace classé que le ministère de l’Environnement envisage d’agrandir », indique le maire Jacques Martinier. « Ce projet viendrait contrecarrer le projet d’élargissement de cette plaine viticole active et le trafic des camions causerait une nuisance réelle aux riverains », estime le maire qui envisage, si le préfet valide ce choix, de déposer un recours au tribunal administratif.

A Riols le projet, lui aussi, est porté par SITA (filiale de SUEZ). A Vias, rappelez-vous, c’était SOLENA Group (sté américaine) qui portait le projet ‘’Torche à Plasma” avec le Président du SMOH.
Il faut savoir que SOLENA Group a créé une filiale, la ‘’Domitienne d’Energie”, dont le siège est à Cazouls-lès-Béziers, dans le capital de laquelle le groupe SUEZ détient 40% de participations.

Pour exiger de véritables solutions conformes à la réglementation, les associations et autres élus n’ont pour seul recours que les tribunaux !

Pourquoi doit-on refuser l’incinération ?

En France, 248 incinérateurs traitent 40% des déchets ménagers. L’incinération des déchets relève de la technologie thermique, c’est-à-dire la combustion de l’ensemble hétérogène que recouvrent les Déchets Ménagers et Assimilés (DMA). C’est-à-dire : composé de plastiques, cartons, papiers, résidus ménagers divers. Cette combustion déclenche des réactions physico-chimiques inattendues et incontrôlables.

Les pires polluants se forment et s’échappent de l’usine par les conduits de cheminée, notamment les Résidus d’Epuration des Fumées d’Incinération d’Ordures Ménagères (réfiom). Parmi eux ont été notamment identifiés : des dioxines, furanes, phosgène, nitrogène, gaz carbonique, monoxyde de carbone, méthane, éthylène, dioxyde de soufre, … .

En outre, en brûlant, une tonne d’ordures consomme environ six tonnes d’air. Pour désacidifier les cendres résultant de la combustion (mâchefers), la réglementation exige qu’on les lave avec des solutions d’eau de chaux ou de soude. Air, eau (en grande quantité), chaux et soude souillés par la toxicité des matières nées de la transformation physico-chimique, deviennent à leur tour des déchets plus toxiques que les déchets d’origine. Par tonne de DMA brûlée, on obtient :
• 3% de résidus d’épuration des fumées, à stocker en décharge de classe I,
• 30% de mâchefers, à stocker en décharge de classe II,
• des résidus de lavage des fumées (soude ou chaux) rejetés en grande quantité à la rivière ou à la mer (bien que renfermant des chlorures, métaux lourds et autres polluants et s’infiltrant dans les nappes souterraines),
• des rejets gazeux (difficilement quantifiables) pourtant très chargés en molécules nocives, libérés dans l’atmosphère, contaminant ainsi l’air que nous respirons, puis le sol, les eaux et nos aliments.

Loin d’éliminer la toxicité des déchets, l’incinération les accentue, augmente leur quantité (7,5 fois plus) et multiplie par huit le nombre de décharges.

La volonté politique manque cruellement

La crise des déchets dans laquelle nous sommes empêtrés sera résolue lorsque associations et élus aborderont, ensemble, le processus par l’amont et non ponctuellement en aval. Cette masse croissante de déchets résulte de la surconsommation, de procédés de production inadéquats et du sur-emballage des produits. La France doit repenser ses schémas de production et de consommation.

Plusieurs collectivités ont prouvé qu’il était possible de valoriser, sans incinération, 60 à 70% des déchets, rapidement et sans trop de difficultés.
Le vrai problème se pose donc pour les déchets résiduels. Or là aussi des exemples sont encourageants, notamment la Finlande qui est parvenue à réduire de 3% sa production de déchets résiduels (entre 2000 et 2001), et la Nouvelle-Zélande qui vient d’adopter une politique Zéro Déchet horizon 2020.

Tout ne serait donc qu’une question de volonté politique !

Chaque jour, des milliers de tonnes de précieuses ressources sont enterrées ou brûlées alors qu’une part importante de celles-ci pourrait être récupérée, et ces modes de traitement des déchets représentent un risque grave pour la santé des populations et pour la qualité de leur environnement.
A continuer ainsi, face à ce qui n’est pas une fatalité, nous courons deux risques : épuiser le sol de ses ressources premières et empoisonner notre environnement.

Le Comité Inter associatif des Déchets de l’Hérault (CID34), regroupant 25 associations, propose aux responsables de la gestion des déchets, des solutions incluses dans la réglementation. Il les regroupe en cinq axes prioritaires : la réduction à la source, la gestion des déchets toxiques, le compostage des putrescibles, le recyclage et le stockage des résidus restants.

Si une politique de gestion des déchets était mise en œuvre conformément aux préconisations de ce mouvement citoyen, légaliste, explicitées notamment lors des réunions en 2005, au Conseil Général (avril), à Vias (avril), à Cazouls (octobre), et en Préfecture (décembre), il ne resterait que des résidus relevant exclusivement de décharges de classe III.

Changeons nos attitudes et nos comportements

En outre, nous, consommateurs, devons progressivement et naturellement revenir au ‘’consignable”, refuser le ‘’tout plastique”, le ‘’tout jetable” (rasoirs, stylos, lingettes nettoyantes, vaisselle jetable, ….), boire l’eau du robinet, préférer les produits peu ou pas emballés (fruits et légumes au marché, produits en vrac, à la coupe…) ; après consommation, retourner les produits toxiques à leurs fabricants ; assainir le sol des produits chimiques y répandus.

Sur le fond, nous devons :

– refuser la fabrication de tous les produits, notamment chimiques, qui portent atteinte à notre salubrité et à notre qualité de vie,

– et exiger le retour de la décision à l’échelon local, parce que seule cette dimension territoriale nous assurera, dans le temps, la maîtrise des vraies solutions à nos problèmes les plus cruciaux !

Christian JOVIADO Conseiller Municipal de Vias

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